Nous avons droit à l’existence politique, Chômeurs et précaires de Rennes

mercredi 16 décembre 2009
Dernière modification : jeudi 7 janvier 2010

Le 12 décembre, une manifestation contre la répression et pour la grève des chômeurs a eu lieu à Rennes. Cette manifestation faisait suite à celle du 5 décembre qui n’a pu se tenir car les flics et la mairie ne voulaient pas nous voir passer devant les gens qui faisaient leurs courses de Noel. Comme tout le monde le sait la manif du 5 s’est conclue dans un bain de coups (pieds, matraque, tonfas...) faisant une bonne dizaine de blessés et 4 arrestations par la BAC aidée des CRS. 48 heures de garde à vue plus tard, nos camarades, après avoir refusé la comparution immédiate, étaient libérés et pour l’un d’entre eux soumis à un contrôle judiciaire jusqu’au procès prévu pour le 18 janvier.

Les personnes réunies en AG sauvage à la suite de la manifestation avaient donc décidé d’appeler à une nouvelle manifestation le 12 décembre pour ne pas céder à la peur devant les agressions des flics et appeler au soutien de nos camarades interpellés. Le rassemblement commençait Place de la Mairie en plein centre ville pour éviter d’être bloqué dès le départ. A la suite d’une déambulation musicale dans le centre ville, la manifestation de 300 personnes s’est arrêtée dans une église pour pouvoir tenir l’AG qui n’avait pu se tenir le 5 à cause du volte-face de la mairie qui nous a refusée une salle négociée la veille dans l’un de ses bâtiments. Le choix de l’église était ironique mais justifiée face à l’impossibilité d’avoir un lieu pour s’organiser.

500 personnes le 5 décembre, 300 personnes pour une manifestation organisée dans la semaine, une AG vivante et dynamique, des propositions dans tous les sens, la grève des chômeurs est lancée sans préavis...

Des rendez-vous ont été pris :

Mercredi 16 décembre : rendez vous Place de la Mairie à Rennes à 14 heures pour une déambulation des chômeurs en grève suivie d’une AG à la Cantine populaire, 244 rue de Nantes à 18heures

Et au mois de janvier :

Mardi 5 janvier : action dans toutes les villes pour l’anniversaire de la création de Pôle emploi

Samedi 16 janvier : Manifestation « grève des chômeurs » deux jours avant le procès des 4 inculpés du 5 décembre. Place de la Mairie. 15 heures

LA PREFECTURE INTERDIT, LA POLICE TABASSE, LA MAIRIE COLLABORE...

A Rennes, la chasse aux chômeurs et précaires insoumis est ouverte !

Comme dans au moins 6 autres villes en France, ce samedi 5 décembre avait lieu à Rennes une manifestation organisée par l’assemblée régionale des chômeurs et précaires dans le cadre des marches nationales du chômage et de la précarité.

C’est à 15 heures place de la gare que nous avons appris que les autorités refusaient cette manifestation sous le prétexte fallacieux de non déclaration et d’une technoparade se déroulant en même temps à Rennes. Nous avons décidé que nous ne pouvions nous laisser exproprier la rue et que nous ferions entendre nos voix coûte que coûte. S’en est suivi ce qu’il est impossible de ne pas nommer un guet apens. Les forces de l’ordre ont systématiquement bloqué tous les accès au centre ville jusqu’à nous encadrer de telle manière que nous soyons totalement enfermés. Le cortège a toutefois réussi à rejoindre la maison des associations place du champ de mars où devait se tenir une AG des chômeurs, lieu négocié la veille et appartenant à la mairie.

En fait d’AG, nous nous sommes retrouvés dans une souricière où d’un côté la gérante du lieu nous interdisait l’accès à la salle pendant que les flics nous encerclaient de manière de plus en plus serrée.

L’attitude de la mairie à ce moment là a été scandaleuse : elle a permis de nous livrer en pâture à une bande de flics assoiffés de sang qui n’avait pour seule mission, ce jour là, que de tabasser du militant. Il ne s’est rien passé dans ce défilé et cela n’a pas empêché un déchaînement de violence délirant de la part des forces de l’ordre.

Cinq camarades se retrouvent aujourd’hui incarcérés et inculpés. Inculpés, ironie et cynisme de la situation, de violence contre agent, là où c’est une bande de bêtes sauvages qui nous est tombée dessus.

Ce qui s’est passé samedi, pour aussi scandaleux qu’il soit, n’est pas une première à Rennes. Déjà depuis deux semaines, les chômeurs et précaires de Rennes se sont retrouvés face à une impossibilité d’occuper l’espace public : expulsion musclée de la mairie vendredi 27 novembre, fermeture systématique des pôle emploi et de la CAF à l’arrivée de 2 ou 3 d’entre nous. Depuis quelques semaines, les réquisitions du DAL 35 pour le logement des demandeurs d’asile sont suivies d’expulsions. Il y a un mois, la grivèlerie, au 47 rue de Paris s’est également faite expulser à la suite d’une procédure d’urgence et avec force et moyen alors même que le lieu avait été déserté. Il y a bientôt 2 mois la manifestation de soutien aux luttes de l’ouest était interdite avec un déploiement policier digne d’une armée d’occupation.

C’est donc chargés de sentiments de révolte et de colère que nous nous sommes rendus à quelques dizaines de personnes au conseil municipal de lundi. Il s’agissait pour nous de faire admettre à la mairie ses responsabilités dans les violences policières de samedi dernier. M. Delaveau se prévaut de nous avoir donné l’accès à la salle et à la parole lors du dernier conseil municipal, au même titre qu’au DAL 35. La réalité est que si nous nous scandalisions de la restriction d’accès à 5 personnes par collectif, nous n’avons jamais eu la possibilité de rentrer dans la mairie, même à 5, l’accès y étant empêché par les forces de l’ordre.

Aujourd’hui, il est plus que nécessaire, dans un contexte d’embourgeoisement accéléré du centre-ville (pour exemple, la transformation du couvent des jacobins en centre des congrès d’affaires), de recours décomplexé à la vidéosurveillance, et de reniement par la mairie socialiste de tout soutien même formel à toute espèce de lutte, d’imposer notre présence dans un espace public dont nous sommes les indésirables et les exclus.

Nous nous associons à tous les collectifs rennais qui, parce qu’ils n’acceptent pas de renier leurs idées (la cause des chômeurs, précaires, des demandeurs d’asile, des mal logés, des sans papiers, les mouvements libertaires, d’autodéfense sociale et d’auto-organisation, les collectifs anti-répression...) subissent sans cesse expulsions, répression policière, bannissement de l’espace public.

Nous voulons aujourd’hui que nous soit concédé (la mairie laisse d’ailleurs moisir un grand nombre d’espaces inoccupés) un grand lieu d’organisation sociale et politique autogéré, accessible à tous ceux qui, aujourd’hui isolés, veulent pouvoir construire une sociabilité dans cette ville en dehors des espaces marchands qui ne sont pas faits pour nous.

LES CHOMEURS NE SONT NI UN PARAMETRE ECONOMIQUE DE LA « CRISE », NI UNE VARIABLE D’AJUSTEMENT DANS LA COURSE A LA CROISSANCE. NOUS AVONS DROIT A L’EXISTENCE POLITIQUE.

NE NOUS LAISSONS PAS REPRIMER, INVISIBILISER, TERRORISER PAR LES POUVOIRS PUBLICS ! EXIGEONS LA RELAXE DE NOS CAMARADES INTERPELLES SAMEDI DERNIER !

Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes, 22 rue de Bellevue, 35000 Rennes, mcpl2008 gmail.com

Brochure de témoignages sur la répression de la manifestation des chômeurs et précaires du 5 décembre 2009 à Rennes.


- Chômeurs et précaires de Rennes interdits de Conseil municipal par la police

- Manifestation des chômeurs et précaires interdite à Rennes : libération immédiate des interpellés !

- Refusons le contrôle des chômeurs, qu’ils soient avec ou sans-papiers ! (Mcpl, Rennes)

- Engageons dès maintenant une grève des chômeurs contre notre subordination à l’ordre économique - Mcpl, Rennes

- « 39 49 » Attention ça va couper ! Mcpl, Rennes

- Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi, Mcpl, Rennes

- Pour un mouvement des chômeurs et précaires à Rennes et ailleurs

- Rien ne sert de courir, il faut tout remettre à plat ! Chômeur(euses), précaires, entrons en résistance !

- Face aux rapaces, ne faisons pas les autruches : 2800 euros de RMI récupérés par l’action collective à Ploërmel (Mcpl, Rennes)

- Présupposés, revendications et actions. Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes, Le sabot, N°4

- De l’énergie pour nos luttes, la direction d’EDF Rennes occupée.

- La GRÈVE DES HAMSTERS. Quelle politique pour nous sauver de l’économie ? Mouvement des chômeurs et précaires en lutte, Rennes

- Précaires, chômeurs, desserrons nous la ceinture. Blocage de Speed Rabbit à Rennes.

- Autoréduction chômeuse et précaire aux Galeries Lafayette à Rennes

- Nous sommes tous des mauvais chômeurs ! Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes

- Pôle emploi : De l’autre côté du miroir. Perspectives de fraternisation entre chômeurs et « conseillers à l’emploi », Le sabot, outil de liaison locale sur Rennes et ses environs, n° 2

Adresse originale de l'article : http://www.cip-idf.org/spip.php?article4773