Et vous, quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ?
Après avoir vécu douze ans dans une roulotte de cirque, pour être libre et pour économiser un loyer, Susanne Wiest s’est installée à Greifswald, dans le nord de l’Allemagne. Elle travaille comme maman de jour, sans gagner suffisamment pour joindre les deux bouts : elle doit accepter l’aide de ses parents. Une réforme fiscale, qui l’appauvrit en intégrant les allocations de ses enfants à son revenu imposable, augmente encore son exaspération et son sentiment d’absurdité. Et puis, un jour, elle tombe sur une carte postale. Une carte postale dorée, avec, en lettres blanches, cette simple question : « Quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ? »
Derrière la carte - et la question -, il y a Enno Schmidt, un artiste allemand établi en Suisse alémanique, et Daniel Häni, qui dirige à Bâle Unternehmen Mitte, une ancienne banque reconvertie en centre social et culturel (une exception notable à la règle qui veut que seules les usines désaffectées connaissent ce destin). Ils militent pour un revenu inconditionnel qui serait versé à chaque citoyen afin de lui permettre d’assurer sa subsistance - lui laissant donc le choix d’occuper ou non, en plus, un emploi rémunéré. L’idée séduit Susanne Wiest, qui joint ses forces à celles des deux hommes, multipliant avec eux débats, tribunes et happenings.
En décembre 2008, usant d’un droit accordé depuis 2005 à tout citoyen allemand, elle lance une pétition en ligne demandant au Bundestag de se pencher sur la question du revenu de base. Pour que les parlementaires accèdent à une telle demande, 50 000 signatures sont requises ; la pétition en recueille 120 000. Ce succès inattendu entraîne celui du film réalisé par Häni et Schmidt, et diffusé sur Internet : Grundeinkommen - Ein Kulturimpuls (« Le revenu de base - Une impulsion culturelle », film adossé à un site) : entre sa mise en ligne et le mois de novembre 2010, il a été téléchargé 350 000 fois, l’essentiel des connexions venant d’Allemagne. L’audition de Susanne Wiest au Bundestag a eu lieu le 8 novembre 2010.
Entre-temps, Enno Schmidt et Daniel Häni ont reçu un renfort supplémentaire : celui de Marie-Paule Perrin et Oliver Seeger, un couple franco-suisse qui, après avoir longtemps vécu dans le sud de la France, s’est installé près de Zurich. Anciens de Longo Maï, une coopérative agricole communautaire établie après 1968 dans les Alpes de Haute-Provence, ils sont aux prises, comme tous ceux qui gardent le cœur à gauche, avec le déclin des idéologies progressistes. Le film les frappe au point qu’ils décident d’en produire une version française, disponible en ligne depuis octobre 2010.
Les liens, dont le film, les images, la suite : http://www.peripheries.net/article3...
Pour d’autres points de vue favorables à cette revendication, on consultera :
Les articles de CASH, journal de chômeurs et précaires des années 80 :
• Chômer payé ! Mai 1985.
• Les chômeurs c’est la classe, tract diffusé à la manifestation des chômeurs du 30 mai 1985.
• Conseil gratuit, CASH, journal de l’association des chômeurs et précaires de Paris, n° 1, décembre 1985, n° 1, décembre 1985
• Les Bourses du travail, berceau de l’identité ouvrière - CASH, journal des chômeurs et des précaires, 1986, n°2, mars 1986.
• L’idéologie est la première arme des exploiteurs, n°3, juin 1986.
• Étudiants, si vous saviez, n°5, janvier 1987.
Des interventions, durant les années 90, du collectif d’agitation pour un revenu garanti optimal (Cargo), dont on trouvera les url à la fin de l’article qui suit :
• À gauche poubelle, précaires rebelles - Cargo, mai 1998
Des contributions adjacentes de la coordination des intermittents et précaires :
Nous refusons que tout au long de la vie la durée d’emploi gouverne nos existences et les soumette toujours plus au commandement de l’argent
Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère - L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009
À Paris comme ailleurs, arr€t€z vos salad€s, balanc€z l’os€ill€ !
Quels droits pour les salariés à l’emploi discontinu ?
Contre-propositions pour une réforme de l’assurance-chômage des salariés intermittents
La Ville de Paris veut expulser la coordination.
Préservons cet espace d’auto-organisation et d’activités, inventons un lieu d’après.
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