Le chômage augmente, on va le vérifier cette semaine avec la publication des chiffres, en même temps que sera mis en débat le prochain budget et ses 30 milliards d’économies...
Les féodaux locaux de l’oligarchie travaillent donc pour leur part à faire disparaitre les demandeurs de revenu, tablant sur une tendance spontanée et massive que la complexité d’un RSA dissuasif a déjà favorisé en grand [1]. Aujourd’hui c’est en Ariège qu’une nouvelle offensive travailliste, matinée cette fois de poujadisme, a été lancée [2]. L’article qui suit revient fort à propos sur la signification de cette offensive.
En 1998 [3], un autre président de conseil général socialiste, celui des P-O, avait déjà menacé de contraindre à des heures d’emploi non rémunérées les allocataires du RMI. Une mobilisation de chômeurs et précaires l’avait contraint à reculer [4].
Ubu contre CAFCA : la pensée sociale « normale » au temps de la dictature austéritaire
Le Président du Conseil général du département de l’Ariège a piqué une grosse colère parce qu’un collectif d’usagers du RSA, CAFCA, dénonce comme humiliant et contre-productif les conditions de passage des allocataires en Commission de solidarité territoriale, et l’épée de Damoclès qu’elle fait peser sur des précaires tombés dans les dernières mailles du filet social. Lors d’une conférence de presse, il s’est martialement retranché derrière le respect de la loi et a lourdement insisté sur le « coût » pour les finances départementales, des Ariégeois les plus pauvres. Faisant superbement l’impasse sur les politiques austéritaires et les réformes néolibérales à l’origine de cette situation et renvoyant aux victimes de ces politiques la responsabilité de « s’insérer dans l’emploi durable », alors même que le pays compte désormais plus de 3 millions de chômeurs officiels (avec un taux de 12,1% en Ariège contre 8,4% il y a quatre ans) et que plus de huit millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Monsieur Bonrepaux sait-il seulement qu’il ne fait là que reprendre ce qui tient lieu de pensée sociale au néolibéralisme, s’inscrivant en droite ligne dans les conceptions des dames patronnesses de la Bourgeoisie du XIXè contre laquelle s’est forgée la pensée socialiste, celle qui consiste à trier les bons des mauvais pauvres, en ne se préoccupant nullement des raisons de la pauvreté ? En tous cas son vocabulaire n’en est pas loin : « C’est le Conseil général qui a la charge financière. Nous sommes donc en droit de contrôler et d’exiger des devoirs de la part de nos bénéficiaires » [5]. « Nos bénéficiaires », nos bonnes œuvres ? Et c’est bien ce qui est reproché aux Commissions de solidarité territoriale que de se transformer infailliblement en tribunaux paroissiaux et hauts-lieux de la mauvaise foi structurelle de l’institution.
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