Ainsi, la remise en cause de la responsabilité publique en matière
d’art et de culture continue de s’aggraver dans notre pays. Le
gouvernement embarque le monde artistique sur une galère lancée à
travers « les eaux glacées du calcul égoïste ».
Archéologie, musées, architecture, « économie numérique », cinéma,
télévision,droits d’auteur et droits voisins, patrimoine, musique,
spectacle vivant connaissent en l’espace d’un printemps malmenage et
démembrement, qui se prolongent dans la préparation du budget 2004.
Aujourd’hui les intermittents du spectacle sont frappés dans leur
régime d’assurance-chômage sans que soient réunies les conditions
nécessaires à son véritable réexamen, et sans que soient dénoncés ni
empêchés les abus reconnus par tous.
Les intermittents du spectacle ne se plaignent pas : ils portent
plainte. Ils accusent la mise à mal, à travers eux, de l’intérêt
public. C’est ainsi que nous entendons leurs mots, leurs cris, leurs
silences aussi. C’est ainsi que nous comprenons leur résistance
capable de surmonter la colère et le chagrin de devoir renoncer à un
spectacle longtemps préparé.
Nous sommes solidaires d’eux et de leurs initiatives afin que soient
respectées les exigences de l’art et de la culture, c’est-à-dire
celles de la véritable liberté : la liberté d’échapper au pur empire
de la nécessité, et de créer du sens.
Aujourd’hui ce respect passe par le refus, auquel doit accéder le
gouvernement, d’agréer l’accord conclu à la hâte.
Il ne s’agit pas seulement de renégocier cet accord. Il s’agit de
redéfinir, dans le contexte d’aujourd’hui, l’enjeu d’une politique
culturelle. La culture est un bien public : sa responsabilité doit
donc l’être aussi.