Licenciements, augmentation de la pauvreté, dislocation du service public. La situation sociale est sous tension mais la situation politique est amorphe : aucune journée de grève depuis des mois, peu de mouvements de contestation depuis la rentrée. Voilà plusieurs mois que nous avons commencé à nous organiser, nous, chômeurs, salariés et étudiants contre le mépris que nous subissons. Les diffusions de textes, les occupations et les décontaminations de Pôle Emploi se sont succédées en Bretagne et ailleurs. Et là, interviennent des marches régionales contre le chômage, la précarité et les licenciements au milieu de l’automne, sous la pluie bretonne et dans la grisaille sociale. La marche bretonne ponctuée d’actions, s’étale sur 2 semaines : du 20 au 24 à Brest, du 25 au 26 à Morlaix, du 26 au 28 à Lannion, puis Quimper, Saint-Brieuc la deuxième semaine, pour finir le 5 décembre à Rennes par une manifestation régionale.
Appel à occupation ! A Brest, la manifestation du vendredi 20 novembre s’est conclue par l’occupation de la mairie. Cette occupation est intervenue le jour du départ des marches régionales. L’occupation a commencé par une intervention à un colloque organisé à la mairie autour des « questions d’habitat, les acteurs de l’immobilier dans l’agglomération brestoise ». Nous nous sommes rendus à plusieurs dizaines à la tribune pour arracher une prise de parole. Nous avons exprimé notre sentiment de révolte envers les décideurs politiques, les techniciens et les gestionnaires du logement. Ainsi, nous avons élu domicile à l’Hôtel de ville depuis déjà cinq jours. C’est dans ce contexte que nous lançons ce modeste appel à l’occupation des mairies et des bâtiments publics stratégiques.
Pourquoi occuper ? La précarité touche ou menace chacun d’entre nous, et se réunir pour s’y opposer est essentiel. S’organiser, c’est donc se prémunir de l’isolement, mais aussi combattre la culpabilisation que l’on nous fait endosser. Là où les salariés disposent de locaux syndicaux, nous, précaires, ne bénéficions d’aucune salle pour nous organiser. C’est une manière de préserver notre motivation, pour continuer la lutte et la vivre tous ensemble, 24h/24h. Occuper pour avoir un lieu, un lieu qui permet à chacun de se renseigner, de participer, de nous rejoindre. Occuper pour agir vers l’extérieur, la ville, ses Pôle Emploi, sa CAF et ses hauts lieux du contrôle social.
Pourquoi la mairie ? Parce que notre collectif n’est pas reconnu administrativement et ne peux pas réserver la salle municipale, telle que la maison du Peuple ou la maison des syndicats. Parce que quand bien même nous disposerions de l’autorisation de louer la salle des syndicats, nous ne sommes pas disposés à payer 100 euros afin de rendre public un débat évité par les dirigeants de la société. La mairie, c’est le lieu central par exellence, celui qui rend visible au plus grand nombre notre mobilisation. Comme dans ce monde, il n’y a pas de logement pour tous, nous occupons la maison commune, la maison de toutes et tous. Nous nous approprions un lieu mais surtout des moments de vie, arrachés au sinistre système marchand.
Qu’est ce qu’occuper ? Occuper c’est rompre la morosité ambiante. C’est assurer un point d’accueil à la journée pour les chômeurs et les précaires. Une permanence quotidienne où nous précaires, radiés de Pôle Emploi, aux allocataires du RSA obligés de payer la taxe d’habitation (dispensée précédement aux personnes recevant le RMI) pouvons venir exposer nos problèmes spécifiques, trouver une réponse collective et s’organiser en conséquence. Occuper c’est s’organiser collectivement : Assemblées Générales, préparations d’actions. Occuper c’est créer. Créer un lieu de convivialité avec ses joies, ses peines, ses tensions... bref des émotions partagées au cours des repas collectifs, des ateliers (projection, écriture...) et des éprouvantes nuits de sommeil. Ah ! quel bonheur lorsque la vie remplace la gestion !
Notre objectif. Nous cherchons à amplifier le mouvement des précaires, des humiliés et insoumis. Cette occupation de la mairie ne suffit pas. A Brest, elle ne sera que temporaire mais elle en appelle à d’autres occupations. Que se succèdent les occupations pour engager un rapport de force avec les pouvoirs publics. Le gouvernement doit prendre acte, des précaires s’organisent et entendent ne rien lâcher.
mail : reseaudesluttes.brest gmail.com
Le collectif « en marche contre l’injustice sociale » de Brest
Vidéo de Canal Ti Zef de la manifestation du 20 novembre
Compte-Rendu de la table ronde « urgence et précarité ».
Rencontre entre les services sociaux de la Mairie de Brest
et le collectif brestois « en marche contre l’injustice sociale »
Ce vendredi 27 novembre 2009, une « table ronde » sur le thème de l’urgence face à la grande précarité s’est tenue de 10h15 à 12h00 au C.C.A.S. ( Centre Communale d’ Action Sociale), rue Jules Ferry.
La Mairie et le C.C.A.S. était représentés par : M. Le Dauphin, directeur du cabinet du Maire, Mme Quiguer, élue socialiste, chargée du logement, M. Coatanéa, élu socialiste, chargé du social, Mme Bélec, élue communiste, chargée de la solidarité, Mme Ghazani, directrice du C.C.A.S, Mme Roignant, directrice du C.H.R.S (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale).
Le collectif brestois « en marche contre l’injustice sociale » était représenté par : Yannick, Tiphaine, Léa, Fanch et Manu.
Cette rencontre nous avait été proposée, à l’initiative du Maire et de Mme Abiven, conseillère municipale, la veille à 18h00.
Nous avons d’emblée regrettés le délai très court qui ne nous a pas permis de préparer cette rencontre à notre façon et avons jugé cette manière de procéder quelque peu cavalière. Ce qui nous a valu un « bon mot » de Mme Bélec : « c’est une réponse urgente à une situation urgente ! ».
Nous avons également bien précisé que nous n’étions pas là pour participer à la gestion de la misère mais pour lutter contre celle-ci. Quand nous leur avons fait remarquer qu’ils étaient payés pour cette gestion, les élus nous ont répondu qu’ils n’étaient pas salariés, mais indemnisés. Nous préférerions alors les voir mieux justifier de leurs indemnités par une action plus rapide et plus efficace.
La discussion a porté sur l’information des citoyens et plus particulièrement des défavorisés. La municipalité à parler de ces efforts en la matière : un site internet accessible gratuitement dans les points P.A.P.I. Comme si internet, c’était le quotidien des S.D.F ! Encore une fois a été rappelée la nécessité d’une sorte de « Guide anti-galère » qui n’existe toujours pas : à la fin des années 90, suite au mouvement des chômeurs en lutte il en était déjà question. Évidemment, rien n’a été fait.
Par la bouche de Fanch, S.D.F. Locataire du Foyer du port, a été évoquée la difficile, mais nécessaire, mobilisation des sans-logis. Mme Quiguer a tenu à nous préciser qu’un espace de discussion existait déjà au sein du C.H.R.S (Foyer du port) et qu’il devait évoluer.
Bref ! Un lieu de blablas...C’est déjà mieux que rien, mais c’est d’agir plus que de parler, qu’il faudrait, non ?
Fanch a également parlé de la difficulté pour les S.D.F expulsés de leur domicile d’avoir un endroit où stocker leurs affaires. Mme Quiguer s’est référé au formidable tissu associatif brestois, qui s’occupe de ce genre de problèmes, et qui participe aux côtés de la municipalité à la « gestion de la misère ». Mais il faut se demander ce que font ces croqueurs de subventions car, ces affaires, à lui, Fanch, elles sont bloquées dans les différents squats qu’il fréquentait et qui ont été fermés par les pouvoirs publics !
Nous avons aussi exprimé le besoin, à nos yeux, d’une réactivation du Fonds d’Urgence Sociale, qui avait été mis en place par le gouvernement Jospin, fin 97-début 98. Il nous a été répondu que la gauche n’était plus aux affaires. Nous avons alors dit que nous n’étions pas sans le savoir et que les socialistes et la communiste qu’ils sont censés être pourraient se servir de leurs réseaux pour faire remonter cette idée qui exprime l’une de nos revendications.
Le feront-ils, seulement ?
Les projets du C.C.A.S. concernant l’extension de l’accueil des S.D.F nous ont été ensuite présentés. On s’est alors empressé de nous informer qu’ils étaient financés par la D.D.A.S. ( Délégation Départementale à l’Action Sanitaire et Sociale), c’est à dire par l’État. Sous-entendu : « Ce n’est pas de notre faute si ça ne va pas plus vite » ?
Nous avons aussi interpellé nos interlocuteurs sur la question des haltes-garderies qui devraient pouvoir accueillir gratuitement les enfants des chômeurs et des précaires pendant qu’ils sont en entretien d’embauche, en démarches administratives ou en quémandes de charité auprès de ces organismes de l’assistanat institutionnalisé que sont les associations charitables tels que le Secours Catholique, le Secours Populaire et autres St-Vincent-de-Paul...
Nous constatons que le réseau caritatif ne s’avère pas très efficace. Nous acceptons de transmettre les informations concrètes que la Mairie nous a transmises, en précisant bien que ce n’est pas notre boulot. Nous acceptons en revanche de reconnaître qu’un certain travail est effectué quant à l’urgence, mais, quant aux causes, rien n’est fait.
Nous avons fait remarqué aux élus et au directeur du cabinet du Maire que certaines valeurs de la gauche semblaient avoir disparues par manque de combativité et qu’ils n’étaient plus capables de mobiliser, ni l’opinion publique, bien qu’ils aient accès aux médias, ni de mobiliser leurs propres militants, bien qu’ils soient censés avoir des structures politiques. Peut-être qu’ils n’en ont pas envie, au sein d’un système capitaliste qui au fond ne les dérange pas tant que cela.
M. Coatanéa a proposé que nous nous revoyons dans le cadre de réunion programmée. A nous d’en décider.
En tant qu’individu, chaque membre du collectif peut, comme tout citoyen, aider une personne en difficulté à se démener face aux institutions, mais le rôle de notre collectif est politique au sens noble du terme.
En conclusion, nous dirons donc que M. Cuillandre et son équipe se posent en gestionnaires. Pas en élus, pas en politiques, non : en gestionnaires pépères d’une crise qui dure et qui perdure ; tout comme, d’ailleurs, la plupart des élus des villes de France, qu’ils soient, comme lui d’une prétendue gauche ou bien du centre ou de droite : tous, se retranchent derrière un mandat électif qu’ils considèrent comme un blanc-seing les autorisant à toutes les lâchetés.
C’est donc à nous, citoyens, de faire preuve d’un courage politique que nos élus de tout bord ont perdu.
Collectif brestois « en marche contre l’injustice sociale ».
Après Brest, Après Brest, les mairies de Rennes et de Morlaix occupées ; la police expulse les occupants à Rennes,
Refusons le contrôle des chômeurs, qu’ils soient avec ou sans-papiers ! (Mcpl, Rennes)
Nous préférons... une grève des chômeurs - Cafards de Montreuil
Des manifestations contre le chômage et la précarité, pour de nouveaux droits ont lieu samedi 5 décembre à Marseille, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Paris, Rennes
Ni coupables, ni victimes, en lutte ! Contruisons des solidarités !
Il est temps de rejoindre les collectifs existants et d’en créer de nouveaux.
Rennes : Engageons dès maintenant une grève des chômeurs contre notre subordination à l’ordre économique, voir en particulier le tract argumenté sur le fonctionnement de la CAF qui fournit des éléments utilisables pour préparer toute intervention dans ces lieux : Salariés de la caisse d’allocations familiales, chômeurs, précaires résistons à l’entreprise CAF ! :
Paris : Chômeurs, intermittents, précaires, ni coupables, ni victimes, en lutte !
Multiplions les actions avant et après le 5 décembre, retrouvons-nous :
Mercredi 25 nov à 15h à Asnières, M° Courtilles, ligne 13
Samedi 28 à 16h, lors des 2 jours contre l’expulsion de la Cip, 14 quai de charente (M° Corentin Cariou), une rencontre pour préparer ensemble la manifestation du 5 décembre
Mercredi 2 décembre à 11h place du Châtelet
La coordination a dû déménager le 5 mai 2011 pour éviter une expulsion et le paiement de près de 100 000 € d’astreinte. Provisoirement installés dans un placard municipal de 68m2, nous vous demandons de contribuer activement à faire respecter l’engagement de relogement pris par la Ville de Paris. Il s’agit dans les temps qui viennent d’imposer un relogement qui permette de maintenir et développer les activités de ce qui fut de fait un centre social parisien alors que le manque de tels espaces politiques se fait cruellement sentir.
Pour contribuer à la suite :
• faites connaître et signer en ligne Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.
• indiquez à accueil cip-idf.org un n° de téléphone afin de recevoir un SMS pour être prévenus lors d’actions pour le relogement ou d’autres échéances importantes.
Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :
Permanence CAP d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, lundi de 15h à 17h30. Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org
Permanences précarité, lundi de 15h à 17h30. Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite cip-idf.org
À la CIP, 13bd de Strasbourg, M° Strasbourg Saint-Denis
Tel 01 40 34 59 74