May Day ! May Day ! May Day !
La « loi pour l’égalité des chances » s’inscrit dans une longue série
d’attaques des garanties vitales et sociales de tous et chacun. Elle
s’ajoute à la mise en cause des droits à la retraite, à la santé, à
l’indemnisation de l’intermittence de l’emploi et du chômage ainsi que celle
du handicap, au renforcement du contrôle des chômeurs et de ses cohortes de
radiés.
En conditionnant des droits sociaux au comportement des individus, à leur
civilité, ou en prévoyant jusqu’à l’interruption des allocations familiales
des familles aux enfants « absentéistes », cette loi organise l’insécurité
sociale. C’est la même logique qui prévaut en matière de gestion des
migrants avec « l’immigration choisie » : on voudrait faire du droit au
séjour un droit totalement subordonné à l’emploi et, du droit à
l’installation un mirage, accessible seulement par naturalisation.
Chacun étant supposé égal devant les chances et les risques, il en sera donc
pour chacun selon ses mérites. Tel est le message qui doit booster la
concurrence et renvoyer les « inemployables » à la honte et à des miettes de
droits. Tous perçoivent que désormais nul n’est plus à l’abri, même muni
d’un CDI, d’un bac ou d’un master. On cherche à faire régner la peur. Celle
de ne pas trouver ou de perdre sa place dans la société, de basculer dans la
victimisation, avec ou sans emploi.
À cette précarisation croissante ne répondent aujourd’hui que des
incantations à un plein-emploi qui ne reviendra pas, faisant le lit de
toutes les mesures de mise au travail à n’importe quelles conditions, avec
pour perspective un nouveau plein-emploi précaire.
En réponse à une révolte des cités dont le feu couve encore, c’est en
fragilisant de nouveau la protection sociale qu’on prétend offrir aux plus
discriminés des « chances » de « faire leurs preuves » sur le marché du
travail. Le CPE impose, par-delà même ceux qu’il touchera directement, un
modèle de fonctionnement : le Casting Permanent à Ejection. La résignation
et la soumission aux conditions de travail des entrants dans le salariat
cristallisent le puissant mouvement actuel de refus de la précarisation.
C’est en s’opposant à une logique d’ensemble qui, de l’école au chômage, de
l’emploi à la formation, nous voudrait « suivis individuellement » tout au
long de la vie et en permanence éjectables, que ce mouvement suscite
l’attention de tous les précaires d’Europe.
Nous voulons des droits sociaux pour tous, avec ou sans emploi. Nous voulons
non pas « l’égalité des chances », mais celle des garanties sociales.
La continuité d’un revenu égal au moins égal au Smic pour tous dès 16 ans
est aujourd¹hui une impérieuse nécessité. Immédiatement, c’est l’extension
d’un RMI fortement revalorisé aux moins de 25 ans, scolarisés compris, un
modèle d’indemnisation juste pour l’ensemble des salariés intermittents, la
revalorisation de tous les minima sociaux et des salaires, les transports
gratuits pour tous les précaires, une couverture maladie, grossesse et
vieillesse réellement universelle.
Qu’est-ce que le May Day ?
La May Day parade c’est la grande manifestation ouverte, revendicative et
festive de tous les précaires. Un moment d’auto-organisation, de rencontres
et de convergence. La rituelle « fête du travail » ne nous suffit plus pour
rendre visibles les multiples formes de précarité. Nous voulons faire du
Premier mai une fête des précaires et travailleurs d’aujourd’hui. En 2006,
ce moment de visibilité des luttes de précaires aura lieu dans une vingtaine
de villes d’Europe et aux U.S.A.
VOUS ÊTES INVITÉS À Y PRENDRE PART.
Qui sommes-nous ?
Des chômeurs, rmistes, salariés précaires, sans emploi,
indépendants, pigistes, allocataires, malades, handicapé-es,
intermittent-es, intérimaires, étudiant-es, stagiaires, sans-papiers,
travailleur/euses du sexe, parfois tout cela en même temps.
Nous sommes des
précaires en lutte.
Que voulons-nous ?
Nous loger, dormir, apprendre, fonder les familles que
nous souhaitons, produire et accéder à une information et une culture
diversifiées, jouer, échanger librement des savoirs, bien manger, prendre
soin de notre santé, créer toutes formes de richesses, nous déplacer et nous
installer librement, participer à la vie de la cité, créer de nouveaux
espaces publics et de nouvelles manières de vivre en société.
Nos vies ne sont pas négociables.
Le 2 avril 2006, réseau Mayday Paris