Lors d’une université ouverte, nous avons accueillie Arlette Farge à la coordination [1]. Voici des extraits de cette rencontre [2]. Elle y parle de la parole singulière en tant qu’historienne : comment elle la considère, comment elle travaille à partir d’elle, comment elle la distingue des paroles singulières galvaudées et omniprésentes dans l’espace médiatique.
Nous sommes plusieurs à avoir établi un rapprochement entre ce qu’elle dit (de son point de vue d’historienne) et ce qu’on peut voir à l’oeuvre dans le documentaire depuis quelques années.
La revendication portée dans les années 80 par les gens qui font du documentaire (en même temps que se mettent en place des systèmes de financement) est très fortement corrélée à la notion de parole singulière : premièrement, parole singulière de l’auteur (le point de vue du réalisateur sur le monde) et deuxièmement, parole singulière du personnage (la rencontre comme moyen de penser le monde).
Cette manière de faire du documentaire s’est imposée au fil du temps. Les films documentaires égrènent désormais autant de paroles singulières mais qui se révèlent, pour la plupart, sans intérêt. On filme sa grand-mère, son voisin, sa boulangère, parce qu’on les trouve sympathique ; on leur donne la parole. Cela donne des films sans intérêt, en tout cas d’un intérêt très limité par rapport aux enjeux du documentaire (penser le monde et donner les moyens d’agir pour le transformer).
Le discours critique sur le documentaire (en particulier quand il est dit de création), est de dire qu’il prend le temps de la rencontre, de donner à voir comment vivent les gens, ce qu’ils pensent vraiment, etc., autant de choses que la télévision (le flux) ne fait pas. Or cela conduit peu ou prou aux mêmes effets : des paroles individualisées, qui ne nous disent plus rien et ne nous permettent plus de se penser comme ayant des choses à partager.
Ces extraits peuvent donner quelques éléments de réflexions sur cette question.
Jean-Christophe (il lit des extraits de Quel bruit ferons-nous ? [3]) : « Je ne sais pas si je travaille sur une certaine philosophie de l’histoire, je sais seulement que je travaille d’une façon très atypique. J’ai fondé mes recherches sur le déchiffrement des archives de police au XVIIIe siècle, les procès-verbaux et les interrogatoires, les plaintes et les informations pour débusquer et décoder les valeurs, les références, les espérances et les souffrances des populations silencieuses sommées de se dire devant le pouvoir judiciaire pour des petits délits. J’ai surtout désiré traquer à travers les paroles, ce qui permet de retrouver au cœur des attitudes individuelles ou populaires, une cohérence de comportement signalant des valeurs communes, des formes de solidarité, de négociations comme de conflits. J’ai voulu saisir les sensibilités des classes populaires, faire de leurs paroles autant d’événements, et montrer leur forme de pensée, d’intelligence et de compétence du social. Je suis convaincu qu’il faut, à l’intérieur des analyses collectives, savoir réintroduire les singularités et le singulier et réfléchir sur l’historicisation du processus qui va du singulier au collectif. Ma prise de position principale est sûrement de travailler uniquement sur les classes populaires afin de réfléchir sur l’altérité, ainsi que sur les mécanismes d’infinie hiérarchisation de la société et du pouvoir. Je m’en suis explicitée dès les premiers livres, mais tout particulièrement dans Le goût de l’archive et La vie fragile. »
[...]
Et c’est le deuxième court extrait que je voudrais lire pour bien situer justement ce concept de singularité dans ton travail. C’est donc cette idée de la singularité de la parole qui me paraît fondamentale.
« Je pense que la parole singulière est un événement. Ainsi s’ouvre une possibilité, celle de sortir le peuple de l’essentialisme dans lequel il fut enfermé. Pour les élites et les chroniqueurs du XVIIIe siècle » - on pourrait dire aussi pour ceux d’aujourd’hui, d’une certaine manière - « le peuple est une masse, un corps. Ils n’y voient pas des individus et lui retirent dans leurs propos toute possibilité d’y faire effraction. Le peuple devient une entité globale et non personnalisée. On ne sait pas la voir alors qu’on est persuadé d’en connaître l’essence. La police par exemple déduit les fautes, les délits ou les vices par la caractérisation d’appartenance au populaire. Dès lors penser la parole singulière a été pour moi de l’ordre d’une réflexion politique. Avoir été submergée dans les archives par les paroles singulières de chacun et chacune, puis avoir constatée à quel point elles étaient actives et actrices, à quel point elles donnaient à ceux qui les énonçaient le moyen d’acquérir une identité, m’a conduite à les opposer, historiographiquement et historiquement à la vision d’un peuple homogène et considéré d’un point de vue ontologique comme une masse. »
Alors je te pose la question : « Le peuple était donc perçu au XVIIIe siècle comme une abstraction. » Et tu me réponds : « Non, loin de là, puisqu’il surgissait. Il surgissait dans la menace, le danger ou la subversion, dans toutes ces situations encore peu travaillées par les historiens sur le plan des comportements, des émotions et des sentiments. Les paroles me sont alors apparues avec évidence comme constituantes d’identités, déplaçant avec force la rhétorique que les élites tenaient sur elles et les idées selon lesquelles le peuple était une masse compacte et non-pensante. »
Très vite, donc, tu distingues la singularité dans les paroles, et je pense que c’était une des choses qui m’avait beaucoup touché par rapport à la lutte des intermittents, qui était avant tout peut-être, une prise de parole à la fois collective et singulière. Ensuite, tu fais la critique de l’idéologie de la parole singulière totalement éparpillée et totalement galvaudée. Donc il y a comme une ligne de crête entre la parole singulière, qu’on peut vraiment entendre comme singulière, et la parole singulière qui dans les médias aujourd’hui est parfois totalement galvaudée, éparpillée et à laquelle on ne donne plus aucun cadre d’analyse collective et politique.
[...]
Arlette Farge : En prenant pour appui la parole singulière, et en l’écrivant dans le Le goût de l’archive, il y a déjà longtemps, c’était pour moi une conviction de me dire - et c’est déjà 1989, il y a longtemps -, c’était vraiment l’idée que, la société, - parce que j’ai toujours travaillé en plein cœur de la société qui m’entourait - que la société qui m’entourait n’avait aucune écoute pour la parole singulière. Pour moi, la mettre en avant comme historienne et travailler sur elle, annoncer qu’elle était un événement, qu’elle faisait effraction dans le tissu des jours, que non seulement elle était un événement mais qu’elle fabriquait des événements, c’était pour moi fondamental. Ça le reste toujours.
Alors après pour reprendre ce que disait Jean-Christophe et pour aller vite, le temps a passé depuis 1989, et tout d’un coup j’ai vu, il y a mettons 7-8 ans on pourrait dire, l’apparition, dans les medias, que ce soient les journaux ou que ce soit la télévision, ou que ce soit même certaines études d’histoire convaincues par le rapport à l’archive -parce qu’après tous les gens se sont dit, il faut aller aux archives, et tout ça bon - il y a eu un espèce d’avènement de la parole comme étant la solution de tout. J’ai vu arriver, un peu débordée peut-être par ce que j’avais tenté de mettre en lumière, des pages entières dans Le Monde, parole de gréviste, parole d’intermittent, parole de précaire, parole de SDF, parole de femme, parole de pute, parole de machin, parole de truc et tout. Ça a commencé à m’énerver et je me suis dit, bon d’accord. Et après sont arrivés les talk-shows, et voilà tout le monde qui se raconte sa vie. Je les ai regardé les talk-shows et je les ai lu les paroles de, et les paroles de, et les paroles de. J’ai commencé à être très inquiète et déçue. Après, parce que j’ai un tempérament pessimiste finalement, ou mélancolique, je me suis dit, c’est le désespoir. Parce que ces paroles singulières, elles étaient prises... Par exemple, parole de femme, d’abord je ne sais pas ce que ça veut dire parole de femme, ça ne veut rien dire. Il n’y a pas une seule femme qui ressemble à une autre, toutes les femmes sont de milieux différents... Déjà, parole de femme, je trouvais ça très très dur, mais prenons, par exemple, parole de gréviste, pour prendre un truc plus neutre, ou parole d’infirmière. Là, c’était quelque chose que je trouvais absolument indécent parce qu’elles étaient là ces paroles, elles disaient toutes des choses très bien, tout le monde dit des choses très bien, et c’était comme si c’était la solution à tous nos problèmes. C’était comme si ça nous donnait, en fait, l’immense chance de ne plus avoir à rien analyser de ce qui se passait dans le monde. Il y avait les paroles, il y en avait partout, il y en avait à la télé, il y en avait à la radio. Tu ouvrais le monde, et mon petit bonhomme ça y allait, et il y avait la parole de machin, et tu étais content, elle avait cinq enfants, et c’était vachement triste, elle en voulait 8 elle en avait 4, elle n’en voulait que 2 elle en avait 6, elle voulait du travail elle n’en avait pas, il était gréviste il n’aurait pas voulu, il était chômeur c’était très très triste. On était dans une espèce de déficit d’analyses qui m’a inquiété parce que je me suis dit, ce n’est pas ça la parole singulière.
La parole singulière ne peut faire effraction qu’à l’intérieur d’un discours, non pas qui la retraduit parce que ça voudrait dire que je la méprise, mais qui la prend et qui permet à elle de tenir à l’intérieur d’un agencement, d’une articulation avec le collectif. Le collectif qui est soit son groupe social, soit son groupe sexué - son groupe sexué et son groupe social - et tout ces mélanges là n’étaient jamais faits, tous ces entrecroisements n’étaient jamais faits.
Dans la façon très triviale dont tout le monde s’est pendant longtemps satisfait de ces paroles dites singulières, mais tellement déformées que d’abord, elles nous renvoyaient, nous lecteurs, à la soumission : que pouvions-nous faire ? Devant la parole, du SDF, singulière ? C’était : voilà, là est la vérité, faites-en ce que vous voulez et ça nous retirait toute action. Le Monde a fait beaucoup, - je dis Le Monde mais il y a Libé aussi, je parle du Monde parce qu’ils avaient ces grandes pages... Maintenant on a des portraits, je ne sais pas si c’est mieux, des pauvres cons, tous les jours on en a deux, non ils ne sont pas toujours cons, excusez-moi, mais on a des grands hommes avec des grandes femmes qui sont portraités mais moi j’en ai souvent rien à f...
Je trouve qu’on descend. On est passé de la parole singulière, ou effectivement c’est l’infirmière, c’est un statut et une profession, à un homme, une femme, un portrait, qui sans doute est génial(e). Je trouve que ça c’est, pour moi, quelque chose de très attristant, vu l’impossibilité et des historiens, et de moi-même, et de toute la profession, des sociologues même, de tout le monde, de nous tous, politiques ou pas, de la resituer, non pas la resituer ou la traduire - j’ai dit un mauvais mot tout à l’heure, la traduire ça voudrait dire qu’on ne la comprend pas, ce n’est pas ça. C’est lui donner la chance, lui donner la possibilité, lui donner l’espoir. Et partager, d’avoir une force pour lutter. Parce qu’une parole d’infirmière dans le monde, est-ce que c’est une parole de lutte ?
Alors en plus, je suis d’autant plus inquiète, qu’on a Ségolène maintenant. Et la démocratie participative. Elle nous dit qu’elle nous écoute et ça me fait encore plus peur. Alors elle écoute, moi je suis content. Et cette démocratie participative qu’on a tous sûrement appelé de nos vœux, est encore trahie parce qu’il n’y a rien d’écouté. Si ça devient facile d’écouter, et bien écoutons.
Il n’y a rien d’écouté si nous ne transcendons pas la parole, si nous la transmuons pas en un esprit de lutte. Alors ne croyez pas que je vais dire ça, au nom de...enfin, oui de lutte, après tout j’emploie le mot lutte parce que je crois que c’est important. De lutte ou en tout cas d’affrontement, de confrontations totales et radicales avec le monde qui nous est imposé. Pas apposé mais imposé.
Et cette démocratie participative, dont une partie de la gauche est en train de solliciter, elle est bâtie sur ce que j’énonçais tout à l’heure, peut-être à tort, peut-être que plein d’entre vous ne sont pas d’accord avec moi.. J’entends bien derrière, l’idée - « chrétienne » entre guillemets, enfin « judéo-chrétienne » pour être claire -, de l’écoute, de l’écoute sans rédemption bien sûr, mais sans même possibilité de faire que cette parole soit non seulement active mais transcendentée. Transcendentée ça veut dire sublime.
Or moi, dans les archives, par moment, je suis au corps à corps avec du sublime. Mais le sublime, il ne peut être sublime que s’il est appuyé sur un monde collectif, sur des gens qui l’entourent, et qu’il faut aller encore plus loin, qu’il faut aller encore plus en avant, et qu’il nous faut partager. Et cette espèce de façon dont maintenant ces paroles singulières finissent pas se disséminer en des miettes, des miettes de mots, qui seraient notre vérité, et bien je crois - je ne sais pas ce que c’est la vérité, les historiens à qui on demande la vérité, nous on l’a pas - mais on veut aller au plus près de la véridicité. Pour moi aller au plus près de la véridicité des gens du XVIIIe et peut-être, si vous me le demandez, de ceux d’aujourd’hui, c’est de faire cet effort, que ces paroles ne soient pas mises côte à côte, mais qu’elles puissent être... - les mots sont difficiles à trouver... - qu’elles puissent être... prises dans un élan, prises dans une ferveur. Ce sont des mots du XVIIIe, je sais qu’on ne les emploie plus maintenant, qui font qu’ils revêtent autre chose que la propre réalité qu’ils ont pu dire.
[...]
Christine : Par rapport à ce que vous avez dit sur comment évolue la parole singulière. Comment elle a évolué, comment elle est utilisée maintenant, ce qu’elle devient. C’est vraiment quelque chose qui m’intrigue et qui me tient à cœur. Je ne me suis jamais sentie engagée politiquement et en venant à la coordination, et petit à petit en osant parler, dire simplement les choses, je me suis rendue compte que ça me donnait tout à coup un pouvoir d’agir. Ce qu’il y a de fou comme vous le disiez, effectivement maintenant les paroles singulières sont mises en pâture. Elles sont prises par les médias. Il devait y avoir dimanche une émission sur France Inter sur les intermittents, ce qui les intéresse ce sont des tranches de vie des intermittents et pas la lutte, des intermittents écrasés. Comme si on pouvait dissocier aujourd’hui après trois ans l’intermittence de la lutte. Ça m’intéresserait d’essayer de comprendre comment, quand ça devient spectacle, parce que c’est devenu un spectacle, ça n’a plus de pouvoir, ça a l’effet contraire même.
Arlette : D’abord, je suis tout à fait d’accord quand vous disiez au départ, je n’étais pas engagée politiquement, et puis du fait de venir à la coordination, parce que justement d’une part un groupe vous autorise la parole, c’est énorme, et après cette parole elle ne tombe pas toute seule, elle est reprise par tous les autres. Elle est recueillie par une communauté donc là elle a toute la force. C’est un peu ce que je disais. La parole singulière fait événement, quand je dis ça dans un livre d’histoire ça fait idiot, parce que si on ne pense ce que vous venez de dire, cette parole singulière recueillie soit par ceux qui étaient autour de vous, soit par un historien on peut prendre plein d’exemples. Sur le premier temps ce que vous venez de dire, je trouve que bien sûr, il faut... Je ne jetterai jamais le bébé avec l’eau du bain. Ces paroles singulières elles sont très importantes et je continuerai toujours à travailler avec elles. C’est la façon de les intégrer à un discours, à une lutte, à un mouvement, à une communauté, à tous les mots que vous voulez qui est importante et qu’elle devient une situation politique partagée, discutée ou conflictuelle parce qu’il n’y a pas que du consensus et tant mieux.
[...]
Stéphane : Quand des mouvements se développent uniquement sur le thème de la ferveur, là je parlerai d’un lieu qui n’est pas du tout a priori politique, peu connu ici, qui est les supporters de football, le mouvement ultra, immédiatement on va effectivement le caricaturer parce que le peuple assemblé dans des tribunes qui réclame un droit d’expression, qui dit le stade nous appartient et qui se réclame d’une ferveur, ça pose un problème. Donc là, c’est ce qu’on ne montrera jamais à la télévision et qui nécessitera pour le voir d’avoir la présence de son corps dans le stade. Je ne vois pas à quel endroit on peut faire politiquement renaître cette ferveur dont vous parlez qui permet aux gens de se retrouver d’un seul coup dans une émeute au XVIIIe siècle. On ne sait pas pourquoi d’ailleurs ce rêve d’émeute. Pourquoi ces gens d’un seul coup...
Arlette : Ils n’ont pas le rêve.
Stéphane : Non mais pourquoi d’un seul coup ça démarre.
[...]
Arlette : Si vous voulez parler sur la ferveur, évidemment ça se termine par le Heysel, mais ce n’est peut-être pas inéluctable que ça se termine par le Heysel. En tout cas, ce que vous me demandez là, je n’ai pas plus de réponse que vous, savoir si la ferveur... Je vois très bien les dérapages de la ferveur... Vous pourriez même être plus dur, et me dire et Hitler, et l’hitlérisme, il y avait de la ferveur. Je sais très bien tous les dérapages qu’il y a derrière et comment quand on parle de ça, il faut mettre plein de garde-fous, que la ferveur c’est le pire et le meilleur. Je vous rejoins. Mais je veux dire... Sans ferveur il n’y a rien. Je ne veux pas croire, c’est peut-être une utopie, que la ferveur mène au Heysel ou à Lepen. [...] Je sais ce qu’on peut dire derrière ferveur. C’est cul-cul d’une part, c’est vieille France, c’est tout ce que vous voulez sauf que je l’ai vue - je l’ai vue, non je ne l’ai pas vue - enfin je l’ai vue fonctionner au XVIIIe siècle mais je ne l’ai pas vue non plus. Enfin j’ai cru la voir dans... enfin voilà. Je la pense opératoire, pas tous les jours, pas tout le temps et pas forcément inéluctablement entraînant vers des désastres mortifères. Dès qu’on essaye quelque chose on nous toujours, vous le savez très bien... On ne cesse de nous dire, il faut qu’il n’y ait aucune idéologie, il faut qu’il n’y ait rien parce que de toute façon il y a eu le nazisme, il y eu le marxisme. Alors moi je veux bien qu’il n’y ait rien mais d’abord on baigne dans l’idéologie de toute façon. Donc dire qu’il ne faut pas qu’on soit dans l’idéologie c’est une folie pure, c’est un non sens pur. Ce n’est pas parce qu’il y a eu le nazisme qu’on va s’empêcher d’inventer autre chose. On ne peut pas, on ne peut pas... Ou alors moi je préfère carrément mourir. Enfin je le dis vraiment comme je pense. On est tellement stoppé dans... Il y a eu le stalinisme, il y a eu le nazisme, il y a eu ceci, il y a eu cela, et il y a encore ceci cela. Alors d’accord, plus d’idéologie, plus rien, plus de ferveur, plus d’élan, alors quoi ? Alors je mange, je dors, je viens vous parler, pourquoi ? Pourquoi ?