Madame la ministre de la Culture et de la Communication, par l’équipe du Festival international du documentaire de Marseille
Par votre visite du 5 juillet 2014 au FID Marseille vous avez mis en danger l’existence même de cet événement.
Dans l’épisode de tourmente que nous vivons et dont le gouvernement auquel vous appartenez est grandement responsable [1], il est tout à la fois inconséquent et méprisant de vous permettre une telle visite, ne serait-elle que de courtoisie.
Vous avez pris par surprise et avez imposé votre présence à une équipe qui avait réussi à se fédérer autour de la tenue du festival. En effet, par consensus général entre tous les travailleurs du FID, qu’ils soient permanents ou occasionnels, salariés ou non, le festival a pu se maintenir et ceci en bonne intelligence avec les représentants de la lutte actuelle.
Votre venue « surprise » a mis en danger cet équilibre, notre travail et la crédibilité de l’événement vis-à-vis de l’action sociale en cours (...) [2].
Votre gouvernement vient d’agréer une réforme dangereuse qui convertit automatiquement et systématiquement toute interruption de travail [3] en plongeon immédiat dans la précarité.
Créer par votre seule présence un tel malaise dans un événement au sein duquel ces questions fondamentales sont éprouvées, tant au niveau de l’organisation en elle-même que du propos défendu, relève de l’inconscience et de la provocation.
Le délégué général et l’équipe du FID se sont engagés à ouvrir les portes à la parole et la réflexion sur la réforme en cours, espérant que la discussion se construise. C’est grâce à cette volonté de marche en avant que le FID s’est tenu cette année. Venir récolter les fruits de cette intelligence qui ne vous concerne plus est inexcusable.
Penser que vous pourriez arriver en terrain conquis parce que votre passé de Présidente du Conseil d’Administration vous ouvrait les portes d’une forme de respectabilité là où vous ne l’avez plus dans les autres festivals l’est tout autant. Votre présence a volé la confiance que l’équipe mettait dans son représentant légitime, le délégué général. Il n’a réussi à la récupérer que lorsque, à notre demande, il vous a demandé de quitter les lieux. Vous entendrez que cela reste fragile et vous en êtes la seule responsable.
Pour autant nous exigeons des excuses publiques même si nous doutons désormais de la valeur de vos paroles.
Il ne vous reste plus, en tant que membre de ce gouvernement, que des actes à poser, des engagements à respecter.
Par un curieux hasard du calendrier l’actualité relaie sans l’écouter la voix des intermittents du spectacle, c’est la voix du peuple qu’il faudrait entendre.
Madame, réagissez ou démissionnez.
Olivier Achez, Kamel Beztout, Vladimir Demoule, Neills Doucet, Remi Galas, Nicolas Guimbard, Joachim Hérard, Agata Lopko, Laurent Marro, Cyril Meroni, Réjane Mouillot, Julie Moreau, Vincent Pedretti, Sophie Nardone, Emilie Rodière, Axel Salvatori, Sarah Terrisse.