dimanche 11 avril 2010
Dernière modification : dimanche 11 avril 2010
Ce texte a été lu ce samedi 10 Avril 2010 par un membre du MCPL et du
« collectif du 3 mai » lors de la venue de Florence Aubenas aux champs
libres pour une conférence à propos de son livre qui traite de la
situation des chômeurs et précaires alors que le présentateur s’apprêtait
à interroger l’invitée.
Par la suite lors de la séance des questions et comme le sujet s’y
prêtait, nous avons également demander à Mr le maire présent dans la salle
comment il recevait la proposition d’un centre social autogéré ou d’un
bourse du travail afin d’organiser la nécessaire solidarité entre les
travailleurs de plus en plus précaires. Mr Delaveau visiblement embarrassé
n’a pas souhaité nous répondre. Nous avons bon espoir que d’autres
interventions de toute nature finissent par le persuader de nous expliquer
pourquoi cette idée ne vaut même pas qu’on y réponde. A suivre...
Pardon si nous interrompons pour trois minutes vos programmes mais sur le
papier il y avait écrit « rencontre avec ces français invisibles ». Alors
on s’est dit qu’on était un peu invité. Des hommes et des femmes
invisibles... si si de vrais invisibles en chair et en os, devant vos
yeux ébahis.
Mais rassurez-vous tout de suite, nous n’avons là rien contre vous qui
vous vous êtes rendus si nombreux pour échanger autour du Quai de
Ouistreham / ni contre vous Florence Aubenas ou votre livre. Que du
contraire.
En effet, qui d’autre que des gens venus échanger à propos d’une enquête
de plusieurs mois au sein de Police emploi et d’équipes ouvrières de
nettoyage pourraient-ils mieux accueillir ce que la coordination des
chômeurs et précaires a à dire ici publiquement et qui lui brule les
lèvres ?
Si nous n’attendons pas le traditionnel « échange avec la salle » pour
nous exprimer, c’est que la nature des griefs que nous avons à formuler
nous commandent de ne pas attendre respectueusement notre tour. Car, Mme
Aubenas, la municipalité soi-disant « socialiste » qui est
l’organisatrice de cette heureuse rencontre est la même qui collabora
avec la préfecture le 5 décembre pour tenter de nous terroriser et de
nous rendre invisible. C’est cela que nous entendons rendre visible.
Ce 5 décembre, la manifestation régionale des chômeurs et précaires a
fait l’objet d’une aussi soudaine que brutale répression devant les
champs libres, faisant plusieurs blessés parmi les manifestants dont un
grave qui a dû subir plusieurs accidents vasculaires cérébraux. La police
a déposé plainte. Une défense collective a permis de limiter la vindicte
préfectorale mais le parquet, ce chien, n’a pas décidé de lâcher prise et
a fait appel de la décision. Une prochaine audience doit avoir lieu dans
quelques mois.
D’accord, d’accord...mais que vient faire la mairie dans cette
regrettable histoire ? Nous direz-vous.
Nous y venons justement : le 4 décembre, le jour précédent la
manifestation dont nous parlons, à la suite d’une occupation pacifique
des locaux de la Maison des associations, le Mouvement des Chômeurs et
Précaires de Rennes (MCPL) avait obtenu la promesse de la mairie, par
l’intermédiaire de la responsable de pouvoir tenir une assemblée générale
le lendemain dans l’amphithéâtre de cette même institution à la fin de la
manifestation.
Or le jour J, une partie importante des manifestants s’est rendue comme
prévu à la Maison des associations, juste derrière les Champs libres, et
quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes devant le guichet, la
patronne de la vénérable institution associative, nerveuse et
embarrassée, nous déclaré tout net que nous ne pouvions plus, qu’il y
avait trop de monde, qu’il n’était pas question que nous nous
réunissions, des Raisons de sécurité... Alors même que nous cherchions à
comprendre, la BAC commençait son œuvre « de brutalisation des parasites
que nous sommes » avec une conscience professionnelle que jalouseraient
de nombreux patrons du nettoyage : nous encerclant depuis l’intérieur de
la Maison des associations ainsi qu’autour de la place. La suite vous la
connaissez.
Comment la police aurait-elle pu entrer aussi rapidement dans ce bâtiment
sans accord anticipé, préalable, sans concertation avec les autorités
municipales ?
Nous avons même appris que des consignes avait été données aux employés
pour fermer l’accès des champs libres au cas où les chômeurs - précaires
tenteraient d’échapper à leur juste raclée.
Soyons clair, notre intime conviction est la suivante : la mairie a non
seulement bafouer la plus élémentaire des libertés publiques : le droit de
réunion mais collaborée de façon active et consciente à cette répression
du 5 décembre.
Le parti de Solférino s’est présenté face à Sarkozy et à la crise comme un
bouclier social. Or son attitude ici comme ailleurs ne tend-il pas à
montrer que s’ il est le bouclier de quelqu’un, ce n’est certainement pas
du peuple, c’est-à-dire des invisibles dont vous parlez dans votre livre.
Pourquoi la si sympathique mairie de Rennes prétendument « socialiste » et
ses strapontins dits « communistes » sont-ils prêts à se joindre à de si
basses opérations de police, je vous le demande ?
La ville de Rennes a lâché la bride aux prétendus impératifs que sont
l’économie et la sécurité. Il faut absolument gommer l’image d’une ville
bariolée, rebelle, voire ingouvernable que les derniers mouvements sociaux
et spécialement étudiants avaient propagé. Dans le cas contraire, comment
nos chers investisseurs pourraient-ils accomplir leur mission rédemptrice
si les pauvres continuent à rechigner devant les sales boulots qu’on leur
propose si gracieusement ? Comment l’argent pourrait-il couler à flot si
les précaires que nous sommes en réclament trop ardemment leur juste part
? Comment Rennes survivra-t-elle si ses étudiants, trop occupés qu’ils
sont par le souci des affaires communes, ne consacrent pas entièrement
leur intelligence et leur santé à acquérir des compétences qui seront
devenues inutiles dans trois ans aux entreprises ?
Pour réaliser ses rêves de grandeur qu’elle présente comme une dure
nécessité, la mairie s’est attribuée le pouvoir souverain de décider qui
a sa place et qui ne l’a pas dans l’espace public, qui peut être visible
et comment, qui doit être soustrait à la visibilité publique par la
police. S’affranchissant désormais de tout procédure pour expulser manu
militari les occupants de logements vides. Suspendant le droit des
citoyens à intervenir aux conseils municipaux (cas du DAL35 et du MCPL en
janvier 2010) et envoyant la police aux syndicalistes de Sud santé
lorsque leur contestation du rôle de la municipalité dans l’agence
régionale hospitalière se fait trop gênante.
Certains nous diront peut-être que nous aurions dû nous faire une raison,
retenir la leçon mais nous sommes désolé c’est au-delà de notre
compréhension, nous ne sommes « pas capables de comprendre. »
Il est hors de doute qu’en une certaine façon, la mairie aime les
pauvres. Mais elle les veut sous son contrôle, car laisser à eux-mêmes,
ils sont potentiellement dangereux. Ils pourraient tout remettre en
cause. Si si, ça c’est vu par le passé. Il faut donc les dresser, les
rendre dociles, corvéables, contrits et plein de gratitude envers leurs
maîtres. Il en va de l’avenir de Rennes métropole.
Or les chômeurs et précaires n’ont pas besoin qu’on les mette sous
tutelle, qu’on les infantilise, ils ont besoin d’être considérés comme des
égaux capables de penser par eux-même, et non comme des choses à gérer ou
des demeurés qu’il faut mettre au boulot quoiqu’en soit le prix.
Ce qui est, à ce qu’il nous semble, le désir de tout un chacun ici.
Le collectif du 3 mai.
Thèses sur la grève des chômeurs et précaires, par quelques militants du MCPL
D’autres textes du MCPL - Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes :
A quand la grève des chômeurs ? Mcpl Rennes, 2010
Nous avons droit à l’existence politique, Chômeurs et précaires de Rennes
Refusons le contrôle des chômeurs, qu’ils soient avec ou sans-papiers ! (Mcpl, Rennes)
« 39 49 » Attention ça va couper ! Mcpl, Rennes
Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi, Mcpl, Rennes
Pour un mouvement des chômeurs et précaires à Rennes et ailleurs
De l’énergie pour nos luttes, la direction d’EDF Rennes occupée.
Précaires, chômeurs, desserrons nous la ceinture. Blocage de Speed Rabbit à Rennes.
Autoréduction chômeuse et précaire aux Galeries Lafayette à Rennes
Nous sommes tous des mauvais chômeurs ! Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes