Compte rendu de l’action du CIP Limousin du 5 mai 2014
Dans le cadre d’une action nationale commune de toutes les coordinations régionales du CIP, la coordination du Limousin a opté, à ma décision, pour une action soft. Deux raisons à cela. Primo nous n’étions que cinq, secundo la majorité d’entre nous n’avait jamais participé à ce genre d’action, j’ai donc décidé pour le bien de tous de nous restreindre à une prise de contact directe avec le public de Pôle Emploi sans occuper les locaux en force.
Nous nous sommes donc rendus à 10 h à l’agence Pôle Emploi au 135 avenue Général Leclerc à Limoges, nous avons déployé notre banderole devant les locaux, et sommes allés à la rencontre des personnes se rendant à l’agence pour leur distribuer des tracts, leur faire part de notre existence et de nos luttes, autour d’un verre, de quelques gâteaux et de quelques bonbons, le tout au soleil, ce qui a permis d’instaurer un climat de convivialité, de générosité et d’échange avec nos interlocuteurs qui se sont avérés très intéressés par notre démarche, et dans la grande majorité se sont sentis interpellés et concernés. Nous avons autant parlé qu’écouté.
Je suis allé rencontrer le personnel de Pôle Emploi, pour les prévenir de notre action. L’accueil a été très courtois même s’il n’a pas été possible de rencontrer la direction, mais une possibilité de rendez vous ultérieur m’a été proposée. Un employé a pris le risque de prendre un tract en douce car il m’a avoué à voix basse être intéressé par notre initiative.
Nous avons pu mesurer par nos rencontres, à quel point le public des chômeurs est mal informé sur la réforme à venir. Peu ou prou sont au courant de la quasi disparition de l’annexe 4 des intérimaires. Les seniors ne sont pas au courant de l’augmentation de la durée de cotisation pour s’ouvrir des droits à 36 mois d’indemnisation, à partir de 50 ans, qui va passer à 52 ans.
Nous avons bon espoir d’avoir noué de sérieux contacts qui viendront grossir les rangs de notre collectif. Et même si ce n’est qu’un seul, c’est déjà ça de gagné.
Cependant, nous sommes aussi confrontés à la réalité de la fracture numérique. En effet, quelques personnes intéressées par nos actions nous ont demandé si nous disposions d’un autre moyen de contact qu’internet, car ils ne disposent pas d’un accès personnel, ou même dans leur entourage. Il sera donc pertinent de réfléchir à la nécessité d’une ligne téléphonique pour le CIP Limousin et peut être d’un lieu permanent et/ou référent.
Nous avons, sur la fin de l’action, rencontré une personne sollicitant notre aide pour des sans papiers de sa connaissance. Nous lui avons bien entendu répondu que nous leur offrirons toute l’aide dont nous disposons.
Le Populaire du Centre a envoyé deux journalistes pour nous interviewer et nous prendre en photo. J’ai bon espoir d’un véritable article objectif puisqu’ils ont découvert effarés certaines informations que j’ai pu leur donner. Je m’étonne malgré tout de la naïveté de journalistes qui n’ont jamais entendu parler du Conseil National de la Résistance. Cependant, je crois, j’espère qu’ils feront un article sensé reprenant clairement nos revendications. A suivre donc...
Pour finir, j’ai eu un bref entretien avec un fonctionnaire de police, travaillant pour les renseignements généraux. Je vous passe les détails de la posture physique destinée à me mettre une pression insidieuse (il a failli me péter deux doigts en me serrant la main), et l’ignorance feinte sur le contenu de nos revendications. J’ai donné mes coordonnées personnelles, puisqu’il voulait un responsable désigné pour cette action précise. Il m’a annoncé que je serais contacté prochainement par son collègue chargé des mouvements sociaux pour obtenir de plus amples renseignements. Merci bien, je n’ai pas de réseau à mon domicile, il peut toujours appeler...
En conclusion. Nous avons pu mesurer à quel point le public de Pôle Emploi est une caste de « privilégiés » comme l’affirme le patronat, vivant avec l’équivalent d’un RSA, certains affamés qui ont profité de notre buffet improvisé pour prendre un bon petit déjeuner pour une fois, accompagnés de leur enfant en bas âge, la mine basse, honteux d’avoir affaire aux aides sociales, découragés, dépités, sans illusions, mais malgré tout plein d’une humanité et d’une chaleur qui nous a rempli de détermination quant à la nécessité de notre lutte.
Alors même si nous même, au départ, nous posions la question de l’intérêt d’une action aussi simple et non violente, peu spectaculaire, en si petit comité, même si nous avons une révolte et une indignation qui nous brûle les viscères, nous avons compris qu’il faut aussi pouvoir dialoguer simplement avec ceux qui n’ont pas eu la chance, le temps, les moyens, de réfléchir aux causes de leur misère, et qu’ils sont en demande de plus de solidarité.
Continuons.
Julien pour le CIP Limousin.
Dans la presse :