samedi 20 mars 2010
Dernière modification : lundi 29 mars 2010
Nous prenons acte de la tentative d’agitation, de dynamisation des luttes, de prise de partie, etc., avec l’intention de s’adresser à beaucoup de monde dont fait preuve votre texte. Tentative qui passe pour vous par un retournement des catégories de la propagande, mais aussi par la cristallisation autour d’une figure, celle du « mauvais chômeur ». Et c’est là que les choses se compliquent.
Votre figure ramène les luttes possibles à des formes de refus existentiel ou de choix éthique. Les formules par lesquelles vous décrivez ce que serait, ce qu’est déjà selon vous, un mode de vie assumant concrètement ce type de refus ne sont pas recevables pour nous. Le caractère positif, affirmatif que vous prêtez à vos activités associatives, politiques, d’enseignement, etc., le tout sans exploiter les hommes ni la nature et de manière égalitaire et coopérative nous semble absolument irréel et/ou mensonger. On n’en finit pas avec le Capital à quelques uns, dans son coin, en faisant émerger de magnifiques rapports sociaux autres. Et ce n’est pas la conscience que vous dites avoir des dangers de récupération par le « capitalisme vert » qui nous empêchera de trouver que vous semblez parfois être comme des poissons dans l’eau glacée de cette société. Au fait, les mauvais chômeurs abolissent-ils entre eux propriété privée et argent ?
Or, toutes ces affirmations positives nous semblent liées à votre analyse d’un « pouvoir », du travail (à peine évoqué) et du chômage of course. « Ce qui importe au pouvoir par-dessus tout c’est de nous occuper c’est de nous voler notre temps. » Or, soit cette phrase est incompréhensible, ne veut rien dire, soit ce qu’elle dit est très clair et absolument faux. Pouvoir : domination de toute éternité et capitalisme à la fois semble-t-il, un gros concept creux comme une dent creuse. En lieu et place du rapport social capitaliste, on a droit à l’intentionnalité maligne et absurde d’une Chose. Les catégories du marché du travail, de la segmentation sociale sont mêlées de façon indifférenciée sur un « plan d’immanence » inconsistant qui occulte les conditions d’existence du plus grand nombre, la production et la reproduction des classes. Chômage et travail sont vus comme deux pôles étanches et non le chômage comme une catégorie du travail qui est à la fois stock et flux de non employés (plus ou moins partiels, provisoires). Et ce dans un marché du travail qui n’est pas statique mais relativement ouvert et surtout auquel on a très inégalement le choix de résister. « Gagner sa vie » reste une nécessité.
Pour finir, et ce n’est pas le moindre problème que ce texte ou ce type d’énoncés nous pose : malgré la volonté affichée de contribuer à des dynamiques de luttes transversales, les séparations, segmentations (chez les chômeurs, les travailleurs, les prolétaires...) sont reconduites parce qu’évacuées, niées, ni vues ni analysées. Et le texte peut légitimement paraître très sociocentré : point de vue de « chômeurs » disposant d’un capital socioculturel leur permettant, comme vous le revendiquez haut et fort, de faire des tas de choses extraordinaires ici et maintenant. Avec ce type de politique, entre « mauvais chômeurs » aussi, il y a et il y aura encore longtemps des gagnants et des perdants.
Quelques chômeurs moyens - colonne Pierre Tornade.
Le texte en débat : A quand la grève des chômeurs ? Mcpl Rennes, 2010
Une suite : Invitation à tous ceux qu’intéresse de près ou de loin l’émergence d’un mouvement de chômeurs, Mcpl, Rennes
Un autre point de vue : État social actif, ne pas céder sur nos désirs - Choming out
Permanence Cap (pour les intermittents) : cap cip-idf.org
Permanence précarité (pour les autres) : permanenceprecarite cip-idf.org
Le lundi de 15h à 18h, à la coordination des intermittents et précaires, 14 quai de charente, Paris 19e, M° Corentin Cariou, ligne 7
Tel 01 40 34 59 74
La coordination des intermittents et précaires est menacée d’expulsion par la ville de Paris.
Pour plus d’informations, lire la pétition pour le relogement signable en ligne :
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