À l’appel du Comité de liaison universitaire-précaire
Rennes 2, 12h30 HALL B
En perspective, un travail de liaison avec les étudiants de Nanterre en lutte contre le CROUS et ses expulsions arbitraires, de Brest contre l’augmentation du prix du RU, des mobilisations à l’échelle européenne prévues fin mars contre les politiques néolibérales dans l’enseignement supérieur.
Et enfin, la possible participation au contre-sommet du G8 de l’éducation,
à Dijon en mai prochain.
Pour une université accessible à tous !
L’université, malgré le contrôle continu, la fièvre des examens, la peur du chômage, reste encore un de ces espaces publics où l’on peut chercher à apprendre et comprendre notre monde, prendre le temps de la réflexion ; en dehors, nous sommes bien souvent soumis à un mode de vie où le rendement, l’urgence d’accomplir des tâches et fonctions pré- définies, la subordination à des supérieurs hiérarchiques est au premier plan.
Depuis un certain nombre d’années, les gouvernements successifs et leurs collaborateurs à la tête des établissements cherchent à inverser la tendance qui a vu l’université s’ouvrir progressivement bien au delà des seuls rangs des enfants de la bourgeoisie : développement de frais d’inscription supplémentaires dans certaines universités, volonté de décourager les lycéens de s’inscrire en fac, suppression de postes dans l’enseignement et la fonction publique...
Les bourses sont maintenues à un niveau ridiculement bas tandis que les tarifs et loyers continuent d’augmenter. Les étudiants, malgré leurs revenus réels, sont toujours regardés comme une couche de privilégiés, et pas comme les précaires à l’avenir incertain qu’ils sont. Pour la plupart de ceux qui ne sont pas aidés par leurs parents, il est indispensable de se salarier, ce qui réduit fortement leurs chances de succès aux examens. Nous restons encore prisonniers d’une logique où l’on favorise ceux que la naissance a déjà favorisés.
Dans le même temps, les réformes gouvernementales ont cherché à accorder plus d’autonomie aux universités, c’est à dire dans les faits, à opérer un désengagement financier de l’Etat tout en accordant plus de pouvoir à l’équipe dirigeante pour gérer l’université selon des impératifs de compétitivité et de développement qui impliquent notamment de chercher des partenariats avec les entreprises privées. Cette évolution conduit à deux phénomènes majeurs : l’apparition de diplômes et de travaux de recherche directement commandés par les entreprises ; l’extension visible de la présence des entreprises sur le campus et la privatisation croissante des services.
Un exemple : aujourd’hui, dans 22 académies sur 26, le système de porte-monnaie électronique Moneo a été imposé aux étudiants, alors qu’il a fait un flop partout ailleurs. Dans certaines universités, les étudiants ne peuvent pas boire un café, manger à la cafétéria, voire accéder aux salles de cours, s’ils n’ont pas leur carte sur eux ; tout cela pour que Moneo puisse toucher des commissions sur chacune de leurs « transactions ». L’introduction de Moneo à Rennes 2 est prévue à la rentrée prochaine.
Alors que les directions d’université aiment à s’afficher « ouvertes » sur le monde et sur leur environnement immédiat (notamment les quartiers populaires comme ici à Villejean) on observe une tendance à refuser l’accès des campus à des précaires qui contribuent à les faire vivre, notamment par leurs activités associatives, culturelles, syndicales et politiques, mais qui ne sont pas ou plus formellement inscrits à l’université.
On en connaît les raisons : interdiction de s’inscrire sans le bac (comme si quelqu’un qui n’avait pas le bac était incapable de comprendre un cours d’université) quasi-impossibilité d’être inscrit à la fac quand on touche une allocation chômage ou le RSA, impossibilité de bénéficier d’un statut d’auditeur libre à un tarif modique, frais d’inscription exorbitants pour les cursus longs, plafonnement d’âge pour l’accès aux bourses... Alors que nous vivons dans une société de la formation continue, où la limite entre études et travail est de plus en plus floue, les universités, au lieu de se développer comme secteur public et accessible à tous de production et de transmission des savoirs, tend à régresser vers une fermeture sur soi qui l’apparente à n’importe quelle entreprise privée.
Le comité de liaison universitaires-précaires, qui s’est constitué à la suite du mouvement social contre la réforme des retraites, regroupe essentiellement des étudiants, ex-étudiants, chômeurs, précaires, syndicalistes, militants associatifs, etc., désireux de défendre cette idée d’une université débarrassée des critères de nationalité, de classe et de statut qui en restreignent l’accès. Une université où tous ceux qui veulent y étudier et travailler pourraient inventer ensemble, sur un pied d’égalité, une idée émancipatrice de l’autonomie, opposée à l’autonomie de décision des équipes dirigeantes et des élites économico-politiques.
Avec cette réunion publique, nous vous convions à venir partager des idées (actions, revendications, événements...) quand à la manière de créer une alternative à l’évolution néo-libérale actuelle de l’université.
Comité de liaison universitaire-précaire
univerprecaire at riseup dot net
CPE : Appel du 22 février (Rennes II - Tendance gréviste ni CPE ni CDI), 2006
On peut consulter par ailleurs :
Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère, éditorial et sommaire de L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009
Évaluation permanente et compétences, individualisation et individuation : Qui sait ?, Muriel Combes
Université en lutte et évaluation : Inévitablement (après l’école) , Julie Roux, enseignante, chômeur, philosophe et chauffeur-livreur, 2007
Commencer un mouvement comme si l’on était déjà en train de le continuer... et Pour une politique du savoir, Bernard Aspe, 2009
Contribution sur l’égalité : Le maître ignorant, Jacques Rancière- extraits et 1er chapitre
Université, quelle lutte contre la société de concurrence ?, Cip-idf, 2009
L’école, atelier de la société-usine, L’école en lutte, 1973
Dix Thèses sur l’Université Productive, Cristal qui songe, 1997
Intermittents, enseignants, chercheurs, précaires, ce qui nous rassemble..., Cip-idf, 2004
Pour ne pas se laisser faire :
• Intermittence du spectacle, permanence CAP, Conséquences de l’Application du Protocole Unedic : cap cip-idf.org
• Permanence Précarité : permanenceprecarite cip-idf.org
Lundi de 15h à 18h, à la coordination des intermittents et précaires, 14 quai de charente, Paris 19e, M° Corentin Cariou, ligne 7, Tel 01 40 34 59 74
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