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COLÈRE au Centquatre (Circuler, Voir), en réponse au projet « Outrage & Rébellion » (autour des tirs de flashball le 8 juillet 2009 à Montreuil)

Publié, le lundi 1er mars 2010 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : mardi 13 avril 2010


Ce samedi 27 février une trentaine de personnes se sont invitées à la projection de « outrage et rébellion » au 104, exigeant la gratuité ou le prix libre de cette projection dont l’argent de la recette devait être reversé au comité de soutien et au technicien qui assurait la projection. Deux motifs, entre autres, furent évoqués :

1 - le comité de soutien n’existe pas et s’il existe, c’est nous et nous choisissons d’inviter tous les spectateurs !

2 - le 104 subventionné annuellement à hauteur de 8 millions ne peut-il assurer le paiement d’un technicien en-dehors de l’argent des recettes d’une projection « politique » dont tous les films furent réalisés gratuitement ?

Après discussion avec les caissières, les organisateurs et la régisseuse de salle qui menaçaient d’annuler la projection, le directeur (démissionnaire) convoqué sur place, ouvrit la projection à prix libre, tout en rappelant les tarifs en vigueur qu’il ne connaissait pas bien : « 5 euros pour le tarif normal et 3 euros pour les cas ... qui ne sont pas normaux » (sic).

Un texte qui contextualisait cette séance a été lu en ouverture suivi du texte « colère » ( voir ci-dessous). Après un départ houleux, les films furent projetés puis le débat commença dans l’indifférence des organisateurs et réalisateurs pour les premiers concernés par les évènements du 8 juillet à Montreuil. Ce qui donna lieu à une interruption pour tenter de changer les termes de la discussion. Très vite l’organisateur mit fin à la discussion, suivi d’une partie de la salle et de la plupart des réalisateurs, qui visiblement prirent peur de cette confrontation avec le réel.

Ce qui s’échangea par la suite fut fort intéressant et donnera lieu à un compte-rendu ultérieur.


Ce qui fut dit au 104 avant lecture de Colère - En réponse au projet
« Outrage & Rébellion »

Le texte « Colère » a été écrit suite au projet de Nicole Brenez et Nathalie Hubert exposé sur médiapart dans sa totalité : 40 films, 1 par jour, 40 images sur lesquelles nous pouvions cliquer à loisir, choisissant librement l’icône favorite. La présente projection au 104, ce samedi 27 février, était alors annoncée comme l’avant-première de ce film collectif « outrage et rébellion » dans sa version totale soit 180 minutes. Une autre projection intégrale le 29 avril à l’institut de l’image à Aix-en Provence était également annoncée, ceci a changé depuis. Nous ne doutions pas alors de la volonté de faire événement avec ce film. Le site du film en atteste également. « Colère » fut écrit pour refroidir cette ardeur évènementielle.

De même, il fallut, cet été, couper court aux dépêches AFP qui inondaient les journaux de leurs mensonges. Nous avons regardé tous ces films la première fois comme ils se proposaient d’être partagés avec le public, l’accumulation rendant vite ineptes formes et propos, annihilant toute tentative de pensée. Ce projet accumulatif et sincère nous semble au lieu de solidarité véritable et d’expérience partagée se gargariser de sa propre existence, s’annonçant comme l’exploit d’un renouveau du cinéma militant, un événement sur l’événement. Les réalisateurs, par leur geste, répondirent sans doute à l’impuissance politique des temps présents « je peux enfin faire quelque chose ». Peu semblent avoir questionné la pertinence ou l’ineptie de l’ensemble. Que cette projection dite d’avant-première se tienne au 104, morgue culturelle de la politique de Bertrand Delanoë, nous apparaissait tout aussi symptomatique.

Un des quartiers les plus pauvres de Paris s’est vu offrir le cadeau le plus luxueux, le plus coûteux et le plus vaste ... « de la beauté avant toute chose » clame son réalisateur. Au nom de cette beauté la plus-value a grimpé, on a relégué les pauvres de la rue d’Aubervilliers dans des banlieues plus lointaines et le nettoyage, on n’en doute pas, ne fait que commencer. Le projet d’aménagement du XIXème qui détruit au passage les espaces associatifs comme le 45 rue d’Aubervilliers ou la coordination des intermittents et précaires, augure d’un paysage dont nous ne voulons pas.

Des spectateurs non réconciliés, (ceux à qui ces films rendent hommage), contact : circulez.voir gmail.com

COLÈRE
- En réponse au projet
« Outrage & Rébellion »

Le 8 Juillet 2009, à Montreuil, la police, armée de flashball, tire, à hauteur de visage, sur un groupe de manifestants rassemblés devant la Clinique, squat expulsé le matin même. Cinq camarades sont touchés. Suite à cela Nicole Brenez lance un appel (d’offres) à des cinéastes. Beaucoup parmi ceux qui figurent dans son carnet d’adresses y ont répondu mais personne, absolument personne, n’a cherché à nouer contact avec ceux à qui ces films sont adressés et censés rendre hommage. Histoire, par exemple, de se présenter, de faire connaissance, de se documenter.

Le cahier des charges de cet appel ressemblait à : « Un jeune cinéaste, Joachim Gatti, perd un œil à cause d’un tir de flashball à Montreuil ; à vos machines, il faut répondre par les moyens du cinéma ». C’est à cette injonction qu’ont répondu les auteurs de ces films. Or déjà l’énoncé de la commande était partiellement vrai. Les flics ne visaient pas un cinéaste, mais tous ceux qui étaient rassemblés devant la Clinique ce soir-là. Et, au delà, ils ont tiré sur les expérimentations politiques qui s’y menaient depuis des mois : occuper des maisons vides, lutter contre les arrestations de sans-papiers, tenir une permanence sociale, occuper des pôle-emploi et des CAF, organiser des concerts, faire un ciné-club et un magasin gratuit, une radio de rue les jours de marché, une cantine collective, écrire un journal mural chaque semaine, tisser des liens avec d’autres collectifs à Paris et dans d’autres villes...

Lorsque nous avons reçu la première moisson de films du projet « Outrage & Rébellion », nous nous sommes réunis dans une maison occupée à Montreuil pour les regarder. Beaucoup furent agités dans la nuit par ces quasi-horreurs.

Peu de cinéastes ont cherché à prendre position depuis l’événement. Quand on regarde ces films, ce qui apparaît au premier plan, ce sont les réalisateurs, leurs noms, leurs tics, leurs problèmes, leur stylistique, leurs compagnons, leurs appartements, leurs lubies, leurs banques d’images, leurs disques, leurs livres préférés et finalement leurs Curriculum Vitae en ligne sur Médiapart. Le sentiment qu’ici, on se donne à voir plus que l’on ne donne à voir.

L’accumulation fait sens et l’absence absolue de réflexion commune aussi. Ces films finissent par produire une réponse collective paradoxale : ce qui fait « collectif », c’est l’effet collection, l’effet exposition conduite par une commissaire. Ces objets mis bout à bout donnent à voir les dispositions stylistiques que nous sommes invités à choisir sur le grand marché des tendances culturelles.

Ici point de surprises, ces gestes cinématographiques s’inscrivent en rab sur l’événement et se distinguent soit par une plus value narcissique, soit par un surplus de jouissance, soit les deux. La plupart de ces objets sont dédicacés à Joachim puis signés par les auteurs avec un copyright. Ainsi, le caractère tristement public de ce qui s’est passé retourne, par le cinéma, dans la sphère du droit des usages et de la propriété. C’est aussi de pornographie qu’il s’agit : de l’exhibition de la toute puissance de la police - « Mon dieu, toute cette police costumée quand même, quelle horreur... » - à la turgescence ridicule d’un Georges Bataille lue par une jeune fille en fleur, le pas a été franchi ; honte sur eux.

Ce qui spécifie ces réponses, c’est qu’elles ne se tiennent même pas à la hauteur d’un compte rendu de paparazzi. Nous pourrions nous en réjouir, mais non. Chaque film présenté nous vend une salade vaguement formelle, vaguement politique, vaguement révoltée, plutôt compassionnelle, jusqu’au document interminable sur les difficultés de travail de la police racontées par un syndicat de gauche. La figure principale, récurrente jusqu’à la nausée, est la puissance de la police. Au fil des films la vacuité de sa détestation s’impose. Ce qui est sûr, c’est que le monde sensible qui s’exprime dans ces travaux n’est pas le nôtre. Pas tout à fait. Cela ne serait pas un problème si ces films pouvaient nous aider à penser. En réalité, ils ne font que nous rabattre sur les mêmes pauvres visions du réel qui déjà nous étouffaient et contre lesquelles nous essayons de lutter.

Que les choses soient claires : chacun est libre de répondre avec les outils qu’il se donne aux sirènes qu’il entend. Le problème c’est que tout cette « matière filmique », montée et accumulée, va à l’encontre de ce qui se cherche à Montreuil et ailleurs, jusqu’à le rendre absent.

Depuis quelques années, le capitalisme s’est fait remarquer par une disposition à coudre deux affects considérés jadis comme inconciliables : l’opportunisme et la sincérité. Ces travaux sont une des monstrations possibles de cet état de faits. Ils nous attristent et nous révoltent aussi pour cette raison.

Des spectateurs non réconciliés
(ceux à qui ces films rendent hommage)

Contact : circulez.voir gmail.com


- Intervention des « spectateurs non réconciliés » au Centquatre lors de la projection de films du projet « Outrage & rébellion »

- POLICE ON MY BACK - Lettre de spectateurs ayant assisté à la projection "Outrage et rébellion au 104


- 8 juillet 2009 - Chasse à l’opposant à Montreuil : la police vise la tête, un manifestant perd un oeil

- Tir à la tête : La préfecture s’exprime, la presse imprime

- Scandale ! (Le western est-il compatible avec l’écologie urbaine ?)

- Mais que fait la police ?

- Nous préférons... une grève des chômeurs - Cafards de Montreuil

- Montreuil : à Pôle Emploi comme ailleurs, ne pas se laisser faire


Nous sommes les media :

La coordination des intermittents et précaires est menacée d’expulsion par la ville de Paris, le procès a lieu le 9 mars ; plus d’informations et la pétition pour le relogement, signable en ligne :

Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde

.

Merci de signer, faites savoir !





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