SOCIAL - ÉCONOMIE
Précarité. Les intermittents campent sur les toits de l’UNEDIC depuis mardi soir et réclament l’abrogation des conventions chômage.
Entre les deux tours des présidentielles, la Coordination des intermittents a décidé de se rappeler aux bons souvenirs des candidats. En occupant les toits du siège de l’UNEDIC, rue de Reuilly, dans le douzième arrondissement de Paris. Un bâtiment bunkérisé comme un site classé défense. Cela n’a pas empêché quelque deux cents intermittents de pénétrer et d’occuper les lieux à la barbe des vigiles de tout poil. Hier midi, un rassemblement au pied de l’immeuble regroupait des collègues mais aussi des familles de sans-papiers. « Tous précaires, tous unis », scandaient quelques-uns d’entre eux. Jointe au téléphone, Gilda, monteuse de son métier, est sur les toits depuis le début des opérations. Réfutant l’idée de spectaculaire, elle estime que sa présence est justifiée « parce que c’est ici que siègent ceux qui décident de notre sort, de notre vie, de notre devenir. Nous ne sommes jamais invités aux discussions de l’UNEDIC, alors nous nous sommes invités ». Prenant au mot le patron de l’UNEDIC qui parle d’une refonte de cet organisme, les
intermittents sont convaincus que cela passe par une remise en cause profonde du système, pour en finir « avec l’opacité des chiffres, le paritarisme ». « On nous parle de réhabiliter le travail , nous, nous parlons de droits sociaux, des droits des personnes, hélas, sans cesse rognés. »
Cette initiative, pour symbolique qu’elle soit, relance le débat sur l’intermittence, à ce jour réglé à la hussarde par le gouvernement actuel, avec la complicité du MEDEF et de la CFDT, dont le « nouveau » protocole est entré en vigueur début avril. Un énième coup de force inlassablement dénoncé par les intermittents qui révèle, avant toute chose, les revirements et la frilosité, selon qu’ils soient de droite ou de gauche, des principaux candidats à la présidentielle (d’aucuns se gardent bien d’évoquer le vote d’une loi-cadre comme ils s’y étaient engagés il y a quelques mois encore). Mais aussi la formidable croisade sur « la France assistée » qui désigne les chômeurs, les érémistes, les précaires ou les
intermittents comme les boucs émissaires de la faillite du système. Ajoutez à cela les idées véhiculées sur la « valeur travail » et la boucle est bouclée. Après avoir joué la montre, le gouvernement joue le pourrissement dans cette affaire qui a mis au jour un système
inadapté, défendu par les seuls MEDEF et CFDT. Au-delà de la représentativité des partenaires, sociaux ou politiques, c’est un déni de démocratie qui consiste à ne jamais tenir compte de l’avis des principaux intéressés. M. Donnedieu de Vabres peut se vanter auprès de qui veut l’entendre qu’il a réglé le problème des
intermittents. Il a surtout contribué à défaire un peu plus l’idée de mutualisation et de solidarité interprofessionnelle en se substituant, au nom de l’État, à l’assurance chômage. Ce qui doit faire rosir de plaisir la patronne du MEDEF.
Marie-José Sirach
26 avril 2007.