dimanche 16 novembre 2003
Dernière modification : mardi 2 novembre 2004
Ce décret est une décision arbitraire, où la signature du Premier Ministre (après avis du Conseil d’Etat) suffit à son adoption. Ce décret, c’est quatre petites lignes qui bouleversent notre statut de photo-journaliste. C’est la brèche, qui touche d’abord les photographes, pour mieux mettre en cause, par la suite le statut d’auteur salarié de TOUS les journalistes. Il a été rédigé en secret, sans aucune concertation sociale (ni syndicat, ni association professionnelle).
Ainsi, un reporter qui travaille sur un sujet pendant plusieurs mois ne sera plus rémunéré en salaire mais en AGESSA !
Ainsi, un sujet réalisé à la demande d’un journal ou d’une agence de presse, mais qui reste bloqué pendant une année, pour diverses raisons (on a tous vécu cela) ne sera plus rémunéré en salaire mais AGESSA !
Ainsi, un reporter qui a réalisé une photo ou un reportage récemment sera susceptible de subir la pression d’un éditeur « malhonnête » pour dire qu’il l’a réalisé un an auparavant. Il ne sera alors plus rémunéré en salaire mais en AGESSA !
Pourquoi l’AGESSA et non plus le salaire ? Parce que les charges sociales de l’éditeur-diffuseur-employeur sont de 1 % ! Contre environ 40 % pour le salaire...
Cet écart de montant correspond à ce que nous perdons :
Une protection sociale correcte.
L’accident du travail.
Une retraite correcte (et automatique).
Nos droits (quant bien même difficile à obtenir pour les pigistes) concernant les congés maternités, les congés parentaux, la formation professionnelle, le chômage, l’arrêt maladie, l’invalidité.
La garantie d’un paiement dans un délais raisonnable.Ainsi que sa garantie par le fond de soutien aux salaires en cas de faillite de l’éditeur
L’impossibilité d’inclure ces rémunérations pour la Carte de Presse.
C’est cela la désocialisation de la profession !
De plus, ce décret déroge aux dispositions du code du travail qui reconnaît le lien de subordination des journalistes,
Et tous ceci sans la moindre contre partie bien sûr ! ! !
Cela vous paraît délirant ? Mais c’est délirant ! Et dramatique ! Si le décret est adopté le 2 décembre, et bien le 3 au matin, nous ne pourrons plus rien faire...
La coordination de la Création Salariée (c’est-à-dire : Les organisations syndicales de journalistes, les sociétés d’auteurs et les associations de reporters-photographes), tenues à l’écart, ont exigé d’être reçues le mardi 28 octobre à la Direction du développement des médias. La DDM, qui dépend du Premier Ministre et du ministère de la Culture, est l’auteur de ce projet. Ensemble, nous y avons exprimé notre opposition à ce décret et dénoncé la manœuvre scandaleuse visant à faire passer un texte aussi important dans une quasi-clandestinité.
Notre objectif est de faire retirer ce décret et d’engager l’ouverture de négociations officielles avec l’ensemble des partenaires sociaux, sous l’égide du ministère des Affaires Sociales.
Aujourd’hui, ce décret s’attaque aux photo-journalistes ; demain, si la tentative réussit, les mêmes patrons exigeront, sans aucun doute, le même régime pour l’ensemble des journalistes.
Il est aujourd’hui impératif de prendre conscience de l’ampleur de l’agression et des dangers que cela implique. Alertez vos collègues, rédacteurs, dessinateurs et photographes travaillant avec la presse. Alertez les journalistes que nous sommes.
Faites passer l’info.
Le 19 novembre, à 10 heures, les organisations syndicales de journalistes, les sociétés d’auteurs et les associations de photographes, manifesteront devant le Palais de l’Elysée, à la sortie du conseil des ministres.
Venez avec nous, défendre notre profession.
Et faites passer l’info !
L’Anjrpc-FreeLens.
PS : Lorsque l’on mène une négociation, dans un contexte aussi dur :
C’est bien que tous les syndicats de journalistes soient à nos côtés !
C’est mieux d’avoir une pétition signée par plusieurs centaines de journalistes (www.créationsalariée.org).
C’est encore mieux d’avoir une mobilisation forte de la profession.
Alors si ce matin-là vous travaillez, changez le Rendez-Vous, pour pouvoir encore travailler à l’avenir !