Nous sommes tous des inter-mutants du spectacle ! - 1996

mercredi 5 février 2003
Dernière modification : vendredi 27 juin 2014

Petits rats d’opérette en retraite trop anticipée, formateurs mercenaires
de mercenaires formateurs, colleurs d’affiches sauvages,
graffitistes de murs aveugles, esclaves compressibles d’ateliers clandestins,
figurants en SITuation COMique, Bac+9 sans emploi avouable,
buralistes itinérants en rupture de stocks d’opiacés,
ní¨gres pour littérateurs en mal d’inspiration, plagistes pour aoí »tiens,
aides soignantes à domicile non-fixe, vacataires sans Faculté particulière,
goals volants, plongeurs éphémères d’arrière-cuisine Mac-Donald,
athlètes jetables dès trente ans, malfaiteurs à l’occasion associés,
Minie travestie à Marne-la-vallée, ex-TUC à toute heure,
standardistes en attendant mieux, pions de l’échec scolaire,
vendangeurs à la petite semaine, pupilles de la DDASS sur-employés à demeure,
vidéastes d’interludes déprogrammés, déménageurs à fréquence modérée,
vigiles fièvreux du samedi soir, sondeurs porte à porte d’opinions,
CDD aujourd’hui ou DCD demain, videurs hebdomadaires de greniers,
ex-psychiatrisés en rééducation taylorienne, retourneurs de crêpes en plein air,
cracheurs de white-spirit, fleuristes sans vitrine, licenciés en sociologie du licenciement,
précepteurs de yoga à flexibilité horaire et articulaire maximale,
pigistes pigeons anonymement sous-traités,
télé-mateurs en formation cathodique, maîtres très auxilliaires,
C.A.Pistes en stages illimités, apprentis briseurs de grèves malgré eux, ouvreuses de cinéma le week-end, sculpteurs sans statut, caissières de flux tendus,
peintres de Papa-Noël sur vitrines, applaudimètristes de jeux télévisés,
projectionnistes lampistes d’Art et d’Essai, bidasses en soldes monstres,
lumpen-prolétaires agricoles, DEUGuistes sous contrat bénévole,
sous-fifres à l’opéra-comique, énième assistant du metteur en scène,
serveuses en surnombre provisoire, traducteurs pour deux francs six sous,
crieurs badgés de journaux, acteurs de complément,
petites mains dégriffées du prêt-à-porter, taulards corvéables à mi-temps,
mannequins pour catalogues de vente par correspondance,
interprètes pour messageries vocales, gardiens de phare mal loti,
internes d’urgences hospitalières, couchettistes d’aller sans retour,
cobayes pharmaceutiques, funambules en sursis, liftiers d’ascenseur social,
meneuses surmenées de revues légères, accordeurs de demi-queue,
titulaires suppléants perpétuels, veilleurs d’une nuit sur deux,
agents de surface illimitée, juristes en fin de droits, poètes à compte d’auteur,
saisonniers petits fruits, stars à durée déterminée, doublures lumière...

nous sommes tous des inter-mutants du spectacle !

Le statut quo actuel exclut déjà la moitié des intermittents officiels de l’assurance chômage, sans parler des RMIstes et autres objecteurs de conscience qui s’emploient sans trêve à produire la meilleure des marchandises possible : la culture.
Le minimum horaire exigé par les Assedics conduit chacun à la course au cachet fictif, au carriérisme concurrentiel et à toutes les complaisances et complicités foireuses avec leurs multiples patrons d’occasion.
Assez de corpo-artisme catégoriel. A ce rythme-là, l’allocation sera bientôt réservée à quelques centaines de professionnels de la profession.
Exigeons dès aujourd’hui l’extension du statut d’intermittent à l’ensemble des acteurs du travail discontinu : intérimaires, stagiaires, vacataires, saisonniers, etc. Artistes ou pas, nous sommes des millions à avoir fait notre deuil (en beauté) du travail pointé, posté, taylorisé.
Nos employeurs tirent désormais profit de formes de travail discontinues et de l’ensemble d’activités que ce travail nécessite. A nous d’en tirer les conséquences.
L’émancipation des travailleurs précaires sera l’œuvre des travailleurs précaires eux-mêmes ! Tout pour tous !

Paris le 19 décembre 1996
CQFD (des Chômeurs et Quelques Figurants Dédommagés)
c/o CARGO (Collectif d’Agitation pour un Revenu Garanti Optimal), 21ter rue Voltaire, 75011.

Lettre à Monsieur le Préfet, Nos amies les miettes, [Cargo->5676]

 Télécharger le fichier : Lettre à Monsieur le Préfet, Nos amies les miettes, [Cargo->5676] - MP3 - 3.5 Mo
 

CARGO en deux mots (1999)

Plein emploi jospinien : le turbin sans les talbins (septembre 1999)

À gauche poubelle, précaires rebelles - Cargo, mai 1998, janvier 1998

Notre insertion contre la leur ! (1998)

Exploiter, atomiser, contrôler les invisibles (1997)

Nos amies les miettes, Interventions radiophoniques, échantillons :
Dany le duck ; Sartre, Fernandel, Otis ; Cac et les 40 voleurs ; Indicatif AC ! rap ; INFO-G-M ; Lettre à Mr le Préfet (longue) ; Lettre à Mr le Préfet, chanson trash ; 12 Auto-dénonciations ; Visiteuse de la CAF

Tous à la campagne ! (octobre 1996)

De la misère critique à la critique de la misère, ressassements pour un parcours possible

Prendre l’initiative pour un statut de salarié, revendiquer un revenu garanti ! (juin 1996)

Ni dette, ni culpabilité, ni honte, s’organiser !

Beaucoup d’argent parce que je suis nombreux

Conférence de presse avec Jean-Luc Godard, Bunker du festival de Cannes, 18 mai 2004 : Intermittence et précarité, Précarité et cinéma, Modalités de lutte et propositions

Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère - L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009

Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :

Permanence CAP d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, lundi de 15h à 17h30. Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org

Permanences précarité, lundi de 15h à 17h30. Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite cip-idf.org

La coordination a dû déménager le 5 mai 2011 pour éviter une expulsion et le paiement de près de 100 000 € d’astreinte. Provisoirement installés dans un placard municipal de 68m2, nous vous demandons de contribuer activement à faire respecter l’engagement de relogement pris par la Ville de Paris. Il s’agit dans les temps qui viennent d’imposer un relogement qui permette de maintenir et développer les activités de ce qui fut de fait un centre social parisien alors que le manque de tels espaces politiques se fait cruellement sentir.

Pour contribuer à la suite :

• faites connaître et signer en ligne Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.

• indiquez à accueil cip-idf.org un n° de téléphone afin de recevoir un SMS pour être prévenus lors d’actions pour le relogement ou d’autres échéances importantes.

Adresse originale de l'article : http://www.cip-idf.org/spip.php?article19