« Si nos vies ne valent rien, produisez donc sans nous ! » Appel à une grève mondiale des femmes le 8 mars 2017

lundi 27 février 2017
Dernière modification : lundi 27 février 2017

Suite aux grèves de femmes de l’année dernière et à l’énorme mobilisation féminine le jour de l’intronisation de Donald Trump [1], des assemblées se sont constituées dans de nombreux pays pour convertir la célébration du 8 mars [2] cette année en immense grève des femmes [3]. Nous invitons tou-te-s celles et ceux qui organisent des actions pour ce jour-là à faire circuler cet appel, afin de permettre une plus grande visibilité du caractère transnational de ce mouvement.

De la Pologne à l’Argentine, de la Turquie à l’Italie, un mouvement mondial de femmes est en marche. Dans plus de 20 pays, des femmes descendront dans la rue ce 8 mars et se mettront en grève pour bloquer les activités productives et reproductives pendant une journée [4]. S’inspirant des grèves de femmes en Argentine et en Pologne, de l’immense manifestation italienne contre les violences faites aux femmes et de la marche mondiale des femmes qui a envahi des centaines de villes en commençant par Washington et Londres en janvier dernier, le 8 mars prochain sera l’occasion d’un nouveau soulèvement. Tout-e-s celles et ceux qui luttent contre le patriarcat néolibéral s’uniront pour combattre les violences machistes, dénoncer les limites imposées à notre droit à contrôler notre reproduction, et s’élever contre les obstacles symboliques et matériels qui entravent la liberté des femmes.

La grève se déroulera au sein des foyers [5], où les femmes prennent soin des personnes âgées et des enfants ; dans les usines, où les femmes produisent des biens à destination du marché mondial ; dans les écoles, les hôpitaux, les services publics et les entreprises privées, où les femmes participent à la perpétuation de cette société tout en étant moins payées que les hommes – parfois même pas payées du tout – et en travaillant dans des conditions souvent extrêmement précaires ; dans les universités et les écoles, où règnent la discrimination sexuelle et les assignations de genre tandis que s’accroissent l’appauvrissement et la privatisation des savoirs.

Le 8 mars sera aussi un jour de lutte pour les femmes migrantes qui refusent quotidiennement l’exploitation dont elles sont victimes en franchissant les frontières mais qui restent les premières à assumer la charge des soins à la personne dans des pays d’« accueil » maniant l’attribution d’un permis de séjour comme un outil de chantage. Ce sera enfin un jour où pourront se manifester toutes les personnes LGBTQIA qui remettent en cause les rôles genrés imposés par la société, ainsi que tous les hommes prêts à combattre cet ordre social qui subordonne, viole et tue les femmes tout en favorisant l’exploitation en général.

Cette année, le 8 mars ne sera pas un rituel. Cette année, il peut et doit être l’occasion de montrer la puissance de la grève quand celle-ci sort des seuls lieux de travail pour gagner l’ensemble de la société, quand elle pénètre l’espace domestique, quand elle devient refus global des femmes contre les attaques du néolibéralisme au niveau mondial. Ce 8 mars, même celles et ceux qui ne peuvent légalement faire grève auront l’opportunité de montrer leur refus de l’oppression et de la précarité. Contre toutes les tentatives en cours pour affaiblir le droit de grève, soit par le biais de nouvelles législations, soit par le chantage au licenciement, les femmes et les hommes reprennent en main cet outil et s’en servent comme d’une arme dans tous les lieux où s’exercent l’oppression et l’exploitation.

Un mouvement de grève générale est en train de traverser irrésistiblement les frontières séparant les lieux de travail et le reste de la société, la production et la reproduction, les pays et les régions : les récentes grèves de femmes nous fournissent l’exemple le plus inspirant qui soit de ce qu’une grève transnationale peut devenir. Le 8 mars, nous ferons partie d’un soulèvement mondial destiné à renverser les relations de pouvoir entre sexes, relations qui affectent directement les femmes mais imposent une culture de la domination à la société toute entière. Ce 8 mars, la grève des femmes permettra de dépasser l’isolement de millions de femmes luttant quotidiennement contre l’oppression et réunira toutes nos voix en un seul cri : « Si nos vies ne valent rien, produisez donc sans nous ! »

Notes :

[5Depuis 68, diverses critiques en actes de la vie quotidienne ont émergé. Dans cette optique, « le personnel est politique » et le foyer est l’un des lieux du « processus de libération ». Voir par exemple, Le foyer de l’insurrection, Textes pour le salaire sur le travail ménager(1975)(extraits).

From the workshop held during the TSS London Assembly on last 11th February : Towards the Global Women Strike // March 8th

La Grève mondiale des femmes a vu le jour en 1999 quand des femmes d’Irlande décidèrent d’accueillir le nouveau millénaire avec une grève nationale générale. Elles demandèrent à la Campagne internationale pour un salaire au travail ménager, de soutenir leur appel à la grève. Les femmes du monde entier sont appelées à faire de cette grève un mouvement global depuis le 8 mars 2000.

Adresse originale de l'article : http://www.cip-idf.org/spip.php?article8489