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Chercheurs et intermittents doivent converger

Publié, le jeudi 19 février 2004 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : jeudi 19 février 2004


Chercheurs et intermittents doivent converger.

À l’heure où le mouvement des chercheurs prend une ampleur insoupçonnée, ses résonances font écho à un autre mouvement inédit et inventif, que personne n’avait vu ou voulu voir venir et qui a aiguillonné le pays pendant un an, celui des intermittents du spectacle. Deux univers distincts, la rigueur des chercheurs et la créativité des intermittents ? On pourrait le croire, à n’y trop regarder de près. Car, en fait, bien évidemment, les similitudes ne manquent pas. Comme vous, nous avons longtemps pensé que nos combats, quelle que soit la haute idée que nous nous en faisions, ne bouleverseraient pas une société complaisamment décrite comme apathique. Qu’ils n’effraieraient pas ce gouvernement effrayant et anxiogène. Tout au plus, un signe discret pouvait être envoyé, une main sur le coeur, un soutien de principe (comment déclarer ouvertement que les artistes ou les chercheurs sont inutiles ?) , mais il ne fallait rien espérer de plus et nos actions prenaient souvent la forme de barouds d’honneur auquel peut être nous même ne voulions pas croire totalement, à force de ployer sous un mépris d’en haut autiste à tout ce qui n’est pas sécuritaire ou productif.

Comme vous, le gouvernement nous demande de nous vendre au profit, remplaçant la recherche créative fondamentale par l’application directe de thématiques déjà financièrement éprouvées, remplaçant les créations indépendantes par le rentable TF1. Comme vous, le temps qui nous est nécessaire à produire notre travail est long, et s’oppose frontalement, même si discrètement, à la furie du libéralisme bien mal digéré de l’équipe au pouvoir. Ce temps long est en soit une résistance. Votre liberté de création est la vigie de nos libertés individuelles, notre liberté de recherche est un questionnement permanent de l’éthique de nos sociétés.

Mais le vent tourne. Les citoyens de ce pays signent en masse la pétition des chercheurs, ils comprennent bien que le discours gouvernemental, réduit à un pathétique appel au renfort du privé, est inepte. Ce sont certainement ces mêmes femmes et hommes qui n’ont cessé, l’an dernier de ressentir comme une blessure l’agression qui vous a été faite, la brutalité qui l’a accompagnée. Ce sont certainement les mêmes qui ressentent confusément qu’on réduit progressivement ce pays à peau de chagrin, au mépris de tout honneur démocratique, puisque les budgets votés par nos représentants élus, sont gelés d’un trait de plume par des décrets autoritaires. Vous et nous sommes le laboratoire d’essai sur lequel le gouvernement se fait la main, en nous épuisant, en mentant éhontément sur la réalité de nos vies et sur les conséquences de leur politique prédatrice. Et s’il se cassait les dents sur les grains de sable que nous sommes ? Et si nous étions ceux qui trouvions les mots et les modes d’actions pour sortir notre pays de son supposé engourdissement ?

Évidemment, converger n’est pas simple. Il faudra trouver les mots pour se parler, dégager des pistes communes, mais quel défi, quelle aventure si nous y parvenons ! Nous avons dans les mains la possibilité d’un mouvement totalement impensable il y a peu, les bases d’une mobilisation qui, par ce qu’elle est surprenante, pourrait faire jaillir comme jamais les questions fondamentales pour une société : pourquoi vivons nous ensemble ? Quels sont nos projets collectifs ? qu’est ce qui fait que nous ne sommes pas qu’une collection d’individus, voire de consommateurs, mais des femmes et des hommes libres de repousser les limites de la fatalité économique à laquelle on voudrait nous soumettre ?

Voilà pourquoi nous vous appelons a la convergence. La recherche, toute la recherche, toute disciplines confondues, toutes structures confondues et les intermittents. Non pour en exclure les autres mouvements sociaux, mais pour prouver que si des univers aussi dissemblables que les nôtres sont capables de s’entendre, alors tout est à espérer. Espérer convaincre que nos métiers, rendus possibles dans des sociétés riches, en sont justement un trésor, la garantie de liberté pour tous. Qu’ils fonctionnent sur une économie particulière où celui qui donne ne s’appauvrit pas aux dépens de celui qui reçoit, et qu’en cela, ils sont une entorse permanente à l’ordre économique ambiant qui voudrait placer sous coupe réglée tous les pans de la société. Que nous, si souvent petites mains mais si souvent taxées d’élitisme, sommes la preuve qu’il n’y a pas de France d’en haut ou d’en bas, mais seulement des esprits bien déterminés qu’on voudrait ranger dans ces cases pour mieux nous caricaturer et mieux nous soumettre. Que nous sommes à la disposition de la société pour l’aider à comprendre le monde et s’y sentir bien, lui fournir des raisons d’espérer quand d’autres ne cessent de lui faire peur. Qu’il est faux de dire que le changement nous fait peur, que nous serions des archaïques indécrottables rétifs à toutes les évolutions, mais qu’au contraire, c’est le changement pour le changement qui est stupide et que tout l’intérêt est de savoir vers où l’on veut nous emmener.

Rencontrons nous, venez dans nos labos, sur nos terrains, et accueillez nous dans vos ateliers et vos salles, en un mot surprenons ceux qui nous croient si prévisibles !

Car une fenêtre de tir s’ouvre. Les élections arrivent. Prenons au mot les participants au concours de beauté qui s’annonce, unis, nous serons plus fort pour casser le ronron lénifiant qui se prépare, la panoplie usée jusqu’à la corde, des débats choisis en haut lieu, des polémiques pour faire diversion, des positionnements attendus et des réponses toutes aussi conventionnelles. L’enjeu, c’est de contrarier ces petits plannings et contraindre ceux qui aspirent à nous représenter à se positionner par rapport à ce que nous sommes et à ce que nous représentons. Que nous sachions et fassions savoir qui parmi eux se donnent les moyens, chiffres et mesures à l’appui, de protéger notre liberté qui a son prix, et qui parmi eux, par opposition, prend la responsabilité de nous considérer comme secondaires. Que les mots en l’air deviennent des engagements, des contrats fermes entre eux et nous.

Que nous n’ayons que peu à attendre de ce gouvernement boutiquier et sans colonne vertébrale, beaucoup des nôtres en sont convaincus, mais les élections sont justement la possibilité de sortir de ce face à face éreintant et de contraindre tous les candidats, par l’expression populaire, à nous écouter. A nous de placer la société face à ces choix, à nous de persuader de l’impérieuse nécessité qu’il y a à nous comprendre, et à nous donner une place digne, parce que cela conditionne la dignité de tous. A nous aussi, de déjouer les caricatures que l’on trace de nous, de prendre notre bâton et de faire entendre notre voix. Et vous, intermittents qui nous avez tant impressionnés par vos capacités de lutte, mais que l’on sent, peut-être a tort, résignés et las, regardez de notre côté : les chercheurs citoyens arrivent.

convergeons hotmail.com

Thomas Heams (IC), Olivier Delelis (IC), Vincent Feuillet (IC), et Yvan le Masson (IP) sont chercheurs en formation

IC : Institut Cochin
IP : Institut Pasteur
Thomas Heams
Doctorant
Institut Cochin
22 Rue Méchain
75014 Paris
Téléphone + 33 1 40 51 64 37
Télécopie + 33 1 40 51 64 30

Marion Dupuis
Département d’Immunologie (directeur J.-G. Guillet)
Institut Cochin U567
Bâtiment Hardy 1er étage
Hôpital Cochin
27 rue du Faubourg St Jacques
75014 PARIS, FRANCE
E-mail :dupuis cochin.inserm.fr
TEL : 33.1.40 51 65 13 ; FAX : 33.1.40 51 65 35





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