Des intermittents issus de diverses régions de France parviendront-ils à
empêcher ce concert, leur cible principale après l’annulation des festivals
les plus prestigieux ?
La tension était palpable depuis plus d’un mois à la préfecture de Tulle en
prévision de la « plus grande manifestation jamais organisée en Corrèze »,
comme l’a souligné à l’envi le président du conseil général, Jean-Pierre
Dupont (UMP). La fébrilité est montée de plusieurs crans quand la
coordination des professionnels intermittents du spectacle en Limousin a
annoncé son intention d’empêcher le concert si elle n’obtenait pas la
renégociation de l’accord du 27 juin sur l’assurance-chômage. Et tandis que
cet ultimatum était adressé à l’Elysée, une demi-douzaine d’autres
coordinations régionales décidaient, en assemblée générale, de s’associer à
cette action.
Les manifestants devaient ainsi se retrouver, vendredi 18 juillet au petit
matin, à une dizaine de kilomètres à l’est de Tulle, sur la RN 89, à
Gare-de-Corrèze, un hameau distant de quelques centaines de mètres du site
aménagé en pleine campagne, sur une future zone industrielle à cheval sur
les communes d’Eyrein et de Saint-Priest-de-Gimel, pour accueillir le
concert de Johnny Hallyday.
S’ils étaient décidés à « tenter d’entrer » sur les 30 hectares du site et à
« arrêter le montage des installations », les intermittents ne se faisaient
toutefois guère d’illusions. En effet, un arrêté préfectoral, pris jeudi
matin, à interdit la circulation sur la RN 89 aux abords du lieu du concert,
de vendredi soir à lundi midi. Et surtout, des forces de l’ordre ont été
appelées en renfort pour « sanctuariser le site » : aux deux escadrons de
gendarmes mobiles et à la compagnie de CRS prévus initialement se sont
ajoutés cinq autres escadrons, soit environ 600 hommes en incluant les
gendarmes des unités corréziennes également mobilisés.
Depuis qu’elle a annoncé ce concert en décembre 2002 à l’occasion d’une
séance du conseil général, l’épouse du chef de l’Etat n’a pas ménagé sa
peine pour qu’il se tienne dans les meilleures conditions. Comme si cet
événement devait couronner la dernière année de son « dernier mandat » de
conseillère générale ; c’est en tout cas ce que Bernadette Chirac avait
assuré lors de sa réélection en 1998.
Elle est à l’initiative du concert de dimanche à Eyrein, une commune de son
canton, après avoir convaincu Johnny Hallyday et son producteur, Jean-Claude
Camus, d’ajouter cette date à la « tournée des stades » entre Nice et
Saint-Etienne. Et de renoncer à leur cachet. Pour ce concert, 400 bénévoles
ont été mobilisés. Le coût de l’événement (1,06 million d’euros) sera
équilibré par les recettes des billets, moins chers que pour le reste de la
tournée (55 euros en tribune et 35 euros en pelouse), à condition qu’au
moins 25 000 places soient vendues. Jeudi, un peu plus de 6 000 étaient
encore disponibles.