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Synthèse de l’enquête socio-économique sur l’intermittence

Publié, le mercredi 8 février 2006 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : samedi 31 octobre 2009


Enquête socio-économique : première phase exploratoire de l’analyse statistique.
Rapport Novembre 2005
SYNTHESE
Par Antonella Corsani

« Instrument de rigueur, à ce titre nécessaire, le nombre cache peut-être encore, derrière des méthodes qui excluent l’événement et qui éliminent les particularités, le postulat d’une « inertie abstraite » de la multitude.
Michel de Certeau

« On a fait toujours appel à un travestissement frénétique du calcul comptable afin de trancher la question de savoir s’il vaut mieux déverser le lait dans les égouts plutôt que de le servir aux écoliers »

« La plupart des peintres, et une majorité des compagnies d’opéra, de ballet, de théâtre de ce pays ....travaillent en association avec nous sur une base occasionnelle et continue. Notre politique est de nous assurer dans l’ensemble de la qualité de leur travail et de leurs objectifs et de laisser le contrôle artistique aux compagnies et aux individus qui sont les premiers intéressés ; et ceux-ci, avec les pièces, tableaux et concerts qu’ils proposent, peuvent être aussi nombreux et variés qu’il y a d’individus de génie et de bonne volonté »
John Maynard Keynes

Introduction

Les différentes analyses du fonctionnement du secteur culturel et de l’intermittence dans le secteur du spectacle, telles qu’elles émergent des différents rapports réalisés depuis 2003 pour le Ministère de la Culture, ainsi que les arguments en faveur d’une régulation du marché de l’emploi culturel, convergent dans la dénonciation d’un disfonctionnement de ce marché, dont le déficit de l’UNEDIC serait le résultat.
Ces analyses et ces argumentations peuvent ainsi être résumées : le nombre d’intermittents s’accroît à un rythme supérieur à la progression des ressources du secteur. La concurrence sur le marché du travail, rendue de ce fait plus aigue, engendre une baisse en même temps des salaires et de la quantité de travail moyen par intermittent (à la fois un nombre moindre de contrats par intermittent et une durée plus courte des contrats). Des entrées « non maîtrisées » des mandatés au titre des annexes 8 et 10 seraient ainsi la cause d’un émiettement des contrats et l’effet d’un usage « illégitime » du recours au régime d’assurance chômage des intermittents, conjugué à l’ « attractivité » des annexes 8 et 10 du régime d’assurance chômage. Le déficit de l’UNEDIC serait alors la résultante d’un double phénomène : un accroissement du nombre d’intermittents et un rallongement des périodes de chômage pour chacun. Les allocations chômage assumeraient donc une fonction différente de celle pour laquelle le système a été mis en place : elles couvriraient les disfonctionnements structurels du marché de l’emploi culturel au lieu de couvrir le risque normal de chômage. Au lieu d’être un revenu de remplacement, elles constitueraient un revenu de complément. Un complément à des salaires très faibles, tirés à la baisse par une concurrence non légitime, par un « trop » d’intermittents du spectacle « illégitimes ».
Et c’est la gestion d’un « trop » qui est au cœur des politiques.
Les politiques dites de l’emploi culturel, loin d’avoir l’ambition de créer les « conditions » pour le développement des activités artistiques et culturelles, les conditions pour que des pratiques de travail expérimentales, de recherche, innovantes, soient possibles, loin de vouloir garantir les « conditions » pour que des activités économiquement peu « rentables » puissent se poursuivre et se diffuser, interviennent sur les « conditions » du marché. Les allocations chômage, plus que par les déficits qu’elles engendrent, sont en effet perçues comme le dispositif qui empêche l’existence même du marché. Les politiques de l’emploi culturel devraient donc fournir le « cadre » rétablissant les « conditions du marché ». Les interventions envisagées doivent agir sur la population (réduire le trop d’intermittents, mais aussi de compagnies), sur la formation (normaliser les formations et réguler les accès) et sur les dispositifs juridiques (le droit du travail). Elles font des normes sociales à la fois un outil de régulation du marché du travail et un critère d’attribution des subventions ; elles misent la normalisation en préfigurant (indirectement) les dispositifs de séparation des fonctions d’employeur et de salarié ; elles visent un contrôle des entrées dans le secteur par une redéfinition des diplômes et des formations habilitées, prétendant ainsi pouvoir répondre de la « professionnalisation » ; elles agissent au niveau de la restriction du périmètre, tant des ayant droit aux indemnités chômage que des ayant droit aux subventions en indexant ces dernières au volume d’emploi permanent. Enfin, la redéfinition des catégories de métiers, suivant des critères stricts de spécialisation, devrait être l’outil permettant de tracer le périmètre en même temps que l’outil d’appréciation de la « professionnalisation ».

L’enquête que nous avons menée auprès et avec les intermittents du spectacle, lancée en automne 2004, n’avait pas comme objectif de répondre à des questions macro-économiques des marchés. En ne partant ni de l’emploi, ni du chômage, mais en interrogeant l’intermittence et donc la nature des discontinuités, elle visait à appréhender les pratiques d’emploi et les pratiques de travail des intermittents du spectacle. Cela dans le but aussi d’apprécier la pertinence et l’adéquation de différents modèles d’indemnisation à ces pratiques d’emploi et de travail.
Néanmoins, la première phase exploratoire d’analyse qualitative sociologique (rapport juin 2005) et d’analyse statistique (rapport novembre 2005) de la base de données constituée à partir de l’enquête apporte des éléments de connaissance qui complexifient et problématisent ce schéma interprétatif de la crise et les réponses que prétendent y apporter les politiques de l’emploi.
Nous essayerons de démontrer que ces politiques « dites » de l’emploi culturel s’avèrent être, suivant les termes de Schumpeter, des politiques de destruction créatrice, mais en ce sens, destructrices de richesse, créatrices de chômage. Un sens donc très lointain et opposé à la théorie schumpetérienne de l’évolution qui fait de l’innovation et de la dynamique créatrice le moteur de l’histoire, et du crédit la condition nécessaire.

Ci-dessous, la synthèse complète en format rtf :



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Taille : 78.7 ko
Mise en ligne le : 8 février 2006



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