mardi 19 février 2013
Dernière modification : mardi 5 mars 2013
Poste « d’agent de sécurité incendie pour intervenir sur des départs de feu, prévenir les risques d’embrasement »... proposait l’une de ces annonces, peu après l’immolation par le feu du chômeur privé d’allocation Dajmal Chaar devant un Pôle emploi de Nantes [1].
« Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux », disait l’autre. La puissance de révélation de tout détournement réussi tient à ce qu’il renverse ce renversement en faisant d’une (autre) falsification un puissant vecteur du vrai.
La publication de 12 fausses annonces d’emploi serait l’oeuvre d’un agent de Pôle. Ces annonces mettent en lumière l’abjection du marché du travail et de ses institutions. Elles démontrent qu’un écart à la norme reste possible, jouable. Elles confirment que des « agents », comme les chômeurs et précaires et comme quiconque, peuvent se libérer de la sujétion qu’implique leur rôle. Celui qui a publié ces offres risque la mise à pied. Il a été « placé en arrêt maladie ». Par son acte, ce salarié a mis en cause une organisation sociale qui nous sépare et nous contraint à la concurrence de chacun contre tous [2]. Avec ce geste de reprise orientée de « l’outil de travail », c’est notre séparation de part et d’autre du guichet [3] qui a été ponctuellement abolie.
Encore !
« Magicien/magicienne capable de créer une offre d’emploi, de transformer une branche de bouleau en boulot dans diverses branches, de faire apparaître le décalage entre la réalité de l’offre et de la demande d’emploi comme une illusion », « débutant accepté, savoir avaler des couleuvres est 1 +, cachet de 1 à 100 000 euros ». « Cherche consultant en intelligence économique capable de résoudre la proposition suivante : il n’y a pas de solution, mais que des problèmes. »
Certains demandeurs d’emploi ont pu tomber sur quelques perles, vendredi 15 février et ce week-end : un conseiller du Pôle emploi d’Aubigny-sur-Nère, dans le Cher, a posté sur le très officiel site une douzaine d’étonnantes petites annonces, signale la radio RTL. Au-delà de ces plaisanteries, qui moquent les aberrations de certaines offres d’emploi, d’autres s’en prennent à l’agence elle-même, et au travail de ses conseillers. Il en est ainsi de celle-ci, qui cherche des « psychiatre, psychanalyste, magnétiseur... pour plusieurs postes à pourvoir au sein de Pôle emploi, pour traiter ses agents. Pathologies lourdes. Les candidatures de charlatans et de plaisantins ne seront pas étudiées. Type et nature du contrat : CDD de deux mois. » Ou de celle-ci :
Enfin, l’une vire à l’humour noir, proposant un poste « d’agent de sécurité incendie pour intervenir sur des départs de feu, prévenir les risques d’embrasement » quand, le 13 février, un chômeur en fin de droits s’est immolé par le feu devant l’agence de Nantes, et en est mort. L’agence lui avait, la veille, expliqué qu’il n’avait pas acquis suffisamment de droits à l’indemnisation, alors qu’il estimait avoir travaillé assez d’heures.
RTL rapporte que le conseiller, apprécié dans son agence, a passé la journée de lundi dans le bureau du directeur, et saura ce mardi s’il est sanctionné. Sur LeFigaro.fr, une porte-parole explique que « ’tous les conseillers sont habilités à publier les offres d’emploi reçues. Tous les conseillers valident leur contenu’ sans autre vérification ». Selon elle, il s’agit de l’unique abus sur les trois millions d’offres collectées chaque année par les 50 000 conseillers du Pôle emploi.
Source : Bigbrowser
[2] A la suite de la télé-réalité, Police emploi nomme désormais les chômeurs « candidats », histoire de mieux édicter ce que sont les comportements attendus : que le meilleur gagne, à chacun d’éliminer les autres, etc. voir : Outragé, Pôle emploi mord la poussière
Pôle emploi : déjouer les convocs pour « entretien téléphonique », les radiations, le suivi...