Des représentants de la CIP-IDF ont interrompu le direct du journal télévisé de France 3 Ile de France ce jeudi à 19h. Nous étions une centaine en tout, une cinquantaine à l’intérieur et autant à l’extérieur.
Le premier groupe de 50 personnes est entré en escaladant les barrières du parking de France 3 et en pénétrant dans le bâtiment par une porte de côté. Nous sommes très rapidement montés dans les étages jusqu’au 1er où se trouve le plateau de tournage, et avons fait irruption pendant le direct du
JT 19/20 en scandant « Grêve générale ». Nous avons occupé tout le plateau derrière la présentatrice et avons fait
une première apparition de quelques secondes pendant qu’elle était en train de lancer un sujet.
Le sujet de 2 mn environ est passé, et au retour du sujet le direct est revenu sur le plateau et sur nous scandant toujours le mot d’ordre de grêve, et dans la continuité nous nous sommes présentés : « nous sommes la coordination des Intermittents d’Ile de France » tandis que la présentatrice
annonçait : nous sommes occupés par les intermittents, nous ne pouvons continuer notre journal dans ces conditions, et donc rendons l’antenne : après une vingtaine de secondes de direct, l’antenne a été coupée.
Le journal était de 12mn au total, 6mn étaient passées, nous avons immédiatement demandé à être reçu par le chef d’antenne et le rédacteur en chef, dans le bureau desquels nous sommes d’abord rentrés à 3, puis tout le monde a rejoint.
S’en est suivi une heure de discussion et de pourparler pour négocier un temps d’antenne en direct pour pouvoir exposer notre cause et appeler au rassemblement et à la grêve du 25.
Bien évidemment, le temps de discuter, le temps du journal était passé, et la rédaction a protesté vigoureusement contre nos méthodes, arguant que si elle cédait sous la pression, il n’y avait pas de raison que demain n’importe quel autre mouvement fasse irruption chez eux de la même manière.
Par ailleurs il nous a été dit qu’il n’ y avait plus de débat long fait en direct jusqu’en septembre.
Qu’à cela ne tienne, à défaut, nous avons demandé un direct avec débat contradictoire en septembre.
Il nous a été dit également qu’il ne pensaient pas être la bonne cible, car ils couvraient quasi tous les jours le mouvement par leurs reportages, et que nous ferions mieux de nous adresser aux partis politiques ("hein, et les socialistes, qu’est-ce-qu’ils font pour vous les socialistes,), aux autres médias, aux instances gouvernementales etc....
Nous leur avons répondu qu’ils ne s’inquiètent pas, que nous étions sur tous les fronts en même temps.
Ils nous ont dit par ailleurs qu’ils étaient et entendaient rester maître des choix et du contenu de leur sujets. La rédac-chef a voulu entamer un débat sur l’impact négatif de l’interruption des festivals sur l’économie des villes et des régions concernées. Nous l’avons aidé à comprendre très
vite que le débat ne pouvait pas être placé à ce niveau là.
Pendant ce temps un camarade briffait un journaliste qui ne semblait pas avoir tout compris au protocole (que, de l’aveu de tous les membres de la rédac présents, personne d’entre eux ne comprenait dans le détail) tandis que de nombreuses autres discussions s’organisaient dans tous les coins.
L’ironie de l’histoire réside dans le fait qu’une jeune journaliste présente avait passé l’après-midi à Olympe de Gouges à la conférence de presse, et qu’un sujet y sera consacré à priori demain au JT de 19h.
Pendant tout ce temps une femme à l’air revêche filmait toute la scène avec une petite caméra. Comme nous avions nous aussi de notre côté un « filmeur », nous n’avons pas réagi tout de suite, mais il s’agissait en fait d’une journaliste de la chaîne qui nous a hurlé dessus, quand nous lui avons fait
remarquer qu’elle ne nous avait pas demandé si nous étions d’accord pour être filmés et ce qu’elle comptait faire des images, « il faudrait savoir, vous voulez être filmés ou quoi !!! »
« nous entendons rester maître de notre image !!! »
« notre » caméraman du coup l’a filmée aussi, c’était cocasse...
Au bout de 3/4 d’heure/1h où nous avancions dans la discussion, ayant fait comprendre qu’en tant que gros employeur d’intermittents ils étaient bien une cible adéquate, et que peut-être qu’un direct avec nous à la rentrée....nous avons décidé de partir et retrouver les camarades qui nous soutenaient à l’extérieur. Ils ont été ravis de la réussite de l’opération, même partielle.
Face à eux, 6 ou 7 voitures de flics.
Nous sommes sortis sans être inquiétés, ni par les vigiles, ni par la police.
La journaliste de France 3 filmait toujours, dehors.
Nous avons décidé, puisqu’il était 20h, de pousser un cri de 3mn devant France 3.
Ca a bien cassé les oreilles des flics, qui nous ont cependant écoutés avec résignation et presque religieusement.
L’un d’entre eux nous a demandé si nous n’allions pas faire une pose bientôt, par exemple lundi, car ils étaient fatigués de nous suivre partout ! Ils nous ont quand même encadrés jusqu’au métro.
Tout le monde a eu beaucoup de plaisir à participer à cette action, avec la satisfaction d’avoir pu déjouer la vigilance de la surveillance et d’avoir pu pénétrer sur le plateau du direct du JT, et tout cela sans violence aucune autre que celle de pénétrer dans un lieu « interdit ».
Cette action s’est montée très rapidement, et la coordination avec la commission Action a été totalement efficace et positive.
Continuons !