L’intermittence du spectacle est un régime d’indemnisation qui a été formulé à la fin des années 60 en sorte d’assurer une continuité de revenus entre deux contrats aux salariés à employeurs multiples des secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle.
Régulièrement , au motif qu’il coûterait trop d’argent, ce régime spécifique se trouve dans le viseur du MEDEF, organisation patronale qui détient à elle seule la moitié des voix à l’UNEDIC, l’instance associative de gestion de l’assurance chômage.
Nous disons que ces attaques sont purement idéologiques.
À mesure de la fabrication exponentielle de travailleurs précaires « ”rappelons qu’aujourd’hui, toutes professions confondues, 87% des contrats signés sont des contrats à durée déterminée »” la discontinuité de l’emploi devient la règle. C’est bien pour cette raison-là que le MEDEF cherche, avec tellement d’insistance, à éliminer du paysage ce régime spécifique d’assurance sociale qui pourrait sinon s’appliquer à tous. Il est bon d’ailleurs de savoir qu’aujourd’hui seuls 4 chômeurs sur 10 sont indemnisés.
Accepterait-on que la sécurité sociale ne rembourse que 4 assurés sur 10 ? Que n’importe quelle assurance n’indemnise que 4 accidents sur 10 ?
C’est depuis ces constats que travaillent inlassablement les coordinations des intermittents et précaires qui se sont organisées depuis la grève historique de 2003, qui avait vue annulés la majeure partie des grands festivals de l’été.
En 2014, une nouvelle grève aura permis d’éviter le pire mais rappelons que c’est l’annexe 4, celle des intérimaires, qui aura été alors si bien vidée de son contenu qu’elle ne concerne désormais plus personne.
C’est exactement ce que le MEDEF, aidé par le gouvernement, essaie de faire aujourd’hui avec les annexes 8&10, celles de l’intermittence.
Ce que nous avons nommé Nouveau modèle d’indemnisation du chômage des salariés à emploi discontinu [1] et que nous appelons de nos vœux depuis 2003 prend acte de cette précarisation globalisée de l’emploi quand le gouvernement continue de nous bercer de l’illusion du plein emploi et du contrat à durée indéterminée comme modèle.
Ce nouveau modèle démontre qu’on pourrait indemniser 10 chômeurs sur 10, y compris intermittents.
Mais le MEDEF a compris depuis longtemps qu’en précarisant encore davantage le chômeur, on rend l’employé plus docile, n’est ce pas.
Avant même l’ouverture des négociations biennales concernant l’indemnisation du chômage en ce début 2016, le gouvernement a enjoint les partenaires sociaux à produire une nouvelle économie de 800 millions d’€uros sur le dos des chômeurs arguant d’un déficit tout discutable si on prend le temps de noter que le ratio cotisations/prestations est positif et que c’est donc les frais de fonctionnement aussi exponentiels qu’opaques de l’UNEDIC qui creusent la dette de l’assurance chômage.
Cette économie, le MEDEF entend en faire supporter la moitié aux annexes 8&10, celles de l’intermittence, qui ne représentent pourtant que 4% des chômeurs. CQFD.
La situation est d’autant plus monstrueuse que dans le même temps, les baisses de dotations vers les collectivités territoriales (au motif de la crise, de la réduction de la dette...) affectent très largement localement les soutiens à l’art en particulier et à la culture en général.
Pendant ce temps, un exemple parmi les autres : SANOFI, 1ère entreprise pharmaceutique de France, cotée au CAC40, engrange en 2014 :
17 millions au titre du crédit impôt compétitivité emploi,
125 millions au titre du crédit impôt recherche,
offre 4,5 millions pour le départ de son patron
4 millions pour l’arrivée du nouveau,
déplace vers la Belgique la majeure partie de ses bénéfices en sorte d’alléger encore son impôt payé en France,
verse 83% de ses bénéfices, environ 4 milliards, à ses actionnaires
et bien sûr, licencie plusieurs milliers de personnes.
Mais ça ne suffit pas, en 2016 tandis qu’il distribue ainsi des milliards aux entreprises, le gouvernement par la « loi travail » dite « El Khomri » cherche à faciliter encore la possibilité offerte aux entreprises de licencier à l’envi.
Nous voilà donc notamment face à la concomitance inouïe de la révision du code du travail prônée par le gouvernement au profit manifeste des patrons et d’une scandaleuse négociation à la baisse de l’indemnisation du chômage quand le nombre de chômeurs est pourtant, comme on le sait, en constante augmentation.
Nous sommes témoins mais soyons sûrs d’êtres acteurs. Il y a urgence à nous rassembler autour de la question de la société dans laquelle nous espérons vivre et pas seulement survivre.
Nos luttes sont moins que jamais corporatistes.
Nous répétons que ce que nous défendons, nous le défendons pour tous.
Et pour rester en phase avec Monumental, nous ne saurions trop vous enjoindre à aller prêter vos oreilles et vos voix à la Nuit debout qui entend redonner des formes et des couleurs à la République qui n’est plus seulement une statue.
Nous sommes le xx mars et je vous remercie de vos attentions.