Une poignée d’entre nous s’est rendue avec Y. à l’agence Pôle emploi Breteuil, rue Miollis (15e arrondissement), le 9 septembre, pour l’accompagner après qu’elle ait été radiée, son allocation coupée depuis août, pour « absence à convocation ».
Quelques jours plus tôt, dans cette même agence, un rendez-vous collectif avait permis à B. d’alléger son suivi. Sa conseillère voulait s’assurer qu’il remplissait d’un mois sur l’autre les cases de son « tableau de bord », une invention maison, et, deux précautions valant mieux qu’une, cherchait à lui refiler une prestation « Cible emploi » (suivez la flèche).
Nous sommes mieux accueillis cette fois-ci, le gars qui s’en charge ne fait pas du tout obstruction : « Vous êtes déjà venus la semaine dernière !? ». Nous demandons la directrice. Arrive un directeur adjoint, qui va chercher une directrice, qui n’est pas celle de la semaine dernière ; Il y a pléthore de gradés ici.
Les affiches de la CIP sont toujours en place sur le panneau destiné aux associations, un droit d’affichage gagné par les mouvements de chômeurs et précaires des années 90 qu’il est encore possible d’utiliser. Ce sont ces affiches qui ont permis à Y. de passer à la permanence.
La directrice ouvre le dossier informatique et nous apprend que Y. n’a pas manqué une mais deux convocations, l’une en juin - qui lui aurait été signifiée lors de son inscription en mai -, l’autre en août - qui lui a été notifiée par un courrier qu’elle n’a pas reçu. Y. ne dispose que d’une lettre annonçant une suspension, qui fait état d’un rendez-vous manqué en août.
La directrice tient ferme quelques instants sur la radiation. Non, non, non, Pôle emploi ne serait pas tenu d’envoyer les convocations en recommandé. Sans penser à invoquer l’arrêt du Conseil d’état, nous citons de mémoire la jurisprudence de la cour administrative d’appel :
Radiation de la liste des demandeurs d’emploi. Au terme de l’article R. 311-3-5 du code du travail :
« Le délégué départemental de l’ANPE radie de la liste des demandeurs d’emploi les personnes qui : 1. refusent, sans motif légitime....d) De répondre à toute convocation de l’ANPE... » Un demandeur d’emploi, qui invoque l’absence de réception d’une convocation préalable à un entretien organisé par l’Agence nationale de l’emploi (A.N.P.E.), doit être regardé comme justifiant d’un motif légitime d’absence à cet entretien, au sens de l’article R. 311-3-5 du code du travail, et ne peut, en conséquence, être radié de la liste des demandeurs d’emploi sur le fondement de cette même disposition, dès lors que l’Agence ne rapporte pas la preuve de l’envoi d’une telle convocation.
Source : la Lettre de la Cour Administrative d’Appel de Paris, novembre 2006, 3ème chambre B, 9 Octobre 2006, N° 05PA00316
Elle refuse d’en tenir compte et nous dit que c’est faux. Lorsque Y. signale que, le jour de son inscription, un certain nombre d’éléments devaient lui être remis (dont la convocation de juin ?) et ne l’avaient pas été en raison d’une panne informatique, la directrice l’admet très volontiers.
C’est, paradoxalement, le précédent rendez-vous manqué, celui de juin, qui lui fait lâcher du lest, « exceptionnellement ». Elle lance la procédure d’inscription rétroactive au 13 août. Nous lui demandons une trace écrite, elle refuse. Nous rappelons que Y. a droit d’accéder à son dossier, qu’il suffit d’entrer la réinscription (qui doit être « envoyée » à l’Assedic/Pôle emploi-indemnisation pour devenir effective) et d’imprimer la page. Elle s’éxécute.
Mais les choses ne s’arrêtent pas là. En effet, Y. craint de ne pas parvenir à renouveler son titre de séjour si elle ne trouve pas d’emploi, et ce d’autant plus qu’elle a une sœur à charge. Nous lui conseillons de se rendre au plus vite au centre d’action sociale de son arrondissement pour y remplir une « demande d’aide exceptionnelle ». Elle dispose en effet d’une attestation de paiement Pôle emploi de septembre dont le montant est deux fois inférieur aux précédents (en raison de la radiation), ça devrait lui permettre, peut-être, d’obtenir 2 à 300 euros : Les premières demandes sont toujours plus « exceptionnelles » que les suivantes - pas la peine d’attendre la fin de ses droits au chômage.
Nous l’informons aussi qu’elle aura droit en fin d’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi), si elle la demande, à une AFD (allocation de fin de droits), d’un montant de 290 euros environ, servie une fois seulement, un genre de petite prime de licenciement du chômage indemnisé (voir Titre II, chapitre 3, article 37).
Nous ne sommes pas foutus, en revanche, de lui dire ce qui se passe avec un titre de séjour d’un an pour son éventuelle future inscription au RSA, et nous lui conseillons d’aller voir les textes, à commencer par ceux du Gisti.
Le projet de loi exigeait une condition exorbitante : « être titulaire depuis au moins cinq ans d’un titre de séjour autorisant à travailler », à quelques exceptions près : réfugiés, apatrides, titulaires d’une carte de résident (carte de 10 ans désormais de moins en moins attribuée), familles monoparentales remplissant les conditions d’attribution de l’actuelle API. En conséquence seront exclus du RSA tous les étrangers non européens qui ont un titre de séjour n’autorisant pas à travailler, mais aussi ceux qui disposent d’un tel titre depuis moins de cinq ans, et ce même s’ils sont en situation régulière depuis plus de 5 ans. » Et le texte de loi a maintenu cette condition.
Le GISTI fait grief au projet de loi généralisant le revenu de solidarité active et réformant les politiques d’insertion de définir des « conditions exorbitantes et discriminatoires à l’égard des étrangers non européens » pour le bénéfice de la nouvelle prestation. En particulier, il est reproché au texte de prévoir :
une condition de séjour préalable régulier de 5 ans avant de bénéficier du RSA, pour l’allocataire comme pour son conjoint
des règles restrictives à l’égard des enfants
Voir cette page du site du Gisti : « Le RSA, victime de la xénophobie d’État
Conditions discriminatoires durcies pour les étrangers et leurs enfants", le texte du projet de loi, une analyse du projet de loi, la saisine de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (HALDE) par le Gisti et la délibération de la Halde, qui considère que le projet de loi RSA contient plusieurs dispositions à caractère discriminatoire.
Le batailles sur les restrictions et discriminations en matière de droits sociaux liées au droit du séjour vont devoir continuer, y compris sur le plan juridique.
Pôle emploi organise l’opacité sur les droits, Pôle emploi précarise, ne restons pas seuls, construisons de nouvelles solidarités !
Voici un tract utilisable lors de chaque passage au Pôle emploi, fut-il individuel (il y a des photocopieuses sur place) :
Annulation de radiation, d’indu, ouverture de droits, tracasseries, menaces et contrôle, l’action collective permet d’obtenir des résultats :
Pôle emploi : Radiation et indû annulés par l’action collective Porte d’Auteuil
Pôle emploi Colbert à Marseille : Et hop ! Radiation et indu annulés
Pôle Emploi Pantin : « Gardez-les jusqu’à la mort, vos fiches de paye »
Indu à Pôle emploi : Occupation de la direction régionale à Toulouse
Occupation du Pôle Emploi Convention : Radiation annulée !
Plutôt CAFards que CAFteurs. Visite de la CAF Rosny par quelques CAFards de Montreuil
Police emploi Paris : 2500 euros d’indu débloqués à coups de pieds à Vicq d’azir
Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :
Permanence CAP
Accueil et informations sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle
Lundi de 15h à 18h
Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org
Permanences précarité
Lundi de 15h à 17h30.
Adressez témoignages, analyses, questions, récits d’action, infos utiles à permanenceprecarite cip-idf.org
À la coordination des intermittents et précaires
14 quai de charente, Paris 19e
M° Corentin Cariou, ligne 7
Tel 01 40 34 59 7
Rien ne sert de courir, il faut tout remettre à plat ! Chômeur(euses), précaires, entrons en résistance !
500 euros pour des précaires, étudiants, retraités et allocataires de minima
Vous ne les obtiendrez pas sans les demander
La presse vient de confirmer que cette prime, avec la quelle Sarkozy s’était fait sa pub, était un flop total : moins de 3000 précaires l’ont touché alors qu’elle en cible 250 000... Il faut en effet en connaître l’existence et en faire la demande, or la fonction de Pôle emploi et des autres institutions sociales, Caf compris, n’est pas d’informer sur les droits mais de précariser, alors ça coince. Le ministre du Budget, Éric Woerth, avait dû augmenter de 20% les fonds alloués à la prime de 200 e versée en avril dernier : plus d’éligibles que prévu ; le voilà qui plastronne dans les média : le nombre de primes de 500e versées prouve évidemment que l’ampleur des besoins des précaires et la précarité elle-même sont moins importantes que ce que l’on croit. CQFD...
500 euros cela représente quand même un demi SMIC. Il n’y a pas de raison de ne pas aller les chercher. Il n’est pas nécessaire d’être inscrit à Pole emploi, même si c’est là que s’obtient le formulaire et se fait la demande.
En gros, il faut ne pas être indemnisé par Pôle emploi (c’est le cas de la moitié des chômeurs, dont 400 000 ont moins de 25 ans), avoir été employé entre 305 et 610 h dans les 28 mois précédent une fin de cdd intervenue depuis avril dernier, y compris les étudiants et les retraités peuvent y avoir accès.
Le mode d’emploi de cette prime
Alors, parlez-en autour de vous aux éventuels concernés, c’est pas tous les jours qu’on offre un tuyau à 500e, et en option, le plaisir de cogner sur la machine à précariser qu’est Pôle emploi.
Et, pendant que vous passez à Pôle emploi, autant y diffuser de l’info, partagez. Vous trouverez avez le mode d’emploi ci-dessus deux propositions de tracts, l’un sur cette prime, l’autre contre Pôle emploi (Mépris et radiations, bienvenue à Pôle emploi).
Les mouvements de chômeurs et précaires des années 90 avaient gagné le droit à un panneau d’affichage dans les ANPE. C’est le moment d’utiliser ceux du Pôle. Une demande, un coup de pression sur la direction et l’info devient plus accessible pour les précaires, sur les droits, sur la possibilité d’agir ensemble, de ne pas baisser la tête.