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Au Festival d’Avignon, les intermittents rappellent à Hollande ses engagements passés


Le Monde - 13.07.2013 par Clarisse Fabre

Publié, le mercredi 21 août 2013 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : mercredi 21 août 2013


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Chaque année, le festival d’Avignon sert de baromètre du climat social dans la culture et les arts. On peut dire que l’année 2013 est sensible. Un an après l’élection de François Hollande, le mécontentement, ou le doute, se lit jusque sur les affiches de spectacle du off.
« Le changement, c’est maintenu ? », interroge la pièce d’Yves Cusset, à l’espace Alya, en souvenir du slogan du candidat François Hollande. Les raisons du mécontentement sont multiples : le ministère de la culture verra son budget diminuer en 2014 ; le dégel des crédits ne touche que le spectacle vivant en région, ainsi que les arts plastiques, mais pas les grands opérateurs (opéras, théâtres nationaux...) ; le mot « culture » ne figure pas dans le projet de loi de décentralisation, etc. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui fait les arbitrages, est dans la ligne de mire. L’ancien maire, qui a fait de Nantes une ville culturelle, déçoit. « Jean-Marc Ayrault, vérité à Nantes, erreur au-delà », résume François Le Pillouër, patron du Syndeac, qui regroupe les employeurs des plus gros établissements culturels.

Mais un sujet occupe particulièrement les esprits : l’assurance-chômage des artistes et des techniciens. Les annexes 8 et 10 de l’Unedic prévoient des règles spécifiques pour compenser les aléas de l’emploi artistique. Depuis 2003, les techniciens doivent réaliser 507 heures en dix mois – et les artistes 507 heures en 10,5 mois – et ouvrent des droits sur une période de 243 jours (soit 8 mois). Auparavant, les 507 heures pouvaient être réalisées sur douze mois, et l’indemnisation courait sur autant.

ANNULATION DU FESTIVAL D’AVIGNON EN 2003

La réforme de 2003, signée par le Medef et la CFDT, avait été à l’origine de l’annulation du festival d’Avignon. Dix ans plus tard, il s’agit d’endiguer la contestation : en septembre, les négociations sur l’assurance-chômage vont commencer entre les partenaires sociaux. En période de crise, les annexes 8 et 10 vont-elles être rabotées ? Samedi 13 juillet, dès 9 heures du matin, et avant la manifestation des professionnels du spectacle vivant, vers 11h30, les deux ministres en charge du dossier, Aurélie Filippetti pour la culture, et Michel Sapin pour le travail, ont tenu à réunir les organisations syndicales et patronales du secteur, sans oublier la Coordination nationale des intermittents.

Une réunion solennelle, à la préfecture et en présence du préfet du Vaucluse, Yannick Blanc, à laquelle Le Monde a pu assister. Les deux ministres ont à nouveau exprimé leur soutien sans faille à l’assurance-chômage des artistes et des techniciens. « Je n’accepterai pas de stigmatisation des intermittents ! », a prévenu Aurélie Filippetti. Michel Sapin, lui, a répété qu’il n’y a pas lieu de brandir le déficit d’un milliard d’euros des annexes 8 et 10. Il est logique, a-t-il dit, qu’un dispositif conçu pour des salariés précaires présente une balance négative. En période de crise, l’assurance-chômage doit jouer son rôle d’amortisseur. « Il faut sortir d’un discours idéologisé et simplifié à l’extrême », a-t-il résumé. Et, tandis que que Pôle Emploi a été montré du doigt pour sa « méconnaissance » du dossier et ses contrôles « idéologiques , Michel Sapin a annoncé qu’une réunion serait organisée à la rentrée, entre Pôle Emploi et les syndicats du spectacle vivant. »HOLLANDE ÉTAIT VENU NOUS SOUTENIR EN 2004« Oui mais encore ? La Coordination des intermittents, qui organise un débat sur la réforme des annexes 8 et 10, dimanche 14 juillet, à la Maison du Off, estime qu’il faut aller plus loin. L’un de ses porte-voix, le comédien Samuel Churin, estime que le gouvernement doit soutenir le retour aux »507 heures sur douze mois« . C’est ce que défendaient... les socialistes, dès 2004, avec leurs alliés verts, communistes, et quelques députés de droite, comme Etienne Pinte. Un »comité de suivi« avait été créé, rassemblant la Coordination, des élus de tous bords, des syndicats. »Au printemps 2004, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, François Hollande, alors premier secrétaire du PS, était venu soutenir nos propositions", a rappelé Samuel Churin, samedi matin. Le 12 octobre 2006, les députés avaient examiné la proposition de loi socialiste visant à rétablir les 507 heures sur douze mois. Jean-Marc Ayrault était alors président du groupe PS. Par une manœuvre de procédure, l’UMP avait empêché le vote sur le texte, qui s’était retrouvé enterré.

Aujourd’hui, la Coordination ressort les dossiers et la calculette. Une étude va être menée par le chercheur au CNRS, Mathieu Grégoire, visant à évaluer l’impact d’un retour aux 507 heures sur douze mois. Et le « comité de suivi » a été réactivé il y a quelques jours. Souvenirs, souvenirs.

Clarisse Fabre





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