jeudi 1er mai 2014
Dernière modification : jeudi 1er mai 2014
La puissance du nuisible
Ce mercredi 30 avril 2014, il fait bon se rassembler sur la place de la Libération à Dijon, en face de la Mairie, qui était administrée par Monsieur Rebsamen jusqu’à ce qu’il occupe le poste de Ministre du Travail. Il y a des banderoles et des pancartes tenues par des femmes, des hommes et des enfants. Il y a écrit : « NON aux accords du 22 mars », « Touche pas à mon clown », « CIP Franche Comté », « La démocratie dans ton cul », « Culture en danger », « Luttons ensemble », et d’autres messages comme ça.
Frank Halimi dit Franck de Bourgogne, metteur en scène dijonnais, membre de la Coordination des Intermittents et Précaires de Bourgogne, qui est en grève de la faim depuis 52 jours contre l’agrément de l’accord Unedic du 22 mars, est sur un podium. Ayant appelé à cette mobilisation sur le parvis, il s’adresse à une assemblée de 200 personnes, parmi lesquelles, des membres de collectifs venus d’autres régions de France. Il explique pourquoi le régime chômage imposé depuis des années est intolérable, pourquoi la défense de droits sociaux mutualistes est fondamentale. Il parle de la Coordination Nationale du 26 et 27 avril réunie à Saint-Denis, de ce qui en est sortie, au-delà de l’énergie et de la motivation, il résume tout ce qu’elle a produit (le communiqué national est distribué). Il a par ailleurs une grande nouvelle à annoncer. Il affirme que François Rebsamen vient de faire savoir dans un communiqué qu’il ne signerait pas l’agrément de l’accord UNEDIC. Il fait alors lecture de l’annonce officielle qui vient de tomber, puis passe le micro aux différents membres des collectifs régionaux présents (PACA, Franche Comté, Rhône Alpes, Ile de France...) qui font chacun leur tour, connaître les réactions qui ont immédiatement suivies l’annonce du Ministre du Travail ; celles d’Aurélie Filippetti, du MEDEF, de la CFDT, de FO, de l’UIMM, d’Anne Hidalgo et de la CIP-IDF.
Tandis que sur l’estrade, Franck Halimi se fait raser les cheveux par une amie et collègue, pour dénoncer le désœuvrement et dépouillement en marche, soulagement, joie, rires, éclatent à chaque lecture des communiqués. Après quoi, Frank reprend la parole pour faire savoir que ces annonces ne sont malheureusement que pures fictions. Il dit que ce rêve partagé déclamé est l’occasion pour lui de rompre sa grève de la faim. Qu’il est toujours, et plus que jamais, déterminé à lutter pour en finir avec toutes les injustices. Qu’il espère que la mobilisation va s’amplifier, que les contestations, les actions vont se multiplier sous toutes les formes. Sur ce, il se déshabille, pour dénoncer la précarisation de tous,
et c’est debout, que Franck boit un bouillon chaud, dans le silence des grandes et graves émotions.
En faim, il dit : « Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous »