La Coordination des Intermittents et Précaires appelle à participer au
MayDay 2006
"Ne le dites à personne mais il fut un temps où des salariés
intermittents (donc discontinus c’est à dire précaires) ONT BÉNÉFICIÉ
D’UNE ASSURANCE CHÔMAGE en contrepartie de leur disponibilité, de leur
polyvalence, de leur flexibilité, bref, de leur intermittence.
Incroyable, non ? "
Avant 2003, le modèle d’indemnisation des intermittents du spectacle
garantissait une certaine continuité de droits et de revenus (salaires
ou indemnités) face à la discontinuité de l’emploi (alternance de
période d’emploi sous contrat et de période non-employée). Ce régime
spécifique d’assurance chômage restait « le seul système mutualiste »
(les années où l’on est employé le plus, on touche moins d’indemnités et
on cotise pour les plus fragiles. Les années où l’on est moins employé
on touche des indemnités).
Ce régime, qui n’était certes pas parfait, permettait en échange de
cette précarité attachée à l’intermittence de l’emploi, une contrepartie
en droits et en revenus.
Le protocole de juin 2003 a fait entrer le régime d’assurance-chômage
des intermittents du spectacle dans la logique de capitalisation et
d’individualisation des droits : disparition totale de la date
anniversaire, capital de 243 jours d’indemnités, les mieux payés et
employés le plus régulièrement touchent le plus d’indemnités.
Durcissement des conditions d’accès, règle du décalage... ce protocole
a introduit aussi et surtout de l’aléatoire et des inégalités inscrivant
ainsi nos vies dans l’incertitude...
La précarisation accrue qu’implique ce protocole, c’est ne plus pouvoir
prévoir, choisir les projets sur lesquels on travaille, notamment quand
ils sont peu ou pas rémunérés, organiser sa vie, gérer son temps
d’emploi, d’activité et de vie, c’est être dessaisis de nos vies même.
Cette politique d’assignation, de contrôle, de séparation et
d’incertitude est à l’oeuvre depuis des années et s’accélère
actuellement (instauration du PARE, protocole du 26 juin 2003 sur
l’assurance chômage des intermittents du spectacle, instauration du rma,
politique de l’emploi culturel, convention d’assurance chômage 2006,
CNE, « Loi sur l’égalité des chances », projet de loi sur l’immigration
CESEDA, renforcement des radiations et des contrôles en tout genre -caf,
contrôle mensuel anpe, situation administrative des compagnies...-).
Comme seule politique de lutte contre la précarisation on nous parle
partout de « sécurisation des parcours professionnels » alors que par
exemple la moitié des chômeurs ne sont actuellement pas indemnisés, de
nombreux intermittents du spectacle sont régulièrement exclus du régime
d’assurance chômage et doivent s’inscrire au rmi, plus de 40% d’entre
eux ont cotisés aux annexes 8 et 10 pendant des années sans pouvoir
ouvrir de droit (cf. enquête socio-économique sur l’intermittence de la
Coordination Nationale des Intermittents et Précaires rapport de
novembre p59).
Il s’agit de nous contraindre par tous les moyens à accepter n’importe
quel emploi, à n’importe quel prix, dans n’importe quelles conditions ...
C’est bosse et tais-toi.
Et baisse la tête.
Nous luttons depuis le 26 juin 2003 et bien avant.
Nous devons continuer et porter haut nos propositions pour un nouveau
modèle d’indemnisation chômage mutualiste et redistributif, adapté à nos
pratiques de vie et d’emploi :
507h en 12 mois ouvrant droit à une période d’indemnisation de 12 mois
avec date anniversaire fixe
un jour non employé = un jour indemnisé
indemnité journalière minimum au smic jour *(parce que le smic mensuel
n’est plus dans les faits une référence de revenu minimum)
En ces temps de précarisation généralisée nous nous devons de
transmettre et partager cette proposition d’un système permettant une
continuité de droit et de revenu qui permettrait à chacun de là où il se
tient de ne pas vivre dans l’angoisse du lendemain. Ni dans l’illusion
entretenue d’un retour au plein emploi.
La parade mayday c’est sortir de l’invisibilité, rendre visible les
multiples formes de la précarité.
La mayday parade c’est aussi un moment d’auto-organisation, de
rencontres, de convergence, d’échanges de pratiques, de fabrication,
d’invention.
C’est continuer à résister, à lutter pour faire entendre nos voix et nos
volontés insoumises.
C’est dire que nous ne sommes pas des variables d’ajustement et que nos
vies ne sont pas négociables.
C’est se réapproprier et réinvestir des espaces de liberté.
C’est d’exiger du possible.
Intermittents et précaires, tous au premier mai des précaires !
Lundi 1er Mai à 18h00 à Paris
départ Manif/Parade Métro Blanche
À MARSEILLE, Rdv sur la Plaine le 1er Mai à partir de 13h pour un
après-midi de débats et d’interventions
À LIMOGES, Rdv à 10h, place de la Motte