La mobilisation a imposé un recul au gouvernement en l’obligeant à
remplacer le CPE. Depuis 1995, c’est la 1ère fois qu’une mobilisation permet
d’obtenir un tel recul d’un gouvernement, c’est la 1ère fois depuis 2002 que nous
faisons céder ce gouvernement qui a tenu face à de nombreuses mobilisations.
Après leur mise en minorité dans les urnes le 29 mai 2005, les politiques
libérales se voient infliger une défaite par la rue. Cela prouve que la lutte paie. Le
gouvernement est affaibli, c’est un point d’appui pour continuer à nous battre
afin de gagner sur toutes nos revendications. Après un tel désaveu, Chirac et son
gouvernement doit partir !
Mais quoi qu’en disent les médias et les directions syndicales, nous n’avons
pas gagné sur l’ensemble de nos revendications. Nous continuons à nous battre,
notamment pour le retrait de l’intégralité de la loi sur l’égalité des chances (LEC)
du CNE du projet de loi CESEDA (loi Sarkozy II sur « l’immigration choisie », qui
doit être votée le 3 mai à l’Assemblée)... D’autant plus que l’article remplaçant le
CPE dans la LEC s’accompagne d’une nouvelle série de cadeaux fiscaux aux
employeurs. La coordination nationale condamne le contenu et les conclusions
des pourparlers engagés entre les dirigeants syndicaux et l’Etat UMP. Ces
démarches laissent intactes la LEC et le CNE. De plus, seul le mouvement de lutte
est légitime pour signifier la victoire ou la défaite de la lutte. Nous exigeons des
directions syndicales qu’elles rompent toute négociation avec le MEDEF et le
gouvernement.
Le remplacement du CPE conduit à une certaine confusion : la nécessité de
rejeter la LEC, le CNE, la loi CESEDA n’est pas suffisamment prise en compte,
tandis que les directions des organisations syndicales et les médias ont focalisé
l’attention uniquement sur le CPE. De plus, nous avons également un certain
nombre d’autres revendications (abrogation de la loi Fillon, hausse des postes au
CAPES,.) Malgré cette confusion, la répression et le chantage aux examens, la
grève et le blocage ont cependant été reconduits dans plusieurs universités et
lycées. Les assemblées générales sont toujours massives, les exigences restent
fortes, ce qui montre que la jeunesse est déterminée à poursuivre la lutte.
Aujourd’hui, nous dénombrons 37 facs mobilisées dont 18 sites universitaires
bloqués. Nous appelons à continuer la mobilisation, à maintenir les blocages et à
reconnaître leur nécessité.
Le recul du gouvernement sur le CPE a donné confiance à des millions de
personnes qui ont pris conscience de leurs propres forces. Les manifestations
massives, les grèves et blocages, légitimés par des AG massives, nous ont
permis d’obtenir le remplacement du CPE. Continuons dans cette voie !
Par ailleurs nous avons développé des liens concrets avec les salariés : AG
communes, interventions envers les entreprises, mais aussi actions communes
(blocages économiques, barrages de voies de communication, etc.). C’est
l’extension aux salariés qui a fait peur au gouvernement. Nous continuerons le
travail d’information sur les politiques actuelles qui précarisent nos vies : en
direction les lycéens et les étudiants, par des interventions en TD et en amphis,
des débats en assemblée générale, et également envers les salariés, par des
diffusions de tracts, des actions en direction des entreprises, toujours dans le but
de mobiliser les travailleurs.
Notre lutte a révélé une crise sociale et politique. Il ne s’agit pas d’un accès
de fièvre ordinaire, mais d’une manifestation de la crise de tout le système social.
La logique capitaliste est mise au ban des accusés. Le capitalisme ne peut donner
aucune réforme sociale positive. Bien plus, il est même contraint de démanteler
les anciennes conquêtes sociales. Tous les lamentables chefs de la droite et de la
gauche gouvernementale mènent avec des nuances de méthode la même
politique au service d’un système économique prédateur.
Nous exigeons des garanties sur le déroulement des examens de fin
d’année. Nous dénonçons le chantage aux examens et l’accord illégitime entre
l’UNEF et la Conférence des Présidents d’Universités pour le report des examens
après le rattrapage quasi-intégral des cours. Le calendrier universitaire doit être
maintenu quoiqu’il arrive. Ce n’est pas la grève qui dévalorise nos diplômes, c’est
la réforme LMD, qu’il faut abroger. Le gouvernement exerce, avec les autorités
administratives, une répression sans précédent sur le mouvement. Il y a eu des
interventions policières et de vigiles, des fermetures administratives d’universités
et de lycées, ainsi que des procès et peines de prison en rafale. Nous demandons
l’amnistie et la levée des poursuites contre les participants aux mouvements
sociaux (mouvement lycéen de 2005, émeutes de novembre-décembre 2005,
mouvement actuel...).
Nous appelons à la création d’un comité national contre la répression de ce
mouvement social et nous appelons toutes les organisations syndicales,
politiques et associatives à y participer.
Nous appelons à une journée de manifestations nationales le 18 avril. Nous
appelons à manifester mardi 25 avril en direction des tribunaux, dans le but de
protester contre la répression policière.
Nous appelons à ce que le 1er Mai soit une grande journée de lutte
européenne contre la précarité, en particulier pour le retrait de la LEC, du CNE, du
projet de loi CESEDA. Le 2 mai, sera organisé une assemblée générale avec la
jeunesse européenne.
La prochaine coordination se tiendra les 22 et 23 avril à Bordeaux III
Nancy, 16 mars 2006