Construction du marché du travail culturel et gouvernement des inégalités.
A travers le conflit des intermittents nous suivons les modalités discursives et non discursives de la naissance d’un marché concurrentiel de la culture. Jusqu’aux années 80, une partie seulement de l’économie de ce secteur (le cinéma) obéissait í cette la logique qui s’étend désormais í sa totalité. Par le biais des enjeux du conflit, nous observons comment le chí´mage, l’emploi, le travail ne sont pas des réalités « naturelles » qui auraient une existence économique en soi et qui préexisteraient aux institutions censées les gouverner. Chí´mage, travail et emploi sont le résultat d’une construction qui s’opí¨re au croisement de dispositifs de gestion et de contrí´le de la conduite des individus (Assedic, ANPE, etc.) et d’autres dispositifs qui gí¨rent et contrí´lent « ce qui est dit » (le discours du savant, de l’expert et du journaliste tend í remplacer l’énonciation politique dans l’espace public).
Pour décrire les modalités de formation et de fonctionnement du marché du travail culturel et la construction du « chí´meur », nous allons suivre í la trace le cours de Michel Foucault, « Naissance de la bio politique ». Les concepts et les argumentations qui y sont développés, se trouvent, par un étrange concours de circonstances, au cÅ“ur du conflit des intermittents. La « reforme » du régime d’assurance-chí´mage des intermittents, est en effet le dernier volet du premier chantier de la « refondation sociale » du Medef. Franí§ois Ewald, élí¨ve et éditeur des écrits posthumes de Foucault, est - avec Denis Kessler, l’ex numéro deux du Medef - le promoteur et la caution intellectuelle du projet patronal, inspiré í l’évidence, directement et indirectement, du cours de Foucault sur le néo-libéralisme.