Suite aux grí¨ves de femmes de l’année dernií¨re et í l’énorme mobilisation féminine le jour de l’intronisation de Donald Trump [1], des assemblées se sont constituées dans de nombreux pays pour convertir la célébration du 8 mars [2] cette année en immense grí¨ve des femmes [3]. Nous invitons tou-te-s celles et ceux qui organisent des actions pour ce jour-lí í faire circuler cet appel, afin de permettre une plus grande visibilité du caractí¨re transnational de ce mouvement.
De la Pologne í l’Argentine, de la Turquie í l’Italie, un mouvement mondial de femmes est en marche. Dans plus de 20 pays, des femmes descendront dans la rue ce 8 mars et se mettront en grí¨ve pour bloquer les activités productives et reproductives pendant une journée [4]. S’inspirant des grí¨ves de femmes en Argentine et en Pologne, de l’immense manifestation italienne contre les violences faites aux femmes et de la marche mondiale des femmes qui a envahi des centaines de villes en commení§ant par Washington et Londres en janvier dernier, le 8 mars prochain sera l’occasion d’un nouveau soulí¨vement. Tout-e-s celles et ceux qui luttent contre le patriarcat néolibéral s’uniront pour combattre les violences machistes, dénoncer les limites imposées í notre droit í contrí´ler notre reproduction, et s’élever contre les obstacles symboliques et matériels qui entravent la liberté des femmes.
La grí¨ve se déroulera au sein des foyers [5], oí¹ les femmes prennent soin des personnes í¢gées et des enfants ; dans les usines, oí¹ les femmes produisent des biens í destination du marché mondial ; dans les écoles, les hí´pitaux, les services publics et les entreprises privées, oí¹ les femmes participent í la perpétuation de cette société tout en étant moins payées que les hommes – parfois míªme pas payées du tout – et en travaillant dans des conditions souvent extríªmement précaires ; dans les universités et les écoles, oí¹ rí¨gnent la discrimination sexuelle et les assignations de genre tandis que s’accroissent l’appauvrissement et la privatisation des savoirs.
Le 8 mars sera aussi un jour de lutte pour les femmes migrantes qui refusent quotidiennement l’exploitation dont elles sont victimes en franchissant les frontií¨res mais qui restent les premií¨res í assumer la charge des soins í la personne dans des pays d’« accueil » maniant l’attribution d’un permis de séjour comme un outil de chantage. Ce sera enfin un jour oí¹ pourront se manifester toutes les personnes LGBTQIA qui remettent en cause les rí´les genrés imposés par la société, ainsi que tous les hommes príªts í combattre cet ordre social qui subordonne, viole et tue les femmes tout en favorisant l’exploitation en général.
Cette année, le 8 mars ne sera pas un rituel. Cette année, il peut et doit íªtre l’occasion de montrer la puissance de la grí¨ve quand celle-ci sort des seuls lieux de travail pour gagner l’ensemble de la société, quand elle péní¨tre l’espace domestique, quand elle devient refus global des femmes contre les attaques du néolibéralisme au niveau mondial. Ce 8 mars, míªme celles et ceux qui ne peuvent légalement faire grí¨ve auront l’opportunité de montrer leur refus de l’oppression et de la précarité. Contre toutes les tentatives en cours pour affaiblir le droit de grí¨ve, soit par le biais de nouvelles législations, soit par le chantage au licenciement, les femmes et les hommes reprennent en main cet outil et s’en servent comme d’une arme dans tous les lieux oí¹ s’exercent l’oppression et l’exploitation.
Un mouvement de grí¨ve générale est en train de traverser irrésistiblement les frontií¨res séparant les lieux de travail et le reste de la société, la production et la reproduction, les pays et les régions : les récentes grí¨ves de femmes nous fournissent l’exemple le plus inspirant qui soit de ce qu’une grí¨ve transnationale peut devenir. Le 8 mars, nous ferons partie d’un soulí¨vement mondial destiné í renverser les relations de pouvoir entre sexes, relations qui affectent directement les femmes mais imposent une culture de la domination í la société toute entií¨re. Ce 8 mars, la grí¨ve des femmes permettra de dépasser l’isolement de millions de femmes luttant quotidiennement contre l’oppression et réunira toutes nos voix en un seul cri : « Si nos vies ne valent rien, produisez donc sans nous ! »