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Compte-rendu de l’agora du 3 janvier 2004 à Rome

Publié, le dimanche 1er février 2004 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : mardi 3 février 2004


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Compte rendu synthétique :

Agora du samedi 3 janvier 2004

Rome, centre social « Strike »

Etaient présents :

Des collectifs d’Intermittents et Précaires de France
(Orléans, Toulouse, Montpellier, Clermont-Ferrand, Nantes, Paris et Ile-de-France)

Des mouvements étudiants et collectifs indépendants italiens :
Strike spa
(Centro Sociale), Sapienza Pirata (Laboratorio universitario per l’autoformazione e l’accesso alla cultura), Action (network di occupazione di case : studenti, precari, migranti, ...), Movimento dei Disobbedienti (network per il reddito e I diritti di citta dinanza (centri sociali, studenti, precari, mediattivisti,...) ), Triangolo Scaleno (compagnia teatrale), Acrobax (centro sociale), Infoxoa (rivista di movimento), Sindacati di Base, Precari della ricerca, Precari della scuola, RAP (Rete anti precarieta), Posse (Rivista anti precarieta), Margine Operativo (collectivo teatrale-video), La Torre (centro Sociale).

Deux élus de la mairie de Rome :
M. Salvatore Bonadonna,
conseiller régional de l’Ile de Rome, communiste réformateur.
M. Luigi Nieri,
adjoint au travail et des affaires de banlieue de Rome.

Salvatore Bonadonna - Le mouvement des Intermittents et Précaires est un exemple d’avancée d’une lutte contre la précarisation du monde du travail et d’une manière plus générale contre le processus de globalisation libérale. Ce processus est d’autant plus dramatique qu’il est en train de niveler les acquis sociaux en Europe sur la base du modèle nord-américain.

La Constitution Européenne traduit ce phénomène puisqu’il n’y est fait mention que de libertés sans prendre en compte les droits sociaux. Comme s’il pouvait y avoir de l’égalité sans avoir en même temps les libertés et les droits sociaux !

Nous participons pour cela aux forums sociaux au niveau italien qui s’inscrivent dans le mouvement des forums sociaux au niveau mondial. Le ‘New York Times’ désigne le mouvement des précaires et chômeurs comme la deuxième puissance mondiale. Ce mouvement doit s’étendre et développer des droits collectifs dans un contexte de paix ; il est l’expression d’une lutte démocratique.

Chers camarades, je vous souhaite beaucoup de courage pour cette lutte, beaucoup d’unité et aussi beaucoup de fantaisie et d’imagination.

Quand j’avais votre âge on disait : « l’imagination au pouvoir ! ». Aujourd’hui je souhaite qu’il y ait bien sûr beaucoup d’imagination dans la lutte, mais aussi quelque chose de concret que l’on soit capable de mettre au pouvoir. Bonne chance !

Pierre
, comédien – Notre mouvement revendique l’abrogation du protocole signé le 13 novembre 2003 par les partenaires sociaux minoritaires, ainsi que l’ouverture de nouvelles négociations avec l’ensemble des concernés. Je vous remercie de votre présence et d’avoir accepté d’organiser ce forum qui devait se tenir initialement à la Villa Médicis...

Pendant l’occupation de la Villa, nous avons organisé une agora avec les pensionnaires présents. Cet échange a été fructueux, car il nous a permis d’exposer la nature de notre lutte, de démontrer son utilité et tout ce qu’elle a permis d’accomplir. Les pensionnaires remettaient en cause l’utilité de nos 6 mois de lutte, dans la mesure où le protocole venait d’être appliqué la veille, le 31 décembre 2003.

Pour leur répondre, nous avons retracé l’historique du mouvement, le déroulement et l’évolution de nos actions et revendications. Il s’agissait d’abord d’analyser et de comprendre le contenu du protocole, de l’expliquer aux intermittents et aux syndicats, et d’en montrer la gravité pour les professionnels du spectacle. Nous voulions informer et transmettre les dangers de cette réforme plus largement, à nos professions et au public. Aussi, nous avons multiplié les interventions dans des festivals, les rassemblements, les manifestations (interruption de programmes télévisés, etc.), les actions de blocage avec auto réductions.

Ce travail d’analyse, de réflexion et de transmission nous a fait prendre conscience que notre mouvement s’inscrit dans un contexte plus large que celui de notre corporation : désormais, il est indissociable d’une transversalité des luttes dans une perspective européenne marquée par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). C’est l’une des raisons de notre présence à la Villa Médicis.

Franck - Si le gouvernement n’a pas appliqué certaines réformes -comme celle de la Sécurité Sociale prévue à la rentrée-, notre lutte et celle des enseignants y sont certainement pour quelque chose.

Pierre - Dans la continuité de nos actions, le festival du court-métrage de Clermont-Ferrand qui se tient du 30 janvier au 7 février 2004 invite la Coordination Nationale des Intermittents et Précaires à y participer sous la forme de forums et d’interventions.
Rappelons que cette ville est le fief de Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, responsable de l’élaboration du texte de la Constitution Européenne. Il serait aussi opportun qu’une délégation italienne nous y rejoigne.

Juliette – Je voudrais souligner le refus des responsables politiques de dialoguer avec nous, le refus de nous accorder un débat contradictoire à la télévision à une heure de grande écoute.
Les ordres que M. Aillagon et M. Chirac donnent afin qu’on ne puisse pas parler à des responsables du gouvernement, à des responsables d’institutions révèlent la volonté politique de passer sous silence la précarisation toujours plus importante des travailleurs.

Ce que l’on défend, c’est un moyen pour les travailleurs précaires d’avoir un revenu continu qui leur permettrait de survivre, réfléchir, créer en dehors de l’assujettissement à un emploi.

Luigi Nieri - L’adjoint à la culture de Rome et moi-même avons tenu à faire un communiqué de soutien rappelant les relations privilégiées et culturelles qu’entretiennent Rome et Paris. En effet, il existe entre elles un rapport de jumelage préférentiel et exclusif. Les raisons qui vous ont amené à occuper la Villa Médicis sont capitales et nous concernent tous.

Pour compléter ce que M. Bonadonna disait concernant l’importance de votre lutte, vous soulevez des questions essentielles sur les conditions du travail qui n’apparaissent qu’en termes de profit, de marché, de flexibilité et d’entreprise dans la Constitution Européenne.
Ces ‘formules magiques’ permettent de masquer d’autres conceptions à caractère social, jugées obsolètes, de la réalité du travail alors que précarité et précarisation du travail sont plus que jamais d’actualité.

Lors d’un entretien, trois adjoints au travail de la province de Rome et moi avons évoqué le cas d’une entreprise de sous-traitance pour Télécom, Atesia, qui emploie 6000 (six mille) personnes dans des conditions de déréglementations particulières. Pour y faire face nous avons mis en place un observatoire, et nous nous sommes questionnés sur les droits et le cadre des protections sociales à opposer à ces nouvelles formes de travail. Par rapport à cette accumulation de réformes il est nécessaire selon moi d’instaurer un revenu pour tous en cas de perte d’emploi.

Au-delà de cette problématique il faut considérer la baisse du pouvoir d’achat du travailleur en Italie. Cheminots et conducteurs de bus ont fait grève pour réclamer une augmentation de salaire accordée par la direction deux ans plus tôt, sans qu’elle n’ait jamais été attribuée. Ils ont maintenu leur mobilisation en dépit d’une loi gouvernementale les obligeant à assurer un service public minimum. Ils n’ont obtenu qu’une partie de leurs revendications et le conflit continue actuellement.

Que le gouvernement français remette en cause ces acquis sociaux nous interroge d’autant qu’en Italie nous ne possédons pas de système d’allocations.

Pour mettre en place de nouveaux moyens, nous devons dégager les deux composantes qui articulent la réalité sociale en Italie et en Europe : d’une part une politique néo-libérale, d’autre part des mouvements sociaux contestataires qui trouvent leur expression à un niveau national – grèves des transports – et à un niveau plus large de Seattle à Saint-Denis.

Et comme vous l’avez fait avec les pensionnaires de la Villa Médicis, il nous incombe de faire comprendre à l’opinion publique que la Constitution Européenne doit nécessairement prendre en compte les droits sociaux.

Pour continuer la lutte, il est important et urgent de reconnaître l’émergence de ces mouvements, de faire en sorte qu’ils se rejoignent dans leurs revendications en privilégiant la raison, l’imagination, la créativité que votre lutte incarne.

Bonne chance pour votre lutte qui est aussi un peu la nôtre !

Francesco, étudiant italien qui a participé au FSE de Saint-Denis et à l’action de France2 – A notre retour de Saint-Denis, nous avons organisé des débats sur votre lutte pour informer le public italien. A la suite de quoi il a été prévu un blocage de tournage par les employés d’une entreprise de production cinématographique de Venise.

Aujourd’hui, l’occupation de la Villa Médicis offre la possibilité de redynamiser les liens existant entre le monde politique et les mouvements contestataires pour la défense et l’amplification d’une culture sociale.

Juliana - Cette forme d’élargissement des luttes au niveau européen permet d’imaginer une nouvelle forme d’Europe et des luttes renforcées par des idées, des actions et des propositions concrètes. L’élargissement au niveau européen permet aux luttes de se renforcer mutuellement à partir de propositions et d’actions concrètes. Si les luttes se rencontrent, partagent leurs expériences, cela permet d’imaginer une nouvelle forme d’Europe.

M. Salvatore Bonadonna - Lors de la Biennale d’Art de Venise (68/69), acteurs, artistes, comédiens et intellectuels ont déclenché un mouvement fort au niveau européen. A l’inauguration de Gênes 2004, capitale européenne de la culture, il reviendra aux mouvements sociaux d’être présents et d’initier une réflexion sur les droits individuels et sur la culture, notamment par rapport à l’impérialisme culturel américain.

Lorenzo - Je rappelle combien Gênes est une ville symbolique dans les actions menées par les mouvements sociaux (cf. sommet du G8, juillet 2001). Je propose que San Remo soit l’occasion d’une nouvelle surprise lors de son festival de la chanson.

Et il me semble important de dire que nous ne sommes pas du tout satisfaits de l’attitude de la Mairie de Rome : lors de la grève dans les transports, la Mairie a adressé une lettre pour tranquilliser les usagers, en négligeant les revendications justifiées des salariés. Nous appelons d’ailleurs à une nouvelle mobilisation pour l’amélioration des conditions de travail, et une tarification spéciale ou gratuité des billets pour les étudiants, chômeurs et précaires.
En plus, le billet est passé à 1 euro...

Luigi Nieri
- Oui mais à Paris, il est à 1,30 euros !

Lorenzo
- Oui mais à Paris, le réseau est plus important (rires)

Christian
(laboratoire Acrobax) - Quelle que soit l’entreprise, transport ou télécommunication, la question fondamentale reste celle de la ‘centralité’ du travail :
Comment sortir de la ‘centralité’ du travail dans le sens de la coercition à laquelle on est obligé pour survivre ? Quelle vie en dehors du travail ? Comment obtenir un revenu qui nous permette de vivre avec dignité sans avoir à accepter n’importe quelles conditions ?

Daniela – Je voudrais remercier tous les amis qui nous ont accueilli ici en Italie : nous avons eu un accueil formidable ; la réponse que vous nous avez donnée, ce que la presse a fait pour nous, la manière dont ils ont retranscrit nos revendications est exceptionnel.

Pause

Alberto, étudiant, a participé à l’occupation de la Villa Médicis – Pour moi, la grande capacité des luttes, c’est leur circulation au-delà des frontières et des spécificités. Le mouvement des mouvements trouve son origine à Seattle, lorsque les habitants ont bloqué le projet de centrale nucléaire. Ici à Rome, les travailleurs des transports ont organisé une grève ; depuis, ils projettent de former une coordination nationale en dehors des institutions syndicales.
Un des buts de cette assemblée est de rédiger un texte ou un appel pour une lutte commune et de commencer la discussion sur les points que nous avons en commun et sur nos objectifs concrets. Je ferai 2 remarques :

- Le statut de l’intermittence permet de supprimer les différences entre les périodes de travail et de non travail en maintenant un revenu continu, il ne s’agit en aucun cas d’une ‘assistance pour pauvre’. En Italie nous n’avons que des droits familiaux, nous voulons des droits pour la personne !

- Ces droits doivent être inconditionnels, c’est-à-dire non conditionnés par les périodes d’emploi. L’intermittence est un paradigme exemplaire car il s’articule sur des périodes de travail, de non travail et de formation.

Nous devons mener les luttes sur tous les plans : local, communal, régional, national et européen.

Tamara, comédienne de la compagnie « Triangolo Scaleno », active au sein du « Strike » - Je veux témoigner ma solidarité aux coordinations d’intermittents. L’inauguration de Gênes, capitale européenne de la culture est importante pour les artistes car en Italie les travailleurs du spectacle ne sont pas reconnus comme une catégorie professionnelle. Il existe théoriquement un système d’allocations pour les artistes, mais il est très difficile à obtenir et ne concerne que les personnes qui travaillent le plus. La plupart du temps, ils associent à leurs pratiques artistiques des emplois alimentaires. Nous ne revendiquons pas une ascension professionnelle mais la possibilité d’exercer nos disciplines dans des conditions décentes.

Il serait aberrant pour nous de revendiquer des droits sociaux qui ne concernerait que le monde du spectacle, votre lutte a le mérite de concilier à la fois le monde du spectacle et les droits sociaux pour tous. Pour nous, Gênes est certainement le lieu propice pour débattre du statut de l’intermittence et du mode d’indemnisation des périodes de non emploi.

L’occupation du centre social « Strike » est importante car elle permet une ouverture vers d’autres catégories de personnes. Enrichis de ces expériences avec des acteurs multiples nous retournerons occuper les théâtres.

Je vous salue et je suis pleine d’espoirs pour les rendez-vous de Gênes !

Juliette – Nous avons rencontré une chorégraphe, Carlota Sagna, représentative au niveau international de la création en danse contemporaine. Artiste plus institutionnelle, elle a néanmoins refusé des subventions italiennes, et elle semble prête à prendre la parole au nom des intermittents, avant le spectacle de Rodrigo Garzia. Il serait intéressant de créer des réseaux polymorphes.

Joris – Le pensionnaire qui nous a soutenu à la Villa Médicis, Stéphane, est en négociation avec les responsables de l’ambassade française et M. Peduzzi pour que notre retour soit payé par les autorités françaises ; M. Peduzzi ne voulant toujours rien savoir. Je rappelle que ce forum aurait dû se tenir à la Villa ; nous sommes nombreux et une nouvelle occupation est encore possible ! Le choix de cette action montre combien nous sommes déterminés à faire entendre notre parole.

Sandra – Je voudrais réagir aux propos d’Alberto concernant la précarité de l’emploi : si dans le cadre de l’intermittence la précarité de l’emploi peut sembler positive, dans le monde du travail, elle peut avoir des conséquences néfastes et finalement servir les intérêts du capitalisme. La précarité institutionnalisée peut devenir un outil à la disposition du capital, du libéralisme.

Je crains que nos revendications ne soient détournées au profit de la flexibilité et de la rentabilité. Nous risquons d’assister au développement du travail intérimaire, des bas salaires subventionnés par le public. Les employeurs vont continuer à précariser certains emplois.

Je crains cette légalisation voulue par ces revendications. Il faut veiller à ce que la logique libérale ne reprennent pas nos revendications pour développer les formes de travail intérimaire avec un salaire minimal compensé par la solidarité interprofessionnelle.

Steven – Pour répondre aux craintes de Sandra, je veux dire que si la flexibilité est maîtrisée, articulée autour des droits sociaux, il n’y a pas de risque qu’elle soit détournée par le libéralisme. Le travail discontinu ne doit pas être l’apanage des intermittents. Du temps libre pour tous !

Juliette
– Les choses ne sont pas si tranchées, d’un côté les artistes puis les autres, on peut s’intéresser à la plomberie si l’on est artiste, à l’art si on est plombier. Cessons les clivages !

Caroline – Je voudrais mettre l’accent sur le choix des mots, les nuances à faire entre travail, emploi, revenu, indemnisation. Il est important pour tisser des liens d’avoir un vocabulaire, des notions communes. Il faut distinguer les concepts travail et emploi.

Lorenzo – En Italie, nous faisons la distinction entre activité de travail.

Caroline – Pour étayer mon propos je dirai que je suis comédienne, je travaille 2 mois non rémunérés à la préparation d’un spectacle, seules les représentations sont payées. Pourtant mon travail est quotidien.

Laurent – Non je ne passe pas mon tour ! Je propose un détour !
Même si je suis souvent fatigué, j’ai du mal à croire au non-travail. Durant l’occupation de la Villa et la garde à vue qui a suivi, nous nous sommes retrouvés en situation d’enfermement dans un rapport très tendu à l’espace que l’on peut déplacer sur la question du temps : le temps de l’emploi et la liberté que l’on prend avec ce temps sur le temps.
La liberté que l’on peut gagner sur le temps contrôlé par le capital dans le salariat. C’est ce que les italiens nous racontent en partie depuis tout à l’heure et qui rejoint notre expérience depuis au moins le 26 juin.
Cette liberté, ce n’est pas un mot, c’est un rapport de force matériel, c’est du pouvoir, c’est du savoir. Cette liberté dans le temps et dans l’espace, c’est du pouvoir et du savoir collectif et c’est à cela que nous travaillons.

Je veux rappeler un mot italien que j’aime c’est le mot « pouvoir », en hommage à une vieille Italie des années 70 : le pouvoir ouvrier, c’est de ça dont on continue à parler aujourd’hui, 30 ans après sous d’autres formes. Et j’espère qu’on aura l’occasion d’en reparler.
Cet après-coup est justement très français, c’est l’histoire de ‘Jacques a dit’ : l’intelligence nous vient après, comme un remords, comme un manque par rapport au présent vécu. On a oublié le savoir au présent, comme lors de la garde à vue où l’on s’est laissé aller à parler pendant des heures devant un flic qui comprenait parfaitement le français.

L’un des points importants abordés par les Elus, c’est celui de la Constitution Européenne. Pour moi, la coordination est une institution instituante. Une institution qui chaque jour meurt, chaque jour revit si elle le peut, chaque jour meurt avec toute l’angoisse, toute la souffrance qu’il y a dans cette mort de tous les jours. Nos institutions doivent porter la vie contre la Constitution Européenne qui porte la mort.

J’ai fait des détours sur ce rapport au temps, sur mon enfance, la nôtre à tous. Je connais le socialisme en France depuis 1981, j’avais alors 20 ans. Ce libéralisme, les camarades italiens en ont parlé trop vite. Il est déjà là, contre nous. Contre nous, enfants de 68. Il est déjà là comme contre-révolution dès les années 70. Il est déjà là comme socialisme français des années 70-80, dans l’alternance politique institutionnelle française.
L’après-coup, au moment même de l’intelligence qu’on retrouve, fait alors souffrir de ce que l’on a manqué du présent.

Et il y a le déjà-là du libéralisme. Il est même déjà derrière nous, il a été aussi socialiste, c’est pour ça que je parlerais de Schröder et Jospin. Il est là lorsqu’on lit dans la presse les réactions de la gauche socialiste à propos des vœux de M. Chirac concernant la grande mobilisation pour l’emploi, « pourquoi M. Chirac ne parle-t-il pas des exclus de l’assurance chômage au 1er janvier ? ».

On est truandé par la haute-bourgeoisie, la bureaucratie mondiale, parce que ce sont les socialistes qui l’ont mis en place, le PARE c’est Jospin. L’obligation du travail c’est le socialisme depuis 1921. L’obligation du travail c’est Trotsky, l’organisation militaire de la production c’est le communisme de guerre et nous n’y sommes pas favorables.

Il faut revenir à nos racines à nous, pas celles de l’ennemi, et on doit s’en passer vite, vite, vite et maintenant !

Lorenzo – Le 1er janvier 2004, l’anniversaire de l’insurrection Zapatiste, je me suis réveillé avec la 1ère lutte européenne. C’est important de commencer l’année sur ce débat, car c’est un vieux débat en Italie. Ce type de lutte a une centralité qui va permettre d’ouvrir un front de luttes en Europe. L’intermittence nous enseigne le paradigme du travail non reconnu comme travail, travail non productif.

Pour rebondir sur les interventions de Sandra et de Tamara, nous avons essayé de développer nos revendications sur le travail à l’université : les études devraient être un travail rémunéré.
Nous avons 2 axes de lutte :

- La Garantie d’un revenu maximum pour tous.

- Culture et savoir en tant que production collective doivent être communs et accessibles à tous.

Même si le protocole est entré en application, il s’agit d’élargir la connaissance du nouveau modèle à toute l’Europe. Désormais toutes nos actions, nos interventions doivent s’articuler autour des revendications suivantes :

- Abrogation du protocole

- Proposition du nouveau modèle
Au-delà des rendez-vous de Gênes, il faut délocaliser les forums sur des objectifs communs.
La force de la Villa Médicis est que nous avons été ensemble, il faut continuer !

Juliette – Comment articulez-vous l’idée du revenu minimum garanti dans le cas des travailleurs, notamment les travailleurs du transport que vous avez soutenus ?

Lorenzo – Je n’ai pas de réponse toute faite, nous l’inventons jour après jour. Par contre, dans l’édition romaine du « Courrier de la Sierra », une image symbolique était parue en 1ère page avec le texte « Revenu pour tous ». Cette photo a occasionné des affrontements entre syndicats et grévistes. Nos revendications pourraient s’articuler sur la gratuité des transports pour les précaires, sans nuire à la qualité des services proposés. Il faut cependant relativiser : les grèves dans le transport sont récentes et la mobilisation n’est pas encore très massive. En Italie, il n’y a ni SMIC, ni chômage, ni intermittence. Nous essayons de faire converger nos revendications à l’accès au logement et au transport avec un revenu garanti pour tous.

Sandra – Nos revendications appliquées par un gouvernement bourgeois, ça devient les 35 heures. Nous avons à apprendre de l’expérience d’autogestion en Italie. Je ne suis pas là pour demander à un gouvernement bourgeois de prendre en compte les demandes des travailleurs. Nous devons faire pression sur l’Union Européenne, sinon l’AGCS détruira les services publics. Nous devons nous réapproprier le pouvoir !

Fred – La politique culturelle et la politique sociale appartiennent à une même politique. Clermont-Ferrand, festival mondial du court-métrage est l’occasion d’avoir un débat contradictoire. Les forums à Clermont-Ferrand et Gênes nous donnent la possibilité de matérialiser le ‘nous’ que nous sommes en train de fabriquer.

Juliette – Je suis très contente de la discussion. S’il y a coïncidence de dates entre Clermont et Gênes, nous pourrions mettre en place ensemble des groupes de travail, notamment sur le nouveau modèle et le revenu maximum pour tous.

Francesco – Je rejoins la proposition de Juliette de mettre en commun notre lutte avec le nouveau modèle de la Coordination Nationale. Il est intéressant de lier transport gratuit avec précarité. Il s’agit moins de solidarité que de droits. Mettons en commun nos réflexions sur les notions du travail et du non travail, sur les notions de qualité du travail et de productivité. Les actions que nous avons menées ensemble comme celles de la gratuité dans les transports lors du FSE ou la télévision (France2), doivent être réitérées. Il serait important avant de se séparer de jeter les bases d’un texte et d’un calendrier collectifs.

Nicolas – Les revendications du le nouveau modèle sont formidables ; pourrait-on imaginer de rédiger une Constitution Européenne ? Ainsi, il ne s’agirait pas d’une revendication sous forme de slogans, mais sous forme de proposition de textes de loi.
Concernant notre participation au festival du court-métrage de Clermont, pourquoi ne pas songer à une post occupation de la ville, comme cela a été le cas à Châlons cet été ?

Franck
– Nous avons appris que Rome et Paris sont très liées, alors pourquoi ne pas profiter de ce jumelage pour exercer une pression plus forte et impliquer les élus ? Les élections régionales sont proches ! En terme de stratégie ils nous soutiennent, mais qu’ils le prouvent !

Daniel
– Pensons à varier les modes d’actions, par exemple les actions anti-pub qui permettent à plus de gens de s’impliquer dans la lutte.

Juliette
– Gênes pourrait être l’occasion de réfléchir à une Coordination Européenne, sur les bases du nouveau modèle et du revenu maximum garanti pour tous.

Fred – Pour moi, Gênes 2004 est un mauvais symbole, il ne faut pas respecter ce calendrier : j’ai peur qu’on ne légitime cette inauguration.

Kamel
– Sauf si on fout le bordel !


Nous remercions Stéphane, pensionnaire de la Villa Médicis, pour son soutien et sa solidarité par devers les pressions et l’adversité.



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Compte-rendu synthétique, 9 pages, format .pdf

Taille : 181.4 ko
Mise en ligne le : 1er février 2004



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