Mercredi 11, 19 H à la CIP
Réunion du groupe écoles : rencontre entre intermittents, chercheurs, enseignants, intermittents, précaires.
Remarque : présence à cette réunion de convergence de plusieurs intermittents qui n’étaient jamais venu à la CIP (comme quoi la convergence des luttes pas forcément démobilisatrice + besoin de débats de fond).
Par contre seulement 1 instit (AG en même temps) + 1 journaliste (scientifique : Archimède), (+revues Multitudes et Chimères)
Rappel : plusieurs textes ou pétitions concernant la recherche ont circulé récemment :
« Sauvons la recherche », pétition « stratégique » (parle d’excellence française, de progrès, ...) issue de la recherche institutionnel, défendant la recherche publique et demandant le paiement des sommes dues aux institutions scientifiques, la création de postes pour les jeunes chercheurs, et la tenue d’Assises nationale de la recherche. Plus de 45 000 signatures.
« Chercheurs et intermittents doivent converger », appel à la convergence au nom de la défense des métiers de créativité, issu de doctorants de Cochin, proches des auteurs de « Sauvons la recherche » et d’Arnaud Montebourg
« Ouvrons la recherche », texte demandant la libération de josé Bové, qui, contrairement à « sauvons », pose la question du public, demandant « une véritable ouverture de la recherche à la société ».
« Appel contre la guerre à l’intelligence », pétition à paraître dans les Inrockuptibles qui veut « interpeller collectivement nos concitoyens sur ce démentellement des forces vives de l’intelligence »
La Une du Télérama de cette semaine : « le prof, l’intermittent, l’artiste : les nouveaux parias ? », dossier qui dénonce en 3 portraits insignificatifs le « déclassement » de nos intellectuels
Pour cette première rencontre avec les chercheurs en lutte, les débats n’ont pas porté sur l’organisation d’un évènement ( forum/débat, action...) mais se sont orientés, après un tour de présentation, sur une description des différentes pratiques de recherche et de ce qui les rapprochaient de celle des intermittents.
Si tous les « chercheurs » présents à cette réunion ne représentaient pas tous les collectifs (auteur de « Chercheurs et intermittents doivent converger » mais personne vraiment du réseau de l’enseignement supérieur RES ou de « Sauvons la recherche »), les différentes situations de la recherche étaient représentées à cette réunion.
Nous avons distingué 3 types de chercheurs :
les chercheurs statutaires, travaillant pour une institution scientifique (CNRS, INSERM, INRA). Un « milieu de notables conservateurs » bénéficiant d’une grande liberté grace à une garantie de revenu quasiment à vie. Peu de contrôle de leur recherche. A l’origine de la pétition "Sauvons la recherche »
les enseignants-chercheurs, partageant leur temps entre recherche et enseignement, et pouvant gérer sans contrôle leur temps de recherche en échange de l’obligation de faire 192h devant un public d’étudiants. La réforme Belloc s’attaque à cette liberté, notamment en soumettant leur recherche à des formes de contrôle et en instaurant des « punitions » correspondant à une augmentation des heures de cours à donner !
Se pose à nouveau le problème du contrôle du bien commun, ici la recherche et le savoir scientifique, sans doute à redéfinir.
les chercheurs sans statut, en train de ses constituer en collectif (qui se nommera soit « chercheurs précaires », soit « chercheurs intermittents », soit « chercheurs sans statut ») Comme leur nom l’indique, ils n’ont aucun statut fixe mais ne cessent de passer de l’emploi par des institutions publiques ou privées aux ASSEDIC ou au RMI. Ils s’opposent au texte « Sauvons la recherche » qui ne prend pas en compte la précarité des chercheurs (précarité constitutive, non accidentelle : il faut au moins 20 ans de précariat, du DEUG au post-doc, avant de prétendre au moindre statut).
Les revendications actuelles des chercheurs (celles de « Sauvons... » : paiement des sommes dues, création de quelques postes) seraient satisfaites avec une faible augmentation des budgets (quelques dizaines de millions d’euros). Mais ON admet dans les couloirs que l’emploi public va de toutes façons baisser : l’offre de poste se réduit, problème qui se pose surtout pour les suivants (retraités non remplacés). D’où la défense d’un statut du chercheur assurant la sécurité de son emploi (« sauvons notre statut »)
Or cette défense de statut passe par la professionnalisation et la survivance de qq pôles d’excellence, alors que la précarisation ne cesse de croître.
La première préoccupation des chercheurs hors statut est à l’inverse de revendiquer une continuité de droit et de revenu même hors statut, avant de chercher à définir la science. Un combat pour des droits collectifs et la libre fabrique du bien commun.
Mais surtout comme chez les intermittents du spectacle, les situations se mélangent, les chercheurs passant de + en + au cours de leur vie du statut au précariat, de l’intermittence à l’université au RMI.
Ce qu’ont en commun chercheurs et intermittents va au-delà du travail intellectuel mis en avant par Télérama et les Inrock : ce sont des formes d’existences. Et les réformes qui les touchent sont du domaine du contrôle de leur temps, mais aussi de leurs fabriques. Il ne s’agit donc pas, pour les intermittents comme pour les chercheurs, de défendre un statut, mais de revendiquer la possibilité de la créativité, du choix de ses formes de vie, du préférer ne pas.
Ce qui passe par une continuité de revenu permettant une certaine autogestion du temps, mais aussi par une certaine disponibilité d’accès vis-à-vis des outils (aspect que les coordinations d’intermittents ont pour le moment un peu négligé ?)
Bien commun, choix des formes de vie, temps dégagé de l’emploi, ce n’est plus une convergence, c’est une ...
La réunion de ce mercredi 18 à 19H devrait entamer la rédaction d’un texte commun (pour les Césars ? ; le KO social ?), l’organisation d’actions communes, et peut-être le début d’auto-enquètes croisées.