Voici le communiqué rédigé par les intermittents de Chalon.
Il devait être lu devant le Ministre de la Communication, qui avait prévu d’assister à l’ouverture du Festival.
Dès son arrivée, le Ministre a été escorté dans les rues de la Ville par des centaines d’intermittents qui ont quelque peu contrarié son parcours...
Donc, Chalon ne s’ouvre pas normalement.
Communiqué de l’ensemble des équipes techniques, administratives et artistiques du festival Chalon dans la rue,
à l’attention du ministre de la culture et de la communication.
Le 15 juillet 2004
Nous, citoyens, salariés, techniciens, artistes et stagiaires du Festival Chalon dans la rue souhaitons réaffirmer notre position : nous exigeons toujours le retrait du protocole en cours.
Nous exigeons l’ouverture de réelles négociations avec l’ensemble des personnes concernées.
Les chiffres officiels annoncent 21 700 exclus d’ici la fin 2004.
En ces temps de festival, c’est d’abord à ceux là que nous pensons.
Presque toutes les personnes employées dans les compagnies de ce festival, de la technique à la scène, dans le IN ou le OFF, sont des intermittents.
Nous réfutons les préjugés qui conduisent à penser qu’il y aurait les seigneurs intermittents et les gueux précaires qui s’agitent dans la cour pour parler de droits sociaux collectifs et d’abrogation.
Nous voulons sortir de ces impasses.
Nous nous battons depuis un an pour faire entendre nos voix.
Nous avons usé de tous les moyens : grèves, interruptions d’émissions, tracts, manifestations, expertise, création d’un comité de suivi à l’Assemblée Nationale avec élus de tous bords, syndicats et coordinations, conférences de presse, occupations de lieux symboliques comme le cinéma Star à Cannes ou plus récemment le toit du Medef.
Nous avons su maintenir une tension permanente entre l’action et l’élaboration précise de contre-propositions. Nous avons élaboré un nouveau modèle d’indemnisation des salariés intermittents.
Nous voulons partager ce travail afin de créer des pôles de résistance commune.
Nous persistons à dire que les effets de l’accord du 26 juin 2003, re-signé le 13 novembre, sont dévastateurs.
Ces effets, nous les subissons d’ores et déjà de plein fouet.
Les quelques modifications que vous avez apportées à ce protocole n’entament en rien son fonds de commerce, de même que celui-ci ne résorbe en rien le déficit médiatisé.
Depuis sa mise en application au premier janvier, il est clairement établi que la règle c’est davantage d’injustice.
Cette logique implacable de destruction de la protection sociale est inacceptable.
Elle nous concerne tous.
Au delà du régime des intermittents, il s’agit de défendre la richesse et la diversité culturelle de notre pays.
Les vitrines culturelles ne vont pas disparaître.
Ce sont les petites structures et les petits festivals qui sont les premières victimes.
Nous ne voulons ni carte professionnelle ni caisse complémentaire, ni mourir de faim pour créér mieux.
Nous ne nous sommes trompés ni de cible ni d’objectif.
Nous voulons trouver des solutions pour qu’ensemble nous refusions l’inacceptable.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous.
Monsieur le Ministre, compte tenu de votre volonté de ne pas entendre notre revendication principale, l’abrogation par décret gouvernemental du protocole, vous n’êtes pas le bienvenu dans ce festival.
Pour cela, nous, salariés, techniciens, artistes et stagiaires du festival Chalon dans la rue, ne jouons pas pour vous ce soir et vous demandons de quitter ces lieux.
Epilogue : 15 juillet - 23h30
Empêché de suivre le défilé d’ouverture du Festival « Chalon dans la rue » par plusieurs centaines d’intermittents. Le ministre de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres est actuellement réfugié dans l’hôtel de Ville de Chalon sur Saône.