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Intermittents et Précaires : déclaration du ministre du travail et du temps libre

Publié, le mercredi 14 mars 2007 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : mercredi 14 mars 2007


« Le plein emploi n’existe pas »
http://www.arteradio.com/tuner.html

Chômeurs, intermittents, intérimaires, vacataires, pigistes, rmistes, stagiaires, travailleurs pauvres, précaires, tous les piétinés, massacrés, broyés, laissés pour compte, humiliés par les précédentes politiques sur l’emploi, c’est à vous que j’adresse ma première déclaration de ministre du travail et du temps libre.

Nous vivons dans un pays riche et pourtant :
L’ANPE compte 4 millions ½ d’inscrits
Plus d’1 chômeur sur 2 n’est pas indemnisé
1 million 100 mille personnes bénéficient du RMI. Si l’on inclut les conjoints et enfants, 3 millions de personnes en dépendent.
Plus de 12 millions de salariés ont moins de 843 euros de revenu mensuel.
Plus de 3 SDF sur 10 ont un emploi à temps complet, partiel ou précaire, gagnent souvent entre 900 et 1 300 euros, et cherchent pourtant soir après soir où dormir...
Cette situation est intolérable.
Tous les discours de droite comme de gauche sans exception parlent de « réhabiliter le travail ». Il est urgent de rompre avec cette logique et d’instaurer de nouveaux droits sociaux.
Aujourd’hui, 80 % des embauches se font en CDD, l’hyperflexibilité est la norme.
Il est grand temps d’hurler à tous ceux qui ont de la boue dans les oreilles et dans les yeux que le plein emploi n’existe pas et qu’il n’a d’ailleurs jamais existé.
Depuis 1999, dans l’optique de son projet de « refondation sociale », le MEDEF, avec l’accord de certains syndicats dont la CFDT, détruit méthodiquement l’assurance-chômage. Son projet consiste à transformer le chômeur indemnisé en salarié précaire mal payé, assujetti aux employeurs, quitte à verser directement son allocation à ces derniers (c’est ainsi que le RMA a été inventé).
Pourquoi l’assurance chômage a t-elle été particulièrement visée ? Parce qu’elle attribuait un revenu aux chômeurs.

Au croisement du droit du travail et du système de protection sociale, il existait une zone d’exception où l’ « hyperflexibilité » des emplois se combinait avec une certaine « sécurité » pour le salarié, garantissant des marges de liberté plus larges et une certaine mobilité choisie. Tel était le régime spécifique d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle jusqu’à la réforme de 2003.
C’est précisément pour ces raisons que ce régime a été attaqué. La gravité de la réforme ne vient pas du fait qu’elle concerne le secteur culturel, mais bien qu’elle détruit un exemple emblématique de garantie de revenus, exemple qui aurait pu s’élargir à tous les emplois précaires, quels que soient leur secteur d’activité.
L’ancienne couverture sociale des intermittents du spectacle fonctionnait selon un principe mutualiste de redistribution vers les plus faibles revenus, la nouvelle réforme est structurellement inégalitaire. Elle met en place une capitalisation des droits où les plus employés et les mieux payés sont également les mieux indemnisés. Les exclus du régime (près de 40000 en 2 ans) financent ainsi les assédics de luxe versés aux salariés à haut revenu.
Le pire est que cette réforme est bien plus coûteuse que le précédent système.
Et ce n’est pas tout !
Pour accélérer les radiations des chômeurs, toute une gamme de menaces et de contrôles est mise en place. On fabrique ainsi une nouvelle insécurité sociale faite de course aux cachets, d’acceptation de n’importe quel emploi sous peine de se voir supprimer une allocation.

La cip et le laboratoire mathis ysis ont mené une grande enquête sociologique sur l’intermittence. Les analyses et conclusions dépassent largement le monde spécifique du spectacle. Les constats sont clairs :
L’emploi ne recouvre pas le travail.
En d’autres termes, l’activité déborde largement le temps officiellement déclaré.
Pour un intermittent du spectacle par exemple, tout le temps consacré à la formation, l’élaboration de nouveaux projets, la recherche, l’expérimentation n’est jamais comptabilisé sur une fiche de paye, il est officiellement chômé. Il constitue pourtant une étape indispensable à la création. L’intermittence en général peut alors être pensé comme une figure hybride entre l’emploi et le chômage, entre le salariat et le travail indépendant.

La réforme radicale que je propose consiste à arrêter d’opposer de façon binaire emploi et chômage. Toutes les enquêtes montrent que le temps de non emploi, considéré comme chômé est producteur de richesses. Il s’agit alors de relever le défi que constitue toutes les formes de discontinuité : repenser les droits sociaux et le revenu au delà de l’emploi et du chômage.
L’assurance chômage n’est pas un coût mais bien un investissement collectif.
C’est pourquoi, dès demain, je proposerai au 1er ministre une loi cadre qui contiendra l’ensemble des dispositifs du modèle d’indemnisation chômage élaboré par la coordination des intermittents et précaires. Basé sur des principes mutualistes, il est applicable à l’ensemble des salariés employés de façon discontinue (intermittents du spectacle, cdd, intérims, vacataires, pigistes etc...). Chaque jour chômé y est indemnisé, tandis que chaque jour travaillé ne l’est pas. Il comporte un minimum d’indemnisation quotidienne équivalant au SMIC JOUR assorti d’un plafonnement de l’indemnisation pour les revenus confortables. Le principe est donc redistributif et a pour philosophie : la continuité de revenu pour tous comme bien commun au même titre que le logement, la santé et l’éducation.
J’entends également imposer une refonte totale de l’Unedic, à commencer par la remise en cause radicale d’un paritarisme à bout de souffle initié après la seconde guerre mondiale. Les syndicats de salariés qui ont osé signer les dernières réformes scandaleuses de l’assurance chômage élaborées par le Medef ne représentent aucun chômeur. Il est inconcevable que les premiers concernés à savoir les associations de chômeurs, d’intermittents, de précaires ne puissent pas discuter des réformes qui décident de leur vie. Il en est de même pour tous les syndicats non représentés à l’Unedic. Mais le plus incroyable et pour le moins incompréhensible, c’est l’absence de l’état. Mes 4 derniers prédécesseurs Martine Aubry, Elizabeth Guigou, François Fillon et Jean-Louis Borloo se sont pliés aux décisions du Medef avouant ainsi leur totale impuissance ou leur parfait consentement.

Le temps libre nécessite des supports sociaux. Il s’agit de replacer l’émancipation individuelle et collective au cœur de l’action politique. Ce n’est pas de la politique compassionnelle. Les précaires sont nombreux et n’ont surtout pas envie qu’on les plaigne.
Dernière chose : l’intermittence est pour moi un enrichissement, je ne souhaite pas être ministre à plein temps. Je laisserai donc ma place à mes amis de la coordination des intermittents et précaires, je proposerai donc au premier ministre dès demain le nom du collectif à la place du mien dans l’organigramme gouvernemental. Pour la traditionnelle photo, on sera trop à l’étroit sur le perron de l’Elysée. Il faudra mieux la faire dans le parc au milieu des canards.





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