Les migrants expulsés du campement de La Chapelle le 2 juin ont été éparpillés en Île de France par la Ville de Paris et la préfecture. Depuis, plusieurs dizaines d’entre eux ont tenté de se regrouper devant l’église Saint-Bernard (XVIIIe) et ailleurs dans le quartier. Ils ont été expulsés par la police plusieurs fois depuis. 32 ont été enfermés en centre de rétention administrative (5 ont été libérés). D’autres continuent à essayer de se regrouper dans le quartier.
TRAQUE SANS RÉPIT DES RÉFUGIÉ-ES DANS LE 18ÈME
Hier, lundi 08 juin 2015, en début d’après-midi, les réfugié-es
expulsés de la chapelle, ont à nouveau été délogés, violemment, du
campement provisoire installé rue Pajol, devant la bibliothèque Vaclav
Havel. A 13h40, ils étaient une centaine quand les CRS ont débarqué
pour les chasser. Seules quelques personnes solidaires étaient sur
place à ce moment-là. Une distribution de nourriture venait de
commencer. Les CRS ont rapidement encerclé les réfugié-es et commencé à les embarquer dans un car qui est parti dans la foulée. Les divers réseaux d’alerte ont été activés et des militant-es, voisin-es etc. ont accouru sur les lieux. La résistance a été très forte. Des chaînes
humaines se sont mises en place. La résistance des réfugié-es et
personnes solidaires a considérablement ralenti le travail des flics.
Plusieurs réfugié-es ont réussi à s’échapper de la nasse. Vers 17h, le
deuxième car est parti avec difficulté, plusieurs dizaines de
personnes ayant tenté de bloquer son départ en se mettant sur la
chaussée. Les CRS quittent les lieux sous les huées du quartier. Les
80 réfugiés arrêtés ont été envoyés au commissariat de l’Evangile dans
le 18e, 30 d’entre eux ont atterri en centre de rétention (14 à
Vincennes, 16 au Mesnil-Amelot). 17 réfugiés ont fini la soirée aux
urgences de l’hôpital Lariboisière : un réfugié a le pied fracturé, un
autre a un testicule explosé...
Le soir même, les réfugiés étaient à nouveau nombreux à se regrouper
devant la halle Pajol. Les personnes solidaires sont là aussi. On ne
lâche rien. La nourriture commence à arriver. Immédiatement, un
nouveau débarquement policier a eu lieu. Les CRS empêchent les gens de récupérer les matelas et diverses affaires. Les renforts policiers
affluent. Pas de relâche pour la chasse !! Les réfugiés ne pourront pas
encore souffler ce soir. A nouveau, la solidarité se met en place.
Plusieurs personnes du voisinage accueilleront pour la nuit des
réfugiés. Un autre groupe trouvera refuge à l’ENS. Et la majorité est
accueillie au Bois Dormoy (un jardin partagé) situé à deux pas de la
Halle Pajol.
La solidarité ne faiblit pas. Envers et contre tout. Contre les
discours mensongers de la mairie et de la préfecture qui prétendent
outrageusement que l’évacuation s’est faite avec humanité, qui
prétendent que les réfugiés ont refusé de demander l’asile, qu’ils et
elles ont tous eu un hébergement... Voisins, militant-es, personnes
solidaires ne s’en laissent pas compter. La solidarité s’accroît et
s’élargit, la résistance aussi. C’est tout le quartier de la Chapelle,
et bien sûr au-delà, qui est désormais mobilisé et qui résiste contre
cette politique de traque aux réfugié-es. Réfugié-es, voisin-es,
personnes solidaires, nous ne lâcherons rien !
DES PAPIERS POUR TOUS !
DES LOGEMENTS POUR TOUS !
REFUGEES WELCOME !
SOLIDARITÉ AVEC LES RÉFUGIE-ES !
Le 7 juin, le groupe des migrants rassemblés devant la Halle Pajol a diffusé un communiqué
Hello dears,
First of all I would like to say that we are grateful for those who are standing with us.
So we would like to introduce you who we are. We are refugees from Africa. So we came to France, some of us came one month ago, two months ago and others more than one year ago, as we know that France is one member of the European union. As the other countries it has duty to take care of the migrants. But as we have experienced it is the opposite. Let us explain.
Four days ago the french government said it accepted 350 refugees from La Chapelle including sudanese people. As the state said « most of them are erythreans ». But this is not true and far away from reality. We know that La Chapelle is a place where all refugees are sleeping (homeless refugees).
These people were taken by some buses to somewhere else by cheating, pretending they would give them a house and documents. The reality is different. They have been thrown to somewhere else. So we people are now sleeping on the streets. Even on the streets a group of police with one dog came. They tried to bring the dog near the people and the dog tried to bite the refugees. This is shameful, how human beings are treated by the french state. The police pushed the refugees in the subway but the train has been stopped by alarm.
So we are asylum seekers, we are peaceful people, we need human rights.
WE ARE HUMAN BEINGS.
Thank you for listening. With our best regards.
We are migrants coming from Africa to France. We spent 3 years under bridges without food, water and no toilets and no one to look after us. We are human beings. The government as they call them (maire) said to us you must go to live in hotel. They took us to the hotel and gave us nothing, no document, no house. They sent us to Pajol, they gave us nothing, no water, no food and nothing.
We are migrants, we do not want problems. We need security and stability and freedom, also documents.
We believe good lovely to french people.
Bonjour,
Tout d’abord nous voulons dire notre gratitude à ceux et celles qui nous soutiennent.
Nous désirons nous présenter, dire qui nous sommes. Nous sommes des réfugiés d’Afrique, certains sont venus il y a 1 mois, d’autres il y a 2 mois, et d’autres il y a plus d’un an, car nous savons que la France est membre de l’Union Européenne. Comme les autres pays, elle a le devoir d’accueillir les migrants. Mais nous avons fait l’expérience du contraire. Laissez-nous vous expliquer.
Il y a 4 jours, le gouvernement a déclaré qu’il acceptait 350 réfugiés de La Chapelle, y compris des Soudanais. L’Etat a dit : « la plupart d’entre eux sont des Erythréens », mais ce n’est pas vrai. Cela est très loin de la réalité. Nous savons que La Chapelle est un endroit où tous les réfugiés dorment (réfugiés sans abri). Ces gens ont été emmenés ailleurs en bus sous prétexte de leur donner un logement et des papiers mais la réalité n’est pas celle-là. En fait nous avons été envoyés dans des endroits que nous ne connaissons pas. Désormais, nous dormons dans la rue. Même dans la rue, la police est venue avec un chien. Ils ont amené le chien près de nous, et le chien a essayé de mordre les réfugiés. Cela est honteux comment des êtres humains sont traités par l’Etat français. Ce n’est pas tout. Les policiers nous ont poussés dans le métro, mais le métro a été bloqué.
Nous sommes demandeurs d’asile. Nous sommes des gens pacifiques. Nous avons besoin du respect de nos droits humains.
NOUS SOMMES DES ETRES HUMAINS.
Merci de nous avoir écoutés. Meilleures salutations.
Nous sommes des migrants venus d’Afrique en France. Nous avons passé trois ans sans nourriture, ni eau, ni toilettes sous les ponts et personne pour s’occuper de nous. Nous sommes des êtres humains. Le gouvernement comme ils l’appellent (maire) nous a dit d’aller vivre dans un hôtel. Ils nous ont emmenés à l’hôtel et ne nous ont rien donné, pas de papiers, pas de logement. Ensuite ils nous ont envoyés à Pajol.
Ils ne nous ont rien donné, pas d’eau, pas de nourriture, rien.
Nous sommes migrants. Nous ne voulons pas de problèmes. Nous avons besoin de sécurité, de stabilité et de liberté. Et aussi des papiers.
Nous croyons avec beaucoup d’amour au peuple français.