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Attention fragile : précaires, intermittents, chômeurs, non à la précarisation

Publié, le mardi 24 avril 2007 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : lundi 30 avril 2007


Premier communiqué de l’occupation du siège de l’Unédic (24/04/07)

Nous, chômeurs, salariés précaires et intermittents, occupons depuis 19h le siège de l’UNEDIC à Paris, au 82 rue de Reuilly, M°Montgallet afin d’interpeller les responsables de la précarisation.

Nous ne sommes pas des variables d’ajustement

Depuis 30 ans, chômage de masse et discontinuité de l’emploi déterminent - provisoirement ou dans la durée- les parcours de la quasi-totalité des salariés (80% des embauches se font désormais en CDD). Cette alternance de périodes de chômage, de formation et d’emploi s’accompagne d’une fragilisation inacceptable de ceux qui la vivent. Ainsi, alors que l’on glose sur une « sécurité sociale professionnelle » supposée venir remédier à l’incertitude qui marque désormais la vie des salariés, l’un des derniers dispositifs qui assurait une continuité de droits à des salariés à l’emploi discontinu, le régime d’indemnisation chômage des intermittents, est en butte depuis près de 4 ans à une entreprise de destruction.

Les discours publics énoncés lors de la campagne électorale passent sous silence ces questions sociales fondamentales - qu’on pense aux révoltes d’octobre/novembre 2005 et au « mouvement anti-CPE » du printemps dernier !- ou y répondent par l’invocation vertueuse à « réhabiliter le travail ». Derrière la « réhabilitation du travail », c’est encore la dégradation des conditions vécues par les travailleurs qui se profile, comme avec le RMA, « emploi aidé » pour lequel l’allocation RMI est directement versée à l’employeur. Ces proclamations de bonnes intentions visent en fait à stigmatiser davantage des millions de précaires et de salariés, « assistés » ou insuffisamment productifs. Elles préparent le terrain pour de nouvelles et dramatiques régressions en matière de droits collectifs, tandis que profits et inégalités explosent.

Caricature d’un dialogue social privatisé et technocratique, le paritarisme qui régit l’assurance-chômage refuse d’accorder voix au chapitre aux premiers concernés. Or cette institution doit des comptes aux millions de salariés qui la financent, souvent sans ouvrir de droit à indemnisation en cas de chômage (plus de la moitié de chômeurs ne sont pas indemnisés). Sous prétexte de déficit, chacune de ses « réformes » a été nuisible aux ayants droits, encourageant l’acceptation de n’importe quel emploi dans n‘importe quelles conditions.

Déficit de quoi ? Déficit de démocratie

La Constitution de ce pays stipule que « la société doit à chacun de ses membres des moyens convenables d’existence », force est de constater qu’il n’en est rien : on va jusqu’à présenter les allocataires du RMI comme des parasites voués à l’indignité, sans jamais indiquer, par exemple, qu’un tiers de ces allocataires aux faibles salaires occasionnels sont en fait des travailleurs pauvres. Sous couvert d’insertion, l’inflation d’une rhétorique des devoirs et la prolifération des modalités de contrôles accompagnent le reflux des droits sociaux.

Afin de déposséder plus encore les salariés, on leur dénie toute compréhension de leur propre situation. L’appel constant aux « experts » a pour fonction de légitimer des décisions d’autant plus « difficiles » qu’elles s’attaquent au plus grand nombre (chômage, retraite, santé). On fabrique donc l’ignorance et, tout comme le dénombrement des chômeurs fait l’objet de manipulations (cf. la non-publication des statistiques INSEE), l’Unedic tient mordicus à son fonctionnement parfaitement opaque (jusqu’à interdire à des chercheurs indépendants l’accès à ses données, comme ce fut le cas lors de l’enquête de la coordination des intermittents et précaires).

Aggravant celui de juin 2003, un second protocole Unedic régissant les annexes VIII et X de l’assurance-chômage qui développe aléas, inégalités et exclusion à l’encontre des intermittents entre en application, nous refusons que des droits capitalisés avantageant les plus employés et les mieux payés mettent fin à toute mutualisation. Pour limiter l’insécurité sociale due au chômage et à la discontinuité de l’emploi, il faut instaurer une continuité de droits, chaque jour chômé doit être indemnisé.

Tout en radiant massivement des chômeurs, on ose nous promettre une énième fois le « retour au plein emploi » ; nous voulons que soit publiquement établie l’ampleur réelle du chômage et de l’emploi précaire. Une refonte de l’indemnisation du chômage doit être débattue par les partenaires sociaux. Un tel enjeu ne doit pas être confisqué mais faire l’objet d’un réel débat public et contradictoire. L’Unedic doit autoriser l’accès aux données qu’elle détient.

Nous appelons l’ensemble des concernés, salariés en poste, au chômage ou en formation, à venir soutenir l’action en cours et à organiser, partout où c’est possible, des actions collectives là où se décident notre sort.

Paris, le 24 avril 2007.





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