mercredi 25 janvier 2006
Dernière modification : mercredi 25 janvier 2006
Chômage
Pansements
par Gérard DUPUY
Article paru dans Liberation du jeudi 22 décembre 2005
De temps en temps, employeurs et employés, par délégués interposés, mettent leur casquette de « partenaires sociaux » et se rencontrent au cours de réunions généralement nocturnes et embrouillées. Puis, la vie reprend son cours et les chômeurs attendent avec inquiétude leur relevé d’indemnités. Depuis un quart de siècle, en effet, le chômage a montré qu’il résistait mieux au passage des ans que les pansements qu’on lui applique. Comme s’ils convenaient que la protection des salariés qui ont perdu leur emploi avait atteint un seuil minimum, les partenaires sociaux ont pris le parti de geler globalement les cotisations et les prestations.
Reste que le système est malade. Le problème du déficit de la caisse d’assurance risque de se reposer rapidement. La médiocre prise en charge des travailleurs sous régime précaire sera aussi maintenue. L’indemnisation, parce qu’elle est strictement liée à l’emploi, en reproduit les caractéristiques : n’entre pas qui veut. L’Unedic est une assurance et pour assurer sa maison, encore faut-il en avoir une. Tant que le budget global des indemnités sera strictement lié à la masse salariale du secteur privé, il sera difficile de faire autrement. Passer d’un système « assurantiel » à un autre plus redistributeur, cela reviendrait non seulement à l’étatiser, comme le refusent les employeurs et divers syndicats, mais surtout le fiscaliser. Peu d’hommes politiques y sont prêts.
Les partenaires sociaux devaient entériner hier le principe d’une « remise à plat » du système, négociée dès l’an prochain. C’est ce qu’on appelle remettre après les fêtes ce qu’on n’a pu faire le jour même. L’Unedic est une entreprise de bouées qui ressemblerait de plus en plus à un radeau.