Pour infos, voici le texte qui est distribué avec les programmes de salle au théâtre national de La Colline, à reproduire et qui peut servir de base pour une lecture adressé au public.
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Cher public,
Après trois ans de lutte, tant dans le champ culturel que dans celui des droits sociaux, un nouveau protocole sur le régime spécifique d’Assurance chômage des intermittents a été proposé par les partenaires sociaux, le 18 avril dernier.
Ce texte, que nous refusons, n’a de nouveau que le nom puisqu’il reprend l’essentiel de la ligne politique du protocole dévastateur de 2003. La mutualisation des droits y est amoindrie, ce qui avantage considérablement les revenus élevés et réguliers et fragilise les plus faibles, jusqu’à exclusion programmée des allocataires.
Malgré les assertions et les promesses de l’actuel Ministre de la Culture, ce protocole reste une puissante machine à faire le vide dans le monde du spectacle, et engendrera la radiation certaine d’au moins 34 000 personnes, sans autre alternative que le RMI ou la reconversion forcée. Par ailleurs, rappelons que l’application du protocole 2003 a engendré, malgré la diminution effective du nombre de bénéficiaires, un déficit supplémentaire des comptes de l’UNEDIC.
L’ensemble des professionnels du spectacle a rejeté ce nouveau texte. Malgré cela, la CFDT et la CFTC ont annoncé leur intention de le signer. La CGC envisage également sa signature, ce qui entérinerait le protocole. Rappelons que les branches sectorielles de ces syndicats ne représentent qu’une infime minorité des salariés du spectacle : une fois de plus, c’est dans la plus grande méconnaissance des spécificités de nos pratiques et sans aucune concertation que ce nouveau protocole risque d’entrer en application.
Les différents acteurs de la lutte des intermittents (coordinations, syndicats non-signataires, syndicats indépendants, mais aussi un Comité de suivi parlementaire composé d’élus de tous bords politiques) ont depuis longtemps élaboré des propositions concrètes de résolutions des problèmes. Elles sont systématiquement ignorées. Le 12 octobre dernier, un projet de loi-cadre pour le régime de l’intermittence, issu de ces propositions et soutenu par 476 parlementaires, a été déposé à l’Assemblée Nationale. Le président du groupe UMP- ouvertement soutenu par le Ministre de la Culture - en a délibérément bloqué le vote par une basse manœuvre procédurale, enterrant sciemment cette proposition de projet de loi, fruit d’une concertation exceptionnelle entre professionnels et parlementaires.
Face à ce violent déni de démocratie, où trouver désormais un espace pour faire reconnaître, pour défendre la spécificité de nos pratiques ?
Nous sommes mobilisés pour une journée de grève nationale et de manifestations le 6 décembre 2006, afin de signifier notre refus du protocole du 18 avril, et pour inciter la CGC (en congrès à cette date) à ne pas le signer. Nous demandons que le projet de loi soit de nouveau inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale.
Nous dénonçons une politique qui organise un « plan social » dévastateur de façon dissimulée.
Le travail intermittent n’est plus aujourd’hui réservé aux seules professions artistiques : des secteurs de plus en plus nombreux connaissent les mêmes conditions de précarité. Le régime de l’intermittence pourrait être précurseur de nouvelles formes d’Assurance chômage, plus adaptées aux rythmes de travail de notre époque et plus justes. Si le MEDEF s’acharne aujourd’hui à le détruire, gageons que c’est justement parce qu’il fonctionne. Comprenez donc que nous défendons non seulement un droit acquis par les luttes de nos prédécesseurs mais aussi un modèle, certes perfectible. En aucun cas un privilège.
Le 6 décembre, nous manifesterons à 14h30 place du Palais Royal ; nous vous invitons à nous rejoindre, pour défendre, avec nous, le spectacle vivant.
Cordialement, l’équipe artistique de Naître, au Théâtre de la Colline.