CIP-IdF/Commune Libre d'Aligre : 3 rue d'Aligre-75012-Paris / Tél: 0140345974 Contact Plan


Suivez la CIP

             

Abonnement liste infos

Abonnement liste de discussions et débats

L'essentiel

 

recherche :

Accueil  >  Université Ouverte  >   Année 2008-2009  >  Le gouvernement des individus - Université ouverte 2008-2009.

Le gouvernement des individus - Université ouverte 2008-2009.

Publié, le dimanche 5 octobre 2008 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : jeudi 17 juillet 2014


Pour cette troisième année de l’Université ouverte, la Coordination des intermittents et précaires propose à nouveau un temps dédié aux confrontations et à la réflexion sur ce qui nous arrive .

Il s’agira de reprendre, autrement et avec d’autres, le fil suivi en 2007 lors d’une lecture du cours de Michel Foucault donné en 1977-78, Naissance de la biopolitique [1]. Ce cours analyse l’émergence du néolibéralisme non pas comme une marchandisation généralisée mais comme une technique de gouvernement des sujets qui vise à faire de chacun un entrepreneur de soi [2] et dessine la société comme un ensemble d’entreprises.

Nous avons choisi de renouer avec l’analyse foucaldienne du libéralisme car nombre de ses apports font écho à l’expérience à laquelle se confrontent les chômeurs et les précaires, les salariés, discontinus ou non, en formation ou en poste. Le management par l’entreprise et par ce que l’on continue d’appeler, faute de mieux, l’« État-providence », le suivi personnalisé des chômeurs et des allocataires, l’accompagnement vers l’emploi, la gestion des minima sociaux, sont autant de techniques d’individualisation qui interviennent directement dans la vie et les comportements d’usagers sommés de devenir autonomes [3] : l ’Unedic digère l’ANPE et devient « France emploi » ou, plus glacial encore, « Pôle emploi », l’« offre raisonnable d’emploi » installe une nouvelle gare de triage tandis que l’instauration du RSA doit activer 3,5 millions de pauvres [4]...

L’université ouverte 2008-2009 sera également consacrée à une série d’ateliers dédiés au thème de la culture, en partant de l’hypothèse que les politiques culturelles [5] n’expriment pas seulement des choix économiques et des stratégies culturelles, comme nous l’avons vu pendant le conflit des intermittents, mais qu’elles exercent également des effets sur les subjectivités et les pratiques.

Ces politiques culturelles constituent, toujours selon cette hypothèse, un instrument de gouvernement des populations - les « publics » - et de gestion des territoires et de la ville. Séparées de la société (économie, social, travail, etc.), elles n’opéreraient plus alors que comme une plus-value réservée aux classes dominantes.

Nous reprendrons à cette occasion à notre compte une question formulée par Félix Guattari [6] : « Comment produire de nouveaux agencements de singularisation qui travaillent pour une sensibilité esthétique, pour le changement de la vie à un plan plus quotidien et, en même temps, pour les transformations sociales aux niveaux des grands ensembles économiques et sociaux ? »

L’analyse de Foucault peut permettre de saisir la généalogie et le sens de ces relations de pouvoir : comment sommes-nous passés d’un gouvernement des âmes exercé par le pouvoir pastoral de l’église chrétienne au gouvernement des hommes exercé par l’entremise des dispositifs de l’« État-providence » et de l’entreprise et leurs techniques d’individualisation ?

Il s’agit de proposer plusieurs pistes à la discussion publique, à partir de la lecture de textes de Foucault et de l’analyse de diverses expériences, dont les permanences d’accueil et de défense des droits qui se déroulent à la coordination des intermittents et précaires [7] et l’enquête collective en cours sur les pratiques sociales, le travail, l’emploi et les droits sociaux dans un contexte de précarisation [8].

Ces activités font elles-aussi apparaître la spécificité de relations de pouvoir qui s’exercent non seulement depuis le surplomb de la souveraineté (la loi), par le contrôle des corps (l’État pénitentiaire) et des rythmes (l’emploi), mais directement à même la trame de l’existence, des subjectivités [9]].

Décrire le fonctionnement et la logique de ce gouvernement des conduites suppose d’interroger à la fois les modalités d’assujettissement et les usages que chômeurs, précaires et salariés font de ces dispositifs. Comment les « usagers » utilisent-ils les revenus et les droits ? Quels processus de fuite, de détournement et de résistance (les contre-conduites parfois évoquées par Foucault) peuvent s’opérer dans une société structurée par l’individualisation ? Quel type de rapport à soi est susceptible de transformer la subjectivité ? Comment inverser ou détourner des relations de pouvoir qui visent à assujettir, qui imposent leurs « styles de vie » ?

Ce cycle de rencontres se composera de séances plénières mensuelles au cours desquelles différents intervenants présenteront leurs activités et leurs recherches pour introduire à des échanges ainsi que d’ateliers ponctuels dévolus à un travail de groupe sur telle ou telle thématique.

Les séances de l’université ouverte ont lieu à 18h30, à la coordination des intermittents et précaires, 14 quai de la Charente, 75019, M° Corentin Cariou, ligne 7

Jeudi 9 octobre 2008 : Suppression du RMI, instauration du RSA, Nicolas Duvoux [10].

Mercredi 29 octobre 2008 : Un gouvernement à la culture ?, Alain Brossat, Mathilde Priolet et Aline Caillet [11].

Jeudi 27 novembre 2008 : Le concept d’usager, Mathieu Potte-Bonneville [12].

Jeudi 18 décembre 2008 : Restitution d’ateliers sur les techniques de gouvernement des pauvres et des précaires, à partir de récits recueillis dans le cadre de la recherche collective en cours et d’une lecture de textes de Foucault dont « Omnes et singulatim » : vers une critique de la raison politique [13] et des extraits de Sécurité, territoire, population, (Gallimard, Seuil, Hautes Études, 2004).

Jeudi 22 janvier 2009 : La condition néolibérale : comment la définir, pourquoi l’épouser ?, Michel Feher [14].

Mercredi 18 février 2009 : Souci de soi, souci des autres, Liane Mozère [15].

Jeudi 19 mars 2009 (sous réserve) : Vies ordinaires, vies précaires, Guillaume Le Blanc

Avril, attention : la séance annoncée (sous réserve) le Jeudi 23 avril 2009 : analyse d’un corpus de lettres envoyées à Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, n’a pas lieu. En lieu et place :

Jeudi 30 avril : Rompre avec la logique de l’évaluation ? Avec Charlotte Nordmann, qui a publié La fabrique de l’impuissance"‰ : tome II, L’école entre domination et émancipation (eds Amsterdam). Des précisions suivront.
D’ici là on consultera Le carrosse du commun et la citrouille individuelle. Qui sait ? [16] de Muriel Combes, ainsi que divers textes ayant trait à la fonction de l’école, au savoir [17].

Jeudi 21 mai 2009 : Qu’est ce qu’une enquête collective ?

Où en est-on ? Comment continuons-nous ?, telles étaient les questions envisagées pour une séance de clôture le 25 juin 2009, celle-ci n’aura pas lieu, ces questions seront abordées ailleurs.

L’actualité, des contributions de chercheurs et de collectifs, des conflits sociaux, conduiront à ce que soit proposés d’autres rendez-vous que ceux indiqués ici. L’annonce des ateliers se fera au fur et à mesure de leur programmation. Le programme sera précisé ultérieurement.

On trouve annonces et compte rendus de séances, ainsi qu’un corpus de textes à la rubrique Université [18].

Nous avons depuis publié une série de textes issus de la recherche collective sur la précarité et ses enjeux :

La précarisation et le morcellement du temps - Enquête collective

Déprolétarisation et nouvelle prolétarisation - Enquête collective

Techniques de pouvoir pastoral : le suivi individuel des chômeurs et des allocataires du RSA - Enquête collective

Dette objective et dette subjective, des droits sociaux à la dette - Enquête collective


Alerte SMS : Indiquez à accueil cip-idf.org un n° de téléphone afin de recevoir un SMS pour être prévenus de rdvs d’actions ou d’autres échéances importantes.



Notes :

[3L’autonomie, fiction nécessaire de l’insertion ? Nicolas Duvoux (sortir de l’assistance). Ces techniques d’individualisation transforment radicalement la signification des dispositifs sociaux : les allocations-chômage, les aides sociales et les politiques d’insertion n’assurent pas des droits mais tendent à mettre en oeuvre des incitations (l’emploi !). De tels dispositifs matérialisent un continuum de peurs qui informe les vies : peur de déchoir au modèle de réussite et de consommation, angoisse du lendemain, insécurité éprouvée sous la menace d’être radié, de subir la visite domiciliaire d’un agent contrôleur de la CAF, de devoir prouver son employabilité, d’avoir à répondre à des interrogatoires sociaux ; les moyens les plus divers incitent et imposent la libre adoption de styles de vie normés.

Une fois de plus, la réforme continue de ces institutions et rapports prétend s’accélérer : une série de dispositifs sont en cours de refondation (patronale)[[Refondation « sociale » patronale : Le Pare, une entreprise travailliste à la française

[8Les séances de l’université ouverte sont organisées en lien avec une recherche collective en cours sur la précarisation, voir la rubrique projet de recherche. Cette recherche est soutenue par le Picri

[9De la production de subjectivité, Félix Guattari

[12Le concept d’usager. On peut également prendre connaissance d’un dossier de la revue Vacarme : Usagers, comme ils disent.

[18Rubrique Université ouverte



Retour en haut de page

 

Retour en haut de page