« Quant il ne s’agit plus de politique contre économie, le capitalisme est toujour vainqueur, avec tous et sur tous ». La politique au crépuscule, Mario Tronti [1].
Le MCPL [2], dont la plupart des participants-es sont actifs au Comité de Liaison et d’Action Rennais, relaie l’information suivante.
Ce mardi 9 avril était un jour de mobilisation contre l’accord national interprofessionnel (A.N.I) à l’appel des syndicats CGT, FO, SOLIDAIRES, FSU [3].
A Rennes, le CLAR proposait une action contre le patronat à l’issue de la manifestation. Ce jour-là se déroulait l’événement « Train Industrie et Innovation » sur l’un des quais de la gare. Une aubaine pour prolonger la manifestation et perturber l’opération Job dating [4] où Pôle emploi et des entreprises comme Areva, Total, Toyota, La Poste étaient réunis dans un TGV arrêté. Une quarantaine de personnes armées de sifflets, mégaphone, tract, casseroles ont rapidement mis un terme à cette provocation marketing où un échantillon des pollueurs et exploiteurs de notre époque étaient réunis.
Bottons le train de l’industrie et de l’innovation !
De grands groupes industriels français sont aujourd’hui conviés à bord du train « Industrie et Innovation » pour une opération de communication en partenariat avec Pôle emploi. Dans un contexte de crise économique où l’austérité sévit partout en Europe, où le chômage atteint des niveaux historiques, les précaires sont invité-e-s à se vendre [5]à des employeurs-ses lors de cette véritable foire aux chômeurs-euses appelée Job dating. Quelques minutes pour séduire un(e) patron-ne au sein d’entreprises où les conditions de vie sont de plus en plus dégradées par le management qui y règne et les pollutions et maladies professionnelles que la plupart de ces activités entraînent.
Pôle emploi ne lésine par sur les moyens pour redorer son blason afin de mieux masquer la réalité quotidienne qu’elle impose des deux côtés du guichet [6]. Les conseillers-ères à l’emploi plient sous le nombre de dossiers à traiter et beaucoup d’entre eux/elles ne se reconnaissent plus dans la visée de l’institution. En effet, le contrôle et les sanctions se sont renforcés au détriment des missions de conseil et d’orientation. En résulte une détresse accrue des chômeurs-euses radié-es, en fin de droit ou sommé-e-s de rembourser des indus. L’immolation par le feu de Djamal Chaab devant une agence Pôle emploi à Nantes en est une sinistre illustration [7]. Les raisons de tels gestes et de tant d’autres souffrances à encaisser sont à chercher du côté des discours et dispositifs visant à faire du précaire la figure du fraudeur/profiteur [8], du salarié un chanceux grassement entretenu, du retraité un poids pour les finances publiques, du malade une charge pour la société et de l’employeur-euse la victime du travail trop cher.
L’affaire Cahuzac n’est que la partie émergée de l’arrogance, du mensonge et du vol de la classe bourgeoise (actionnaires, hauts fonctionnaires, magnats de la finance, des médias, politiciens à vie, rentiers...). Au delà de ce séisme politique dont les remous sont imprévisibles, nous assistons bien à une fuite en avant de la classe capitaliste, confrontée à la crise de son système, depuis l’éclatement de la bulle financière en 2008. Et c’est cette fragilisation de ses profits qui justifie pour elle la nécessité de multiplier les attaques à l’encontre des salarié-e-s et des sans emploi, pour continuer à assurer l’enrichissement de quelques uns grâce au travail des autres.
L’accord national interprofessionel (ANI) signé entre le MERDE-F et les syndicats minoritaires (CFDT, CGC-CFE, CFTC) est en train de réduire toutes les protections légales liées au code du travail, aux conventions collectives, aux conseils des prud’hommes, qui limitent les pleins pouvoirs des patron-nes. Désormais, un accord d’entreprise permettra aux employeurs-euses de baisser les salaires, d’augmenter ou de réduire le temps de travail en cas de « difficultés passagères ». Si le-a salarié-e refuse ce chantage à l’emploi, il sera licencié sans indemnité ni reclassement. Ce texte facilitera les licenciements collectifs, permettra l’expérimentation, avant généralisation, d’un CDI intermittent (horaires de travail au bon vouloir du patron, sans prime de précarité ni allocation chômage), et permettra aux employeurs-euses de soumettre leurs salarié-es à la mobilité forcée, sans limite géographique (avec licenciement pour faute en cas de refus)
A l’insoutenabilité du capitalisme à bout de souffle fait face un regain de la combativité ouvrière comme à PSA Aulnay ou chez les Goodyear où les licenciements prévus par les directions rencontrent des résistances. Une pensée en montant à bord du train aux salarié-es de PSA en passant par le wagon de l’UIMM dont les luxueux locaux furent occupés par les grévistes début mars.
Une pensée aussi pour les associations de chômeurs-euses et syndicats qui occupèrent un Pôle emploi parisien jeudi dernier. Ils demandaient à être reçu par le Sapin ministre du Travail et exigeaient la mise en place d’un fond social d’urgence pour les chômeurs-euses. L’arrivée des CRS laisse entendre que la priorité du gouvernement ne semble pas être du côté du social.
Chaque annonce va ainsi dans le sens d’un grand bond en arrière [9] où retraite, salaires et conditions de travail, droits au chômage sont attaqués au profit des AREVA et consorts qui viennent aujourd’hui parader à bord de ce train. Continuer à accorder les pleins pouvoirs aux tenants de l’économie capitaliste représente un réel danger non seulement social mais aussi écologique comme l’enseignent à tout-e-s, sauf aux responsables, les catastrophes nucléaires.
L’austérité ne sera pas notre train-train quotidien !
C.L.A.R (Comité de Liaison et d’Action Rennais) clar [at] riseup.net clar35.overblog.com
Le titre, l’exergue et les notes qui suivent sont de la rédaction.