à 14h : projections à la cip-idf proposées par le groupe Boris Barnet.
a/ Herman Slobbe, l’enfant aveugle 2 de Johan Van Der Keuken (sous réserve)
b/ Ã propos d’un film à faire de Renaud Victor
c/ et un entretien sonore avec Jean Renoir
a/ Johan van der Keuken a réalisé un premier film de 30 minutes dans une institution d’enfants aveugles. Au cours du tournage, il remarque Herman Slobbe auquel il consacre un deuxième film. La forte personnalité d’Herman se double d’un rapport exceptionnel à la jouissance. Les aveugles apparaissent souvent comme des êtres introvertis, celui-ci s’éclate en permanence que ce soit dans une recherche sonore éperdue ou dans d’autres challenges. En bon cinéaste, Johan van der Keuken intègre la force d’un tel désir : Herman devient le reporter du film, change de rôle, n’est plus objet. Mais un autre sujet - des événements politiques graves - sollicite le cinéaste. Il adresse à Herman « un adieu, charmante petite forme » et passe déjà concrètement aux premières images de son prochain documentaire. Certainement l’un des films les plus forts, les plus justes de Johan van der Keuken.
« L’enfant aveugle n°2 » renvoie au néant tout ce qu’il aurait pu être (du docu humanitaire au voyeurisme honteux) et finit par nous donner accès au personnage d’Herman Slobbe, en tant qu’il existe aussi en dehors du film, avec ses projets, sa dureté, et surtout - c’est là le plus grand scandale - son rapport à la jouissance. Le film finit sur un étrange « chacun pour soi » qui n’a de sens que parce que, pendant vingt minutes de film, chacun a été (tout pour) l’autre au regard du spectateur.
Serge Daney, Cahiers du Cinéma , juillet 1978
b/ L’image échappe à la connaissance... une image, si je parle mon propre vocabulaire, ne se prend pas... Une image ne peut pas se prendre, c’est à dire être prise par se (qui est une projection de on : un autre que le monde des images (...) Dans l’absolu, on pourrait dire que l’image a lieu quand se est évacué (...) l’image, au sens où je l’entends, l’image propre, est autiste. Je veux dire qu’elle ne parle pas. L’image ne dit rien.
c/... entretien bonhomme mais ferme de Renoir sur sa période américaine (39-45) ou comment dire à son producteur à Hollywood, en restant bons amis, qu’on ne va pas tourner dans les studios comme il vous le propose, mais dans les marais en Géorgie, et puis, tout ce que ça implique. Comment on voit des choses une fois sorti des usines du rêve pour créer des liens avec le réel (les marais, la faune et la flore qu’on y voit, les indiens, les gens du sud, leurs maisons, leurs objets, leurs modes de vie, leurs histoires, blablabla et j’en passe).
Une attention au monde, non pas de spécialiste, mais de vivant. Un cinéma ontologique : faire des films qui enregistrent mécaniquement comment on est au monde.
et comme toujours, suivies d’une discussion.