mercredi 21 avril 2010
Dernière modification : mardi 3 avril 2018
Mercredi 21 avril 2010, l’émission « L’objet du scandale » sur France 2 [1] était interrompue. Là où des spectateurs-figurants avaient à poser « spontanément » des questions... préalablement écrites par l’émission, le texte qui suit [2], a été lu en direct.
Nous avons besoin d’inventer ensemble une grève des chômeurs, une grève de tous les précaires. Nous appelons à commencer dès le 3 mai.
Ce n’est pas parce que nous n’avons pas d’usine où nous retrouver qu’on ne va pas s’organiser. Mais ce serait quoi une grève des chômeurs ? Ça commencerait par un mouvement de refus. Refus de nous laisser harceler, mobiliser, culpabiliser, insérer [3]de force.
Les réformes de Pôle emploi ou du RSA [4], cherchent à nous coincer, un par un, pour nous faire accepter des emplois de 10h par semaine payés une misère dans les secteurs les plus difficiles.
Il faudrait accepter n’importe quel travail sous peine de perdre une allocation de survie. Et qu’en plus nous soyons reconnaissants. Devrions-nous avoir honte de ne pas savoir nous vendre à n’importe quel employeur, honte de ne pas vouloir déménager pour un boulot, honte de ne pas accepter tout et n’importe quoi, de ne pas plier, en somme, devant la raison économique ?
Pas de honte qui tienne [5] : franchement nous avons mieux à faire. Nous avons mieux à faire que chercher des emplois inexistants, mieux à faire que ce que l’on exige de nous. Voilà pourquoi nous refusons d’être suivis [6], contrôlés, managés, culpabilisés, radiés [7].
Pendant ce temps on renfloue les banques avec de l’argent public et on ose nous dire qu’il va falloir se serrer la ceinture.
Nous serons en 2010 un million supplémentaire de chômeurs sans droits. Une fois de plus nous servirons de prétexte à des débats d’experts sur les travailleurs pauvres, qui décideront, à notre place ce qui est bon pour nous.
La grève des chômeurs et précaires ce serait -dès maintenant- ne pas rester isolé, sortir des eaux glacées du calcul égoïste dans lesquelles on nous plonge. La grève des chômeurs et précaires ce serait décider ensemble d’enrayer une machine à précariser faite pour nous manager à mort.
Nous appelons tous les travailleurs précaires, les intérimaires en colère, les intermittents du spectacle et de l’emploi, les saisonniers, les stagiaires démotivés, les étudiants désorientés, les retraités en mal de revenu, les sans-papiers, les licenciés preneur d’otage, les travailleurs forcés, les volcans fraîchement réveillé à se rencontrer, à discuter dans les queue des CAF [8]et des Pôle emploi [9], dans la rue, partout.
Déjà, à Rennes, Brest, Paris, Montreuil, Tours et dans d’autres villes des précaires et chômeurs s’organisent.
Que mille collectifs fleurissent sur les décombres du plein emploi [10].
Un tract du 17 janvier 2012, dans le cadre de la campagne occupons Pôle emploi : Ni dette, ni culpabilité, ni honte, s’organiser !
[1] Voir le casting/formatage de l’émission : Il est beau, mon chômeur, il est beau !
[2] reprenant l’appel de la coordination des collectifs de chômeurs et précaires à la grève à partir du lundi 3 mai
[4] À propos du RSA et de sa logique : Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère - L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009
[5] On fait de nous des endettés, redevables et coupables. Ainsi 1 650 000 pauvres ne demandent pas un RSA auquel ils auraient pourtant droit...
[7] On peut agir collectivement contre ces sanctions, voir : Occupation du Pôle Emploi Convention : Radiation annulée ! ; on peut faire respecter ses droits voir le site Recours Radiations
[8] Avant de mettre les pieds en ces lieux, lire : Salariés de la caisse d’allocations familiales, chômeurs, précaires résistons à l’entreprise CAF !
[9] Les Pôle sont une machine à précariser, voir Outragé, Pôle emploi mord la poussière . Ses agents sont eux aussi soumis à une logique managériale destinée à (re)fabriquer sans cesse la concurrence entre tous les chômeurs et tous les salariés, voir : Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi, Mcpl, Rennes
[10] Le plein emploi, c’est terminé, Nous sommes tous des inter-mutants du spectacle ! - 1996
Deux récits d’action à Brest et Rennes, le lendemain, jeudi 22 avril : Sur les décombres du plein emploi : 9 Pôles et 6 boites de coaching occupés à Brest, Paris et Rennes
Se joignent à l’appel a la grève à partir du 3 mai : le comité CGT des chômeurs rebelles de Lorient, Les CAFards de Montreuil, la Coordination des intermittents et précaires (idf), le Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes, le Collectif précaires de Tours, le Collectif brestois en marche contre l’injustice sociale, le Comité contre le harcèlement des institutions totalitaires de Nantes, le Comité pour une Répartition Equitable de l’Emploi et des Revenus à Montpellier, des chômeurs et chômeuses à Bruxelles, ...
Appel au lundi 3 mai - collectif brestois en marche contre l’injustice sociale
Thèses sur la grève des chômeurs et précaires
Nous préférons... une grève des chômeurs - Cafards de Montreuil
Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :
Permanences le lundi de 15h à 17h30, à la Commune libre d’aligre, 3 rue d’aligre, Paris 12e.
Permanence CAP d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org
Permanences précarité, adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite cip-idf.org
La coordination a dû déménager en mai 2011. Il n’a as été possible d’imposer un relogement qui permette de maintenir et développer les activités de ce qui fut de fait un centre social parisien. Le manque de tels espaces politiques se fait cruellement sentir.
Pour mémoire : Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.