mardi 5 juillet 2011
Dernière modification : samedi 8 août 2015
Une enquête menée durant plusieurs mois dans des centres d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale, avec leurs habitants. Ce « manuel pour les habitants des villes » d’aujourd’hui comporte textes et montages sonores.
Nous publions les deux autres parties de cette enquête (Pour l’instant, c’est là qu’on habite ; Une enquête sur le temps et le travail), dont voici le premier volet :
« Chaque soir, dans les murs du foyer, deux cartes se rejoignent et se superposent : celle des trajets faits de milliers de kilomètres et celle des parcours quotidiens dans Paris et sa banlieue. Comme s’il s’agissait d’une seule et même carte, décrivant un seul et même « pays ». Celui de tous ceux qui sont un jour partis et ne sont pas vraiment arrivés quelque part. »
« ... depuis plusieurs années, ce foyer, comme beaucoup d’autres en région parisienne, comprend une grande majorité de personnes étrangères, qui arrivent d’à peu près toutes les régions du monde. Nous proposons de réfléchir avec eux sur l’idée de frontière. (...) Il s’agit moins de travailler sur un thème que de créer les conditions d’un travail collectif. Plus précisément de faire émerger la possibilité d’une prise de parole à l’intérieur du lieu et de tout construire à partir de là. Ensuite, nous verrons bien...
(...) l’idée de travailler ensemble parait floue. Le lieu n’est pas fait pour cela, tout le monde est ici de passage. (...) certains viennent individuellement nous parler du pays abandonné, des difficultés rencontrées pour arriver jusqu’à Paris. Ces choses-là se racontent dans le couloir, de personne à personne. (...) La rencontre s’est finalement poursuivie pendant quatre mois, temps de notre présence à l’intérieur du foyer. Mais il a fallu toujours repartir de là. Quotidiennement, passer du temps en bas, entre les deux portes d’entrée de l’immeuble faisant un peu office de sas, le couloir conduisant à l’escalier de cinq étages, et la salle commune. S’appuyer sur le rythme officiel du lieu, ses contraintes de fonctionnement. Prendre conscience qu’au-delà du cadre matériel, il y avait une situation institutionnelle précise, dite « Centre d’hébergement d’urgence ».
(...) L’ordinaire de l’urgence en somme, avec cette étrangeté d’un lieu entièrement aspiré vers le dehors. Le vieux schéma de réinsertion des populations pauvres soumet le lieu à un temps social encore dominé par la norme du travail salarié. Le matin, les personnes sont censées sortir, entreprendre des démarches, se rendre dans d’autres structures comme les centres de jour par exemple. Rien ne donne l’illusion d’un arrêt possible. La logique d’urgence restreint la logique d’accueil, et avec elle, l’idée d’un temps propre au lieu et à ceux qui le fréquentent. Que veut pourtant dire l’urgence lorsqu’elle s’applique à des personnes qui circulent incessamment dans le réseau de l’assistance ? »
plage 1
Et maintenant, nous sommes là.
(Sem)
plage 2
Seule la nuit nous relie, le matin on se sépare.
(Mamadou)
plage 3
Est-ce que je suis en France ?
(Sem)
plage 4
D’où vient ce sentiment de malveillance générale ?
(Sem)
plage 5
Un ticket de métro, tu peux te retrouver à la frontière.
(Nordine)
plage 6
Il faut traverser des montagnes, des océans pour avoir un visa.
(Gustave)
plage 7
Nous ne sommes pas les débiteurs de nos gouvernements.
(Myriam)
Chroniques du foyer-monde
Franchir les frontières géographiques
Les barrières de l’administration.
L’enquête sonore :
Ce travail est issu de l’atelier mené au Centre d’hébergement d’urgence de la rue des Pyrénées avec : Abderahman, Abdulaye, Ali, Aïssa, Bayo, Coco, Ghalia, Gregoria, Gustave, Haby, Hafida, Hassene, Ibrahima, Karim, Kustal, Linda, Myriam, Mamadou, Mohamed, Nacer, Nordine, Redouane, Seynabou, Sem, Suzanne, Yamina.
Le collectif Précipité a pour objectif de concevoir et réaliser des objets documentaires. Sa recherche est axée sur la rencontre de l’écriture documentaire et de processus collectifs de parole et de réflexion.
Contact : collectifprecipite no-log.org
Pour se procurer les 3 livres et CD ou pour toute info supplémentaire.
Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :
Permanence CAP d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, lundi de 15h à 17h30. Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org
Permanences précarité, lundi de 15h à 17h30. Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite cip-idf.org
À la CIP, Café de la Commune Libre d’Aligre, 3 rue d’Aligre, m° Ledru-Rollin
Tel 01 40 34 59 74